N° 108 - Eté 2013
Thème : Spiritualité de l'Art
Sommaire
3e millénaire : Un fil d'Ariane au coeur de l'Art
Monique Virelaude : Y a-t-il un sens profond à l'art ?
Betty : L'art dans la vie du chercheur
René Barbier : Il n'y a plus d'eau dans la mer
Serge Carfantan : Sur la contemplation esthétique
Gabriel Wolfer : Jean-Sébastien Bach , un voyage vers la musique “objective”
Edouard Salim Michael : La relation entre la grande musique et une quête spirtuelle
3e millénaire : L'Art peut-il être objectif ?
Père Lazaré : La fragmentation du Beau
Michael Radulescu : La passion dans la musique vécue
Frère Jean : L'ouverture au Sacré
Frère Jean : L'art de la photographie
Catherine Cairn : L'art de l'incarnation
Pascale et Udo Zembok : Epiphanie de la lumière
David Ciussi : L'oeuvre naît-elle de l'artiste ou l'artiste fait-il partie de l'oeuvre ?
Témoin d'éveil :
Olivier Seyden : Le Yoga, mon amour
Documents :
Hegel : L’Art : une quête de soi
Plotin : A la recherche du Beau
Schiller : Education esthétique et mutation
Pierre-Antoine Dujardin : Encore un effort ! Pour une révolution intérieure perpétuelle
Littérature et Spiritualité :
Roger Godel : L’homme et son génie : Arthur Rimbaud
Poésie :
Brigitte Maillard : La simple évidence de la beauté
Monique Virelaude : Y a-t-il un sens profond à l'art ?
Betty : L'art dans la vie du chercheur
René Barbier : Il n'y a plus d'eau dans la mer
Serge Carfantan : Sur la contemplation esthétique
Gabriel Wolfer : Jean-Sébastien Bach , un voyage vers la musique “objective”
Edouard Salim Michael : La relation entre la grande musique et une quête spirtuelle
3e millénaire : L'Art peut-il être objectif ?
Père Lazaré : La fragmentation du Beau
Michael Radulescu : La passion dans la musique vécue
Frère Jean : L'ouverture au Sacré
Frère Jean : L'art de la photographie
Catherine Cairn : L'art de l'incarnation
Pascale et Udo Zembok : Epiphanie de la lumière
David Ciussi : L'oeuvre naît-elle de l'artiste ou l'artiste fait-il partie de l'oeuvre ?
Témoin d'éveil :
Olivier Seyden : Le Yoga, mon amour
Documents :
Hegel : L’Art : une quête de soi
Plotin : A la recherche du Beau
Schiller : Education esthétique et mutation
Pierre-Antoine Dujardin : Encore un effort ! Pour une révolution intérieure perpétuelle
Littérature et Spiritualité :
Roger Godel : L’homme et son génie : Arthur Rimbaud
Poésie :
Brigitte Maillard : La simple évidence de la beauté
L'art et l'enseignement
Une
société dépend fondamentalement de ses enfants. La façon dont ceux-ci
sont éduqués – ou pas ! – oriente radicalement cette société ou cette
civilisation dans une direction irréversible. La crise sociale est donc
aussi une crise de l'enseignement ; d'un enseignement qui s'est éloigné
des arts, et surtout de leurs “pratiques”. Ce que constate René Barbier :
« J'ai toujours été étonné de voir à quel point l'art est la portion
congrue dans l'enseignement. Pour moi, c'est quelque chose d'essentiel
». L'art nous pose les plus grandes questions et en particulier celle de
ce qu'est apprendre. Apprendre à voir, à entendre, et bien évidemment :
à faire. Car l'art ne naît pas seulement du savoir faire de l'artisan,
il naît aussi et essentiellement du savoir être du créateur. Apprendre
est du domaine de l'art par excellence ! « L'art de voir, nous dit
Betty, c'est maintenir son attention dans l'instant, en remettant
constamment les compteurs à zéro. Cette attention libère toute l'énergie
à rêver et la rend disponible pour voir. » Apprendre à constater la
dissipation de notre énergie en rêveries ineptes, négativité, etc., est
une vraie démarche éducative qui, pour les enfants, devrait être
associée aux pratiques artistiques. L'éducation esthétique, telle que la
souhaitait Schiller il y a plus de deux cents ans (voir notre
document), demeure ainsi tout à fait d'actualité !
Pour une psychologie transpersonnelle de l'art
L'art
conduit l'humanité autant à ses limites par l'exigence des pratiques
artistiques qu'au-delà par l'inspiration créatrice et la contemplation
esthétique qui en sont l'ultime finalité. Une psychologie
transpersonnelle est indispensable dans ce domaine où l'humain atteint
des états modifiés de conscience. C'est ainsi que Edouard Salim Michael
voit dans « tous les grands compositeurs... des êtres extrêmes ». Roger
Godel, amateur éclairé, nous montre à travers des œuvres d'artistes, tel
Arthur Rimbaud (dans ce numéro), la lutte intérieure qui peut se
dérouler entre une personne et « son génie ». Il manque à l'esthétique
et à l'histoire de l'art en général une psychologie transpersonnelle.
L'art atteint le transpersonnel dès qu'il révèle le beau ou le sublime.
Pour la sculptrice Catherine Cairn, avec la beauté, nous sortons même «
de l'esthétique pour aller vers la transcendance ». Cette perspective
implique autant une connaissance de nous-même qu'un développement
intérieur afin de réaliser ce qu'indique Monique Virelaude : « Créer ou
contempler une œuvre d'art ne se manifeste que si nos organes des sens
sont traversés par cette énergie demeurée vierge... » C'est aussi ce que
vivent les compositeurs qui, comme Michael Radulescu, nous disent que «
la musique vient du silence ».
L'art et l'homme, cet inconnaissable
L'art,
c'est l'homme. Nous ignorons totalement l'origine de l'art tant que
nous ne nous sommes pas orientés vers notre propre essence. Cette
orientation primordiale ne nous ramène pas à un savoir sur nous-mêmes,
mais à un mystère entier. Méconnaître ce seuil du transpersonnel, c'est
limiter l'homme au niveau psychologique du « vieil homme » comme le
souligne le Père Lazaré. Les maîtres de leur art, tel Jean-Sébastien
Bach, ont conduit celui-ci au-delà des frontières de leur époque, vers,
ce que relève Gabriel Wolfer, un « universel qui dépasse strictement la
musique pour exprimer tout autre chose ». La « conscience a évolué »,
nous fait remarquer Pascale Zembok, « à la Renaissance, les tableaux de
Raphaël parlaient par de puissants symboles qui mettaient la conscience
en mouvement. Aujourd'hui, il y a d'autres façons de mettre l'âme
humaine en mouvement. » Ces « autres façons » artistiques conduisent
l'homme en devenir vers des potentialités encore inconnaissables.
En pratique... Contempler
L'art
contemporain doit être adapté à l'homme contemporain. En cela, il faut
que le « travail ne s'ancre pas dans la représentation et le symbolique,
mais dans l'expérience...» précise Udo Zembok. Ce n'est ni par de
grands principes ni par l'effet du hasard qu'un chef-d'œuvre prend
naissance, mais par l'expérience ; dans l'ici et maintenant, nous dit le
compositeur Michael Radulescu pour qui « la musique est un temps vécu »
qu'aucune technique d'enregistrement ne peut pleinement restituer.
Cette approche contemporaine demande un savoir contempler qui « n'est
pas percevoir au sens ordinaire du terme » explique Serge Carfantan,
parce que « la perception est toute orientée par la traction
intentionnelle de la pensée ... qui a invariablement pour effet
d'anesthésier l'expérience sensible ». L'exigence et l'évidence de cette
voie conduisent « l'artiste par sa curiosité, sa sensibilité, à
percevoir le mystère de l'ordre caché qui sous-tend l'apparence de la
création », nous dit David Ciussi. Cette perception suprasensible est
d'un autre ordre, parce que ce n'est plus la perception qui étiquette
subjectivement les êtres et les choses par des mots et des concepts
réducteurs.
Le beau et le sublime
Associer
le beau à l'harmonie – soit aux justes proportions – remonte à
l'Antiquité grecque. Dès le IIIe siècle, Plotin distingue le beau des
proportions harmonieuses (voir notre document), mais bien plus tard,
Emmanuel Kant, dans sa Critique de la faculté de juger, distingue
nettement, sans suprématie de l'un sur l'autre, le beau du sublime. Pour
résumer : alors que le beau relève traditionnellement d'une esthétique
de la mesure, le sublime relève d'une esthétique de la démesure. Sans
établir cette distinction, souvent artificieuse, Catherine Cairn nous
dit que « La beauté authentique est une force ». La distinction du beau
et du sublime n'est pas forcément judicieuse, car comme le souligne
Betty : « Comparer la beauté, c'est emprisonner le frémissement de la
vie et le réduire à une image morte ». Ici, la beauté peut être sublime !
Ce que Frère Jean nous fait remarquer lorsqu'il nous dit : « Ce qu'est
l'œuvre, l'artiste ne le sait pas avant d'être surpris par elle ». Nous
ne savons pas ce qu'est le beau, parce que le beau n'est pas “quelque
chose”, n'est pas un objet ou un état particulier et n'a pas de règles
ou de lois définissables. En revanche, nous percevons étrangement ce qui
n'est pas beau ou ce qui est médiocre... Il y a des chefs-d'œuvre qui
sont des manifestations du beau ou du sublime. Ces œuvres renvoient
celui qui les contemple à lui-même ; elles nous ramènent, lorsque nous
savons les contempler, à l'Être ; car l'œuvre d'art, nous dit Hegel, est
une incarnation libre de l'Esprit (voir notre document).
Site : 3ème Millénaire
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire