jeudi 5 novembre 2015

Betty en Gironde février 2016


RENDEZ-VOUS AU CŒUR DE LA VULNÉRABILITÉ
Au cœur de mon témoignage a jailli, une invitation à la libération du rêve d’individualité par un regard attentif et maintenu dans l’instant des processus mentaux, émotionnels et sensoriels. C’est une invitation à vous engager à pratiquer une attention vigilante, qui requiert simultanément l’implication de la totalité de votre être : intellect, cœur et corps. Cette attention amène une vision globale dans l'instant de ce que vous croyez être votre vie et qui n’est qu’une construction mentale, un rêve.
Ce regard nouveau, faisant fi de votre habitude mentale d’accumuler du savoir, vous éclairera et vous guidera pas à pas dans votre travail d’exploration. Il est si facile d’être récupéré par la compulsion de vouloir modifier ce qui se présente dans l’instant afin de l’adapter et le réinterpréter. S’interroger sur la validité du moi est la seule véritable remise en question. Désirez-vous encore travailler à améliorer ce personnage fictif? À le sauver? À lui donner de la force, du courage? Ou à le rendre intéressant et aimable ?
La remise en question que je vous propose lors de cette semaine de rencontres est fondamentale : c’est le « moi » qui est remis en question : c’est-à-dire l’égo, l’identité personnelle, le rêveur que j’appelle aussi : le personnage que l’on croit être. Cette remise en question peut paraitre choquante! La réalité de ce « personnage » que l’on tente de comprendre et d’améliorer tout au long de notre vie est rarement mise en doute. Avez-vous l’impression de vous chercher et de ne jamais vous trouver? Vous sentez-vous coupé de la vie? Avez-vous l’impression d’avoir des émotions qui stagnent à l’intérieur de vous? L’identification à ce personnage imaginaire, le « moi » vous laisse comme impressions : la souffrance, la frustration, la défaite, sans écarter la joie, le bien- être et l'extase. Ce qui en résulte est confusion et frustration, car on ne peut maintenir ou se délester d'aucun de ces états. En fait, ce personnage n’existe pas, alors comment peut-il avoir du pouvoir sur sa vie?
L'erreur du rêveur est qu’il se croit réel. Il prend le rêve pour la réalité. C’est tout ! La vie ou la conscience s’est individualisée en millions de regards, dont l’expression, est de rêver et d’exister. Nous sommes cet œil vivant indivisible, hors de l’espace et du temps, qui se regarde rêver d’individualité, ce regard qui n’a ni début ni fin, pas d’histoire personnelle, pas d’opinions, pas d’émotions. Ce regard vivant, mouvant, conscient d’être conscient est ce nous sommes fondamentalement.
Sans les émotions fossiles, lucide du fonctionnement du mental réactif, et conscient de l’identification au corps, le personnage ne peut que constater qu’il n’existe pas. Il ne reste personne même pas un personnage qui le constate... Seulement la vie qui inspire et expire dans un parfait équilibre. Cette révélation du caractère illusoire du rêve vous dévoilera aussi la nature illusoire du temps, de l’espace et d’un monde séparé; c’est la fin de l’identification au rêve d’individualité.
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THÈMES ABORDÉS DURANT LA RENCONTRE

1) Voir : Voie directe pour constater l’irréalité de qui on croit être.
Nous ne sommes pas conditionnés à « voir », à regarder dans le quotidien notre propre fonctionnement. Nous sommes plutôt conditionnés à décrire ce que nous voyons, à l’analyser, à le commenter et à chercher à l'améliorer. Voir, c’est reconnaitre les faits et constater que nous interprétons ces faits. Nous les interprétons et les fuyons, car nous avons souvent peur de vivre ce qui est là, devant nous. En fait, nous avons l'impression que ce fonctionnement est souffrant et nous le prenons pour la réalité.
Nous avons peur de regarder « ce qui est », alors nous imaginons ce que devrait être notre réalité. Nous inventons un monde idéal ou l’amour et la paix règnent; un monde sécuritaire qui se révèle cependant impermanent.
Voir est être conscient du mouvement de l’attention. L'attention est comme un colibri qui butine de fleur en fleur. Elle vous fait passer successivement du souvenir d'hier, à la tomate dans votre assiette, au son du piano, à la vue du chien, à la personne qui passe dans la rue. Et l’attention revient à nouveau à la tomate!
L’attention est un processus corporel inconscient et naturel. Elle est la réponse à la captation sensorielle : la conscience de ce qui est dans cet instant. Dans cette attention neutre, sans intention, défile la beauté du monde. Une beauté fraiche sans référence individuelle qui s’exprime à travers les sens du corps. Qu’il y ait exclamation, sentiment, ravissement, rien n’est altéré par l’histoire émotionnelle du personnage que l’on croit être. L’être humain dans son état naturel est en perception sensorielle directe.
Le personnage, préoccupé par ses dossiers personnels, ses blessures et à ses frustrations ne perçoit que son interprétation du mouvement des sens. L’attention est de percevoir consciemment la totalité de la vie sans le centre de l’intérêt personnel. Il n'y a donc pas de résistance ou de désir changer quoi que ce soit.
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INVITATION : L’énergie pour voir est disponible naturellement. Regardez comment elle vous sert pour alimenter votre flot continuel de commentaires et de jugements. Regardez comme elle est utilisée pour espérer un changement dans votre vie ou manifester un désaccord avec ce qui est. Tout simplement regarder ce fonctionnement, voilà l'invitation!

2) L’honnêteté : Faire face à ce qui est
Rester avec ce qui est, apparait comme un travail laborieux, souffrant et désagréable. Il n’en est rien. C’est un processus naturel. Être conscient et présent à une émotion ou à une pensée ne requiert qu’une attention passive, désintéressée. Laisser se déployer ce mouvement ne requiert aucune compétence.
L’effort c’est d’analyser cette émotion, la forcer à s’exprimer par différentes techniques, la fuir, la transformer ou y résister. L'effort n'est pas de faire face à ce qui est, mais de résister à ce qui est. Sans cette résistance, il se crée un espace suffisant pour permettre l’expression complète de cette émotion, du début à la fin. C’est la seule façon de traverser enfin la souffrance.
INVITATION : Je vous invite à prendre conscience honnêtement de vos refuges, c’est à dire des mécanismes de fuite que vous utilisez pour ne pas rester avec l’évènement qui déroule dans l'instant.

3) La relation avec le corps
Le corps a des humeurs, des pulsions, des instincts. Le corps est en mouvement et en perpétuel changement : il s’adapte et coule avec le courant. Comme le personnage a peur du changement, il prétend qu’il est le corps et interprète son fonctionnement.
INVITATION : Regarder le corps vivre et regarder l'interprétation que le personnage fait du corps et comment il crée des règles pour cet organisme simple et immensément sensitif. Regardez le corps et les résistances du personnage. Regardez l’âge du corps, sa couleur, le visage, les cheveux, les yeux, la grandeur, le poids. Regardez sa démarche, ses doigts, ses jambes. Regardez-le et voyez défiler la litanie des commentaires et des jugements. Êtes-vous satisfait? Qu’en est-il de la santé du corps? Êtes-vous angoissé à l’idée de la maladie physique et mentale? Avez-vous l’impression que le corps vous représente? Donnez-vous de l’importance au regard de l’autre? Voulez-vous le changer?

4) Les émotions
Quand je parle des émotions, je parle de la résistance à une émotion récurrente et de la résistance aux nouvelles émotions. Je pourrais parler « d’émotion-fossile » parce que c'est une énergie fossilisée en nous qui nous empêche d’être. Pour le personnage, elle sert de fondation à l'édification du « moi ». Pourquoi notre machine émotionnelle fonctionne-t-elle de cette façon? Pour que l'on s'écarte des situations à risques? Mais quel est le risque? Sommes-nous réellement en danger? L'émotion n'est pas problématique, elle est un mouvement avec un début et une fin. C'est la résistance à l'émotion qui est le problème. Cette résistance est due à la croyance que l'émotion a le pouvoir de nous détruire, de nous anéantir et de nous faire mal.
INVITATION : Êtes-vous en survie? Êtes-vous prisonniers et dépendants des émotions passées? Prenez-vous votre vécu émotionnel pour une référence vivante afin d’affronter le futur? Fuyez-vous constamment vos émotions pour aller vous bercer ailleurs? Regardez les réflexes, les promesses du mental réactif pour vous empêcher de vivre vos émotions...

