samedi 29 mars 2014

Invitation à l'impensable



Dans un langage clair et à la portée de tous, les pages qui suivent nous transmettent un enseignement de non-dualité moderne et épuré. L’auteur ne s’en cache pas, il n’a aucune affinité particulière pour le vernis traditionnel hindouiste. Sa dialectique est résolument contemporaine et pragmatique. Dans la prolongation de la vision proposée par son maître Ramesh Balsekar, il part de notre expérience concrète pour pour explorer par étapes les mécanismes de la psyché humaine et nous accompagner dans un questionnement fondamental de la nature de l’être.
Les questions que ce texte nous amène à nous poser sont plus riches d’ouvertures que de réponses… Elles dévoilent la somme des a priori et des confusions qui polluent et restreignent l’élan vers l’élargissement qui nous habite. Les chapitres courts, émaillés d’anecdotes et de métaphores, illustrés par des schémas graphiques clairs, sont rythmés par les préoccupations et les interrogations qui jalonnent l’aventure spirituelle depuis la nuit des temps. Faisant fi des pesanteurs de la solidité et du sérieux, la mise en évidence iconoclaste de bien des extravagances du « cheminement spirituel » moderne libère au fil de ces pages une joie et une légèreté jubilatoires et salvatrices.
— Philippe de Henning (Pigalle, janvier 2009)
Editions Aluna : http://www.alunaeditions.com

mardi 11 mars 2014

Betty



ON NE RÊVE QUE DE SOI

Mais qui est le soi?
Existe-t-il réellement?
Comment le voir sans le laisser vous rembobiner dans le rêve à nouveau?

Le soi dont on parle ici est le rêveur, le personnage que lʼon croit être. Ce personnage vous semble être un individu réel qui évalue, veut se perfectionner, sʼaméliorer et même sʼilluminer. Il est celui que vous appelez : moi. Il veut se réaliser dans le futur, car il croit au temps dʼapprentissage par lʼaccumulation de connaissances. Il vit dans le temps. Mais quʼest ce que le temps ? Le temps est le mouvement imaginaire de ce personnage. Ce personnage est une erreur de perception, un personnage fictif, un amalgame de souvenirs, de théories et dʼhabitudes. Regardez honnêtement ce qui définit votre je, sur quoi repose votre identité. La personne que vous avez cru être dans le passé, que vous croyez être maintenant et que vous prévoyez devenir dans le futur nʼest jamais stable, jamais identifiable. Quand vous proclamez : Moi, je sais que…

De qui parlez vous? A partir de quel point de vue ?


Le lâcher prise

Le lâcher prise est la reconnaissance, lʼévidence que la vie nʼa pas besoin du rêveur pour être, pour sʼexprimer au travers du corps. Lâcher prise partiellement est vouloir garder vivant ce personnage. Si ce lâcher prise est partiel, il est conditionnel et relève dʼune décision mentale qui garde le contrôle.
Sʼinterroger sur la validité de soi est la seule vraie remise en question, la seule véritable interrogation et elle créera un doute fondamental au cœur même de ce personnage fictif. Se pourrait-il que je nʼexiste pas et que le «je » ne sois quʼune illusion ? Quʼil nʼy ait pas dʼêtre lumineux à lʼintérieur de vous qui attend juste dʼêtre éveillé ?
Se pourrait-il que je sois seulement lʼidée que je me suis faite de moi même? Lʼhonnêteté vis à vis de cette question va déterminer votre disponibilité véritable à voir la Réalité une fois pour toute, va créer une ouverture qui donnera le recul nécessaire pour voir ce personnage en action. Cet ultime lâcher prise vous laissera seul, positionné sur le seuil de la grande machine à rêver, libre pour Voir qui est ce personnage que vous imaginez être.
Ce lâcher prise déstabilisera lʼégo, lʼindividu, le rêveur, le chercheur qui croit contrôler sa vie et celle des autres. Désirez-vous encore travailler à améliorer ce personnage fictif ? A le sauver ? A lui donner de la force, du courage ? A le consoler de ses peines imaginaires ? A lʼamener sur un chemin imaginaire vers une libération remplie dʼamour et de réconfort ?


Voir

Lʼart de voir est un don commun à lʼhumanité. Il vous appartient fondamentalement. Perdu dans le tourbillon de votre désir de devenir, de vous investir dans une personnalité mécanique, vous avez oublié la véritable nature de lʼêtre humain.
Quand je parle de voir, je ne parle pas, de reprendre à nouveau le chemin dʼune nouvelle quête spirituelle qui bonifierait votre personnage imaginaire. Je parle de développez une attention lucide, dans lʼinstant. Assoyez vous à lʼintérieur de vous sur un petit banc, soyez immobile et ouvrez les yeux de lʼintérieur.
Lʼœil intérieur est un regard de braise qui voit que le mental réactif vous impose son rythme duel. Un regard lucide, qui voit la valse des émotions, un regard qui voit le premier trait de chaque esquisse des scénarios du mental réactif. Regardez comment vous fonctionnez. Regardez cette compulsion à vous laisser aspirer par le rêve dʼindividualité. Regardez bien en face ce personnage, regardez le sʼémouvoir, quêter des sensations, les traduire, regardez le réagir, avoir une opinion personnelle, se débattre pour avoir raison et vous découvrirez les rouages de cette machine à rêver.
Le personnage prétendra que voir lucidement dans lʼinstant est hasardeux même dangereux pour lui. Il a bien raison. Il vous enverra des messages dʼinstabilité. Il veut chercher des solutions dans ses connaissances, dans le passé; voir le maintient dans le moment présent. Il ne sait plus comment fonctionner. Laissez le sʼinquiéter et regardez cette machine en action. Porter son attention et la maintenir dans lʼinstant, dénature ce personnage, le maintient hors de son milieu de survie imaginaire.


Qui regarde ?

Cʼest le personnage qui regarde car il a la capacité de se voir rétroactivement et son regard est teinté de ce quʼil croit être. Il se dédoublera à lʼinfini et nʼabdiquera pas facilement. Il se verra à travers le filtre de ses émotions, de ses sensations corporelles et de ses convictions mentales.
Tout ce que ce personnage croit être, contribuera subtilement à le repêcher et le relancer dans sa bouillie mentale. La vigilance est essentielle pour cette remise en question perpétuelle. Une vigilance constante à remettre son attention dans lʼinstant. Le rêveur est conditionné à CROIRE (réagir avec sa mémoire) et non pas à VOIR directement et lucidement lʼévénement qui se déroule dans lʼinstant. Cet évènement qui se déroule dans lʼinstant est le miroir du personnage que vous croyez être. Vous croyez que voir dans lʼinstant vous demandera beaucoup plus dʼénergie que rêver ? Et si vous vous trompiez ? Rêver cʼest être mort et persister à affirmer dans le temps : je vis !
Voir vous donnera lʼimpression de vous réveiller le matin en étant conscient simultanément du retour à la réalité et des sensations éprouvées par le personnage dans votre rêve diurne. Vous vous identifierez à lʼun et à lʼautre successivement jusquʼau réveil complet. Vous aurez lʼimpression de vous réveiller dʼun rêve, doucement à votre rythme. Voir nʼest pas un atterrissage dʼurgence en catastrophe, mais bien ouvrir les yeux doucement et constater : je rêvais. Ne vous inventez pas de scénarios spectaculaires; cʼest beaucoup plus simple et naturel que vous le croyez.

  • Quʼest ce que lʼinstant
et pourquoi se repositionner dans lʼinstant ?

Dans le rêve, on ne voit que ce qui est mort, passé, daté; jamais le Vivant. Le rêveur vit dans un univers figé, inanimé. Il vagabonde dans le temps, flâne dans sa mémoire pour évaluer pour la millième fois les connaissances quʼil croit avoir accumulées. Ces connaissances, il les garde en prévision dʼun désastre ou dʼun moment de grâce, afin de réagir face à lʼinconnu. Remettez votre horloge à 0 constamment et maintenez la à 0 autant que possible. Ce temps accumulé, cette mémoire qui semble être la matrice de votre vie, nʼexiste que dans le rêve. Constatez la tangente quʼessaie de prendre le personnage à chaque tentative de remise à zéro, constatez comment le mental se rebiffe et essaie de recycler le scénario sur le chemin du progrès vers la libération à travers la mémoire. Maintenir lʼattention dans lʼinstant désencombre le mental réactif, lʼempêche de puiser dans la mémoire pour construire de nouveaux scénarios.
Êtes-vous vraiment disponible pour accueillir le fait que vous ne saurez jamais à lʼavance ce qui arrivera dans la prochaine seconde? Le fait que lʼidée dʼune porte imaginaire pour quitter le rêve nʼexiste pas plus que le rêve? Il nʼy a personne à éveiller, personne à consulter, personne à épargner ; il nʼy a personne.


Dʼou viennent les questions et à quoi servent t-elles ?

Toutes les questions viennent du cœur de la machine à rêver. Comme cette machine est illusoire, comment les questions qui sʼy forment pourraient-elles être valables ? Le personnage se pose des questions existentielles auxquelles il ne trouve jamais de réponses. Ces questions pourraient toutes se résumer en une seule question : est-ce que jʼexiste vraiment ? La recherche spirituelle est la course folle pour trouver la réponse à cette question. Comment le personnage pourrait-il trouver une réponse à cette question, puisque le rêve dʼindividualité est un rêve et non la réalité.
En remettant continuellement en cause lʼorigine de ces questions, en arrêtant dʼévaluer si elles peuvent vous servir personnellement, en arrêtant de choisir une version et pas une autre, le mouvement compulsif de la machine à rêver va ralentir, perdre de sa force et finalement disparaître. Privé de lʼénergie que produit votre volonté personnelle de choisir et dʼévaluer, elle va manquer de carburant.
Les questions nʼexistent que dans le temps. Maintenir votre personnage dans lʼinstant est le forcer à se dévoiler. Voulez-vous voir comment il fonctionne? Regardez le réagir dans lʼinstant. Il a peur, semble en déséquilibre ? Il a peur de mourir ? Il a bien raison et en le maintenant dans lʼinstant, vous lʼobliger à se manifester, ainsi vous le verrez clairement et constaterez lʼampleur de cette illusion.


Le rêve est un mécanisme désincarné, sans âme, répétitif, une machine qui repose sur 3 grands piliers :

Le mental du rêveur - Les émotions - Lʼidentification au corps.


  1. 1)Le mental du rêveur. Ce que jʼappelle le mental du rêveur est le mental réactif qui est un phénomène inconscient de réactivation dʼévènements passés qui sont engrangés dans la mémoire, et nous amène à réagir à un nouvel événement semblable. Ce mécanisme mental est une excroissance du mental fonctionnel du corps qui a lui pour caractéristique dʼagir instantanément et fraichement face à tout événement. Le mental réactif sʼest accaparé le mental fonctionnel du corps et en module les caractéristiques de fraicheur et dʼinstantanéité pour les adapter au rêve dʼindividualité. Il se prend pour un penseur, un agissant, vous. Pour survivre, il sʼest établit dans le temps, qui est sa demeure. Il a récupéré lʼinstinct de survie du corps et lʼa adapté à son désir de continuité, vous laissant ainsi lʼimpression de devoir vous sauver de la mort. Cette erreur de perception vous amène à croire quʼà la mort du corps, cʼest vous qui allez mourir. Dans le rêve, on ne voit quʼavec les yeux du mental réactif, ce regard qui est éclairé par la lueur de notre personnage.


  1. 2)Une identification au corps. Le personnage qui rêve, interprète le fonctionnement du corps comme étant son propre fonctionnement. Le corps est un capteur de sens impersonnel qui ne fonctionne que dans lʼinstant. Le rêveur considère la dualité comme étant la seule façon de fonctionner. Il croit avoir le choix entre les deux facettes de la dualité. Il pense devoir choisir pour son propre bien-être. Interpréter les sensations du corps, cʼest les cristalliser en émotions refoulées. Cʼest faire du corps un contenant, un dépotoir personnel.


  1. 3)Les émotions. Elles sont un système de communication entre le mental réactif et le corps. Les émotions sont un langage inventé, qui sert à garder vivant le personnage que lʼon croit être. En refusant dʼaccueillir les émotions telles quelles sont, le rêveur contribue à alourdir cette identification. Pourquoi les émotions remontent-elles toujours à la surface, pourquoi reviennent-elles ? Le mental réactif a fait du corps un contenant. Un contenant dans lequel il entrepose les émotions. Les émotions sont la colle qui garde entier le rêveur. Mais le corps dans un mouvement naturel, expulse l'émotion à l'extérieur. Le corps nʼa pas dʼalliance avec le mental réactif et nʼen aura jamais. Il n'est pas un récipient pour conserver l'histoire du rêveur.

Les émotions ne sont pas les sensations du corps mais lʼinterprétation quʼen fait le mental réactif. Les sensations du corps nʼont rien de personnelles, elles sont corporelles.
Le personnage semble avoir un instinct de survie qui le pousse à réagir à la moindre émotion. Soyez conscient de ce mécanisme et du scénario quʼil vous propose au moindre inconfort. Ce scénario temporairement apaisant perpétue le rêve. Que vous propose ce scénario? Le croirez-vous à nouveau, ou verrez vous le mouvement sécuritaire robotique du mental dʼun personnage que vous croyez être ? Il vous masque la possibilité de voir ce que lʼinstant pourrait vous dévoiler. Ce mouvement est la petite voix qui parle dans la tête. Regardez lucidement le corps. Est-il vraiment à vous ? Lʼavez-vous créé, lʼempêcherez-vous de mourir? Arrêterez-vous le processus de son vieillissement ? Combien de temps ? Contrôlez-vous le sang qui coule dans ses veines ? Les battements de son cœur ? Et même si cela vous est possible momentanément, à quoi cela peut-il bien vous servir ?
Le corps vit dans lʼinstant, le rêveur survit dans le temps; lʼentente possible entre le rêveur et le corps nʼexiste pas et nʼexistera jamais. Ni le mental réactif, ni les sensations, ni les émotions ne pourront changer cela.
Nul besoin dʼessayer de discuter avec le rêveur pour voir ce mécanisme. Nul besoin dʼessayer de le comprendre, de lui demander son avis. Il nʼexiste aucune alliance possible avec lui. Il ne vous donnera pas accès à une solution privilégiée. Cʼest une machine : regardez-la comme telle ; comme si vous regardiez une marionnette dans un théâtre de guignols, avec curiosité mais en ne vous sentant pas concerné personnellement. Demandez-vous : mais comme cela peut-il fonctionner aussi bien pour me donner lʼimpression que cette figurine est moi ?

Regardez-vous avec une saine curiosité croire en ce système illusoire. Surprenez-vous à chercher à nouveau la pierre angulaire sur laquelle vous avez bâti ce rêveur pour vous raffiner, vous soulager, vous éveiller, vous libérer? Vous avez un but qui maintient le rêve de changement, dʼamélioration, de contrôle et de pouvoir personnel du personnage. Vous voilà reparti à nouveau dans une autre interprétation qui vous amènera à une autre image fictive de vous-même. Vous croyiez-vous en voie de libération? Mais qui veut la libération, et pour qui et pourquoi? Vous ressentez lʼéchec, lʼincapacité à voir? Cette réflexion fait partie du monde du rêve! Cʼest votre personnage qui parle et il est partial. Reculer et regarder à nouveau. La voix qui parle dans votre tête est le mental réactif du rêveur. Le mental fonctionnel ne parle pas dans votre tête, il agit dans lʼinstant.

 La vie ne discute pas; elle est.

Tant que vous percevez et interprétez votre état, il faut reculer encore et voir le mécanisme de récupération du personnage en marche, encore et encore. Rester vigilant en se ramenant sans cesse vers le point zéro, cʼest cela le vrai travail de méditation.

Comment fonctionne ce personnage qui rêve? Il se bâtit autour dʼexpériences non résolues, généralement survenues dans lʼenfance. Les émotions qui en découlent, cristallisées dans le temps, sont en attente de solutions. Comme le rêveur veut demeurer dans le corps, il se sert des émotions pour se cimenter à sa demeure imaginaire. Quand une émotion surgit, le mental réactif trouve une solution temporaire pour sécuriser le rêveur. Les différentes approches thérapeutiques visent justement à transformer lʼémotion, ou à lʼaméliorer. Regarder lʼémotion bien en face, sans autre but que de la voir, permet à celle-ci de se déployer et allège graduellement la sensation dʼenfermement dans le corps.

Le corps retrouve ainsi la fraîcheur et la spontanéité de son fonctionnement naturel.

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lundi 10 mars 2014

Tony Parson



"Le sentiment d'un manque"







Tony Parsons vit en Angleterre et anime des séminaires dans le monde entier sur les thèmes de laConnaissance de soi et de la non-dualité.

Un jour, je traversais à pied un parc d’un faubourg de Londres. Je notais alors que j’avais l’esprit entièrement occupé par des projections à propos d’événements futurs pouvant ou non se produire. L’idée me vint de laisser tomber toutes ces projections et d’être simplement à ma marche. Je remarquais combien chaque pas était totalement unique par sa sensation et sa pression et comment, à peine en prenais-je conscience, il disparaissait l’instant d’après pour ne jamais se répéter de la même manière.
Tandis que mon esprit était occupé à ces réflexions, il y eut une soudaine translation – de moi en train d’observer ma marche, à la seule présence de la marche. Ce qui arriva ensuite est simplement au-delà de toute description. Je ne peux que dire, de manière inadéquate en mots, qu’une incommensurable présence tranquille sembla descendre et envelopper toute chose. Tout et chaque chose devint intemporel et je cessai d’exister. Je disparus et il n’y eut plus personne pour faire l’expérience de quoi que ce soit.
L’identité avec l’unicité de toute chose est ce qui se produisit. Je ne peux pas dire que j’étais “un avec” ceci ou cela, car j’avais disparu. Je peux seulement dire qu’une identité absolue avec l’unicité en tout et en chaque chose s’était produite et qu’un amour débordant emplissait tout. Avec cela survint une pleine compréhension de la totalité. Tout cela c’était passé hors du temps en un éclair qui parut éternel.
Il s’en suivit directement une révélation contenue dans cet événement si magnifique et révolutionnaire dans sa nature, que je dus m’asseoir sur l’herbe pour en assimiler les conséquences. Ce que je vis était simple et évident d’une certaine manière, mais complètement intraduisible d’une autre. C’était comme s’il m’avait été donné une réponse qui n’avait pas de question. Il m’avait été montré un secret qui est un secret évident, ouvert ; et que tout et chaque chose, connue et inconnue, contient et reflète ce secret ouvert. La nature, les gens, la naissance et la mort, nos combats, nos peurs et nos désirs sont tous contenus en lui et reflètent un amour inconditionnel.
[…]
Pourquoi moi et pourquoi maintenant ? Comment pouvais-je avoir mérité de recevoir un tel cadeau sans rien à donner en retour ? Je n’étais certainement pas pur dans le sens biblique, ou selon tout autre critère reconnu… enfin c’est ce que me suggérait mon esprit. Je n’avais pas vécu une vie disciplinée de méditation ou d’engagement spirituel quel qu’il soit. Cette illumination s’était produite sans aucun effort de ma part ! Il m’était simplement venu l’idée d’observer ma marche, ce qui s’était produit d’une manière facile et naturelle ; et c’est alors que ce trésor avait émergé.
J’en vins aussi à reconnaître que ce don apparent avait toujours été disponible et qu’il le serait toujours. C’était la plus merveilleuse réalisation de toutes ! Qu’absolument indépendamment de l’endroit, du moment ou de l’humeur dans laquelle je pouvais me trouver, cette présence était prête à émerger et à m’embrasser. Ce trésor était à redécouvrir, mais certes pas par des pratiques et rites spirituels ardus et en apparence de grande portée. Pas du tout. Ce merveilleux trésor embrassant et recouvrant tout s’offrait dans l’essence d’un pas, dans le bruit d’un tracteur, dans mon sentiment d’ennui, dans la présence d’un chat assis, dans les sentiments de douleur et de rejet, en haut d’une montagne, ou au milieu de Balham High Street. Où que ce soit, je suis totalement environné et immergé dans la tranquillité, l’amour inconditionnel et l’unicité.

Tony Parsons, Ce qui est, Accarias L’Originel, 2002.