vendredi 20 novembre 2009

WEI WU WEI


Terence Grey alias Wei Wu Wei avec Douglas Harding et Robert Linssen

La joie de vivre


Le simple fait d’éviter les intentions délibérées peut nous conduire à l’illumination. SHEN HUI


De la part d’une marionnette « vécue », la tentative de diriger sa propre vie est essentiellement identique à celle d’une marionnette « rêvée » essayant de diriger son rêve. Ces sortes de tentatives sont d’ailleurs la seule réalité qui nous soit donnée de connaître.

Mais personne ne peut « vivre » et il n’y a rien non plus qui puisse « être vécu » par une entité d’aucune sorte. Dans les deux cas, il s’agit de marionnettes réagissant à des impulsions engendrées par des conditions psychologiques sur lesquelles elles n’ont pas la moindre prise. Elles ne sont ni objectivement sensibles, ni des entités, puisque l’apparente « sensibilité » des deux n’est pas autre chose qu’un reflet du mental ; et ceci est tout ce qu’elles sont.


La notion d’un moi nourrissant des intentions est, en soi, un simple reflet. Son implication comme origine des prétendus actes de volonté est une fantaisie, fantaisie qui donne lieu à la souffrance. Ainsi, en l’absence de la fantaisie de cette rêverie, nous avons la félicité du sommeil profond, et en l’absence de la fantaisie de vivre, nous avons la béatitude du « nirvana » ou de la vie éveillée.


La volition est la cause temporelle du conflit psychologique, tandis que l’intention délibérée est la cause temporelle du conflit physique. Dans l’intemporalité il n’y a pas d’intention et sans intention, il n’y a pas de contrepartie à la béatitude, un terme qui, soit dit en passant, constitue une indication conventionnelle pour se référer à l’état d’être inconditionné et dépourvu de tout élément objectif.


La volition, par conséquent, est la chaîne psychologique qui confine l’individu phénoménal à son apparent esclavage, puisqu’elle est le pseudo-sujet essayant d’agir indépendamment de la force des circonstances, prétention dont l’absurdité est plus que manifeste.

Les enseignements des maîtres de toutes les écoles de libération – non seulement bouddhistes, mais aussi vedantines, taoïstes et même sémitiques – affirment d’une manière ou d’une autre le « que Ta volonté soit faite », c’est-à-dire la tentative de libérer le pseudo-individu des chaînes de la volition au moyen de la connaissance, de la pratique et de la stratégie, car lorsque l’on abandonne la volition, l’esclavage disparaît.


Les doctrines les plus pures – comme celles de Ramana Maharshi, Padma Sambhava, Huang Po et Shen Hui – nous enseignent qu’il suffit de l’analyse pour comprendre que n’existe aucune entité capable de volition effective et qu’un acte apparent de volition, lorsqu’il est en accord avec l’inévitable, ne peut être qu’un geste vain, et lorsqu’il est en désaccord, ne peut être que la simple révolte d’un oiseau contre les barreaux de sa cage. Cette compréhension nous permet, pour le moins, de demeurer joyeusement en paix.

Lorsque nous étions enfants, nous pouvions aller à la fête foraine et faire semblant de conduire les voitures d’un manège comme si nous participions à une course automobile. La voiture avait un volant semblant réagir à nos mouvements mais en réalité, le véhicule était guidé automatiquement par en dessous. Comme nous tournions instinctivement le volant dans la direction où allait la voiture, il ne nous était pas difficile de croire que nous la contrôlions et il était même encore plus difficile, par crainte d’un désastre, d’arrêter d’essayer de diriger le véhicule pour le laisser se mouvoir de lui-même. Notre façon volitive de vivre est exactement comme cela.


La vie non-volitive est une vie pleine de joie.


Etre « vécu » comme une non-entité constitue une vie subjective où n’entre pas la souffrance, où il n’y a lieu à aucune préoccupation et où tout est ce-qui-est et doit être. Car cette « intention » est responsable de la conception dualiste et de la comparaison qui s’en suit entre les opposés interdépendants, l’un étant « positif » et l’autre « négatif ».

Ceci est, en définitive, la vie nouménale que nous pourrions aussi appeler « réintégration ».


La Doctrine est la doctrine de la non-doctrine, La Pratique est la pratique de la non-pratique, La Méthode est la méditation de la non-méditation Et la Culture est culture de la non-culture.

Tel est l’Esprit du non-esprit, qui est wu shin, La Pensée de la non-pensée, qui est wu nien, L’Action de la non-action, qui est wu wei Et la Présence de l’absence de volition qui est le Tao.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

source ? traducteur ?

Jean-Marc a dit…

C'est demandé si gentiment..
En haut à droite

Anonyme a dit…

"Cette compréhension (qu'il n'y a pas d'entité) nous permet, pour le moins, de demeurer joyeusement en paix."
Qui est donc ce "nous" qui demeurerait joyeux ? Quel besoin quelque chose qui n'existe pas pourrait-il avoir d'être joyeux ?? Et comment cela pourrait-il s'assomplir ???
Ces propos tournent en rond ! Qui donc a fait de ce Monsieur Terence Grey une autorité en la matière ? Je plains tous ceux qui vont ajuster leur vie à de tels propos ! Qui aura le courage de balancer toutes ces âneries et de SE vivre lui-même sans écouter les uns et les autres, qui d'ailleurs se contredisent tous !