5) La vulnérabilité
Quand je parle de vulnérabilité, jaillit instantanément, dans votre esprit, l’image d’une personne incapable de prendre une décision pour se tirer d’affaire. La référence mentale est l’image d’une personne faible (sans-abri, réfugié, personne âgée, etc.). En somme, des personnes incapables de réagir face au danger.
Les émotions-fossiles font surgir la réactivité du mental qui est une machine qui cherche à nous maintenir dans une zone de confort temporaire et puéril.
Voir vous fera alors constater que les repères sécurisants, les fonctionnements habituels, les stimuli sensoriels ne répondent plus. Cet état est interprété comme une démotivation par le personnage, une absence de désir.

INVITATION : Le personnage résiste à cet état de vulnérabilité qu’il interprète comme une grande fragilité émotionnelle. Est-ce possible de voir que la vulnérabilité est en fait une extrême sensitivité qui ouvre la porte à la fraicheur de l’instant?

6) La mémoire
Qu'est-ce que la mémoire? La mémoire est le souvenir du passé, le souvenir des évènements et le souvenir des apprentissages. Il est intéressant de constater que la mémoire semble se diviser en deux :
  • ▪  La mémoire liée aux évènements temporels
    Elle est reliée à l'apprentissage corporel et elle répertorie les évènements qui se succèdent dans le temps sans interprétation. Exemples: je sais faire du vélo; je connais l'histoire d'Haïti; je suis mécanicien; je me rappelle les évènements de mon enfance; j’ai enregistré dans ma mémoire des faits.
  • ▪  La mémoire émotionnelle
    Elle est la mémoire du personnage que l’on croit être. C'est une mémoire sélective. Elle est gérée par un censeur intérieur, celui qui définit si l’émotion est acceptable ou inacceptable. On peut aussi l'appeler le protecteur de la vulnérabilité. Le censeur gère la mémoire émotionnelle dans le seul but de sécuriser le personnage perdu dans son monde inventé. Il perpétue le rêve d'individualité.
INVITATION : Regardez comment la mémoire émotionnelle est individuelle et a tendance à amplifier certains évènements et à en oublier d'autres. Elle transforme et adapte la réalité dans le seul but de créer et conserver une zone de confort permanent. Peut-on se fier à la mémoire émotionnelle?


lundi 19 octobre 2015

Eric Baret



Le créateur est celui qui se tait. Il ne cherche pas. Ne pouvant chercher que dans sa mémoire, il ne trouverait que ce qu'il projette, le connu et non le neuf. C'est le monde qui, dans son silence, le trouve. L'univers est à sa disposition.
Cela est vrai quel que soit l'art. Le poète qui réfléchit n'est pas un poète. Le poète est quelqu'un qui sait se taire. Dans ce silence, il entend sa poésie, et il écrit ce qu'il entend. La créativité naît du silence, elle ne vient pas de la pensée.
Il n'y a rien à expliquer, rien à justifier. Chaque œuvre est sans cause, sans sens. L'œuvre est à elle-même sa propre raison. Parce qu'elle vient de la créativité même, toute œuvre d'art se situe au-delà de la compréhension. Vouloir comprendre une œuvre d'art, c'est demeurer dans la mémoire.
La vie n'est pas autre chose qu'une œuvre d'art. Vous écoutez la vie, il y a une résonance en vous.
 Toutes les possibilités sont là.

Eric Baret

samedi 10 octobre 2015

3ème Millénaire




N° 117   -   Automne 2015

Thème :  L'écologie intérieure

Sommaire

3e millénaire : Le fil d’Ariane
Marc Halévy : Qu’est-ce que l’écologie intérieure ?
Le moine Gojo : Le fondement de l’écologie intérieure
Bernard Boisson : « L’écopsychologie » : le défi à la vivre
Joanna Macy : Pour reverdir l’être
Michel Maxime Egger    : Réchauffement climatique : vaincre la tentation du déni
Jean-Pierre Le Danff : L’émerveillement : l’ultime voie
Yann Thibaud : L’écologie intérieure ou la fin du combat contre soi
Armelle Six    : Donner c’est recevoir
David Sire : Le mouvement de la vie
Jeff Foster    : L’Acceptation
Dominique Casterman    : Rien n’est séparé
Jean Bouchart d’Orval :    Céder devