lundi 10 mars 2014

Tony Parson



"Le sentiment d'un manque"







Tony Parsons vit en Angleterre et anime des séminaires dans le monde entier sur les thèmes de laConnaissance de soi et de la non-dualité.

Un jour, je traversais à pied un parc d’un faubourg de Londres. Je notais alors que j’avais l’esprit entièrement occupé par des projections à propos d’événements futurs pouvant ou non se produire. L’idée me vint de laisser tomber toutes ces projections et d’être simplement à ma marche. Je remarquais combien chaque pas était totalement unique par sa sensation et sa pression et comment, à peine en prenais-je conscience, il disparaissait l’instant d’après pour ne jamais se répéter de la même manière.
Tandis que mon esprit était occupé à ces réflexions, il y eut une soudaine translation – de moi en train d’observer ma marche, à la seule présence de la marche. Ce qui arriva ensuite est simplement au-delà de toute description. Je ne peux que dire, de manière inadéquate en mots, qu’une incommensurable présence tranquille sembla descendre et envelopper toute chose. Tout et chaque chose devint intemporel et je cessai d’exister. Je disparus et il n’y eut plus personne pour faire l’expérience de quoi que ce soit.
L’identité avec l’unicité de toute chose est ce qui se produisit. Je ne peux pas dire que j’étais “un avec” ceci ou cela, car j’avais disparu. Je peux seulement dire qu’une identité absolue avec l’unicité en tout et en chaque chose s’était produite et qu’un amour débordant emplissait tout. Avec cela survint une pleine compréhension de la totalité. Tout cela c’était passé hors du temps en un éclair qui parut éternel.
Il s’en suivit directement une révélation contenue dans cet événement si magnifique et révolutionnaire dans sa nature, que je dus m’asseoir sur l’herbe pour en assimiler les conséquences. Ce que je vis était simple et évident d’une certaine manière, mais complètement intraduisible d’une autre. C’était comme s’il m’avait été donné une réponse qui n’avait pas de question. Il m’avait été montré un secret qui est un secret évident, ouvert ; et que tout et chaque chose, connue et inconnue, contient et reflète ce secret ouvert. La nature, les gens, la naissance et la mort, nos combats, nos peurs et nos désirs sont tous contenus en lui et reflètent un amour inconditionnel.
[…]
Pourquoi moi et pourquoi maintenant ? Comment pouvais-je avoir mérité de recevoir un tel cadeau sans rien à donner en retour ? Je n’étais certainement pas pur dans le sens biblique, ou selon tout autre critère reconnu… enfin c’est ce que me suggérait mon esprit. Je n’avais pas vécu une vie disciplinée de méditation ou d’engagement spirituel quel qu’il soit. Cette illumination s’était produite sans aucun effort de ma part ! Il m’était simplement venu l’idée d’observer ma marche, ce qui s’était produit d’une manière facile et naturelle ; et c’est alors que ce trésor avait émergé.
J’en vins aussi à reconnaître que ce don apparent avait toujours été disponible et qu’il le serait toujours. C’était la plus merveilleuse réalisation de toutes ! Qu’absolument indépendamment de l’endroit, du moment ou de l’humeur dans laquelle je pouvais me trouver, cette présence était prête à émerger et à m’embrasser. Ce trésor était à redécouvrir, mais certes pas par des pratiques et rites spirituels ardus et en apparence de grande portée. Pas du tout. Ce merveilleux trésor embrassant et recouvrant tout s’offrait dans l’essence d’un pas, dans le bruit d’un tracteur, dans mon sentiment d’ennui, dans la présence d’un chat assis, dans les sentiments de douleur et de rejet, en haut d’une montagne, ou au milieu de Balham High Street. Où que ce soit, je suis totalement environné et immergé dans la tranquillité, l’amour inconditionnel et l’unicité.

Tony Parsons, Ce qui est, Accarias L’Originel, 2002.


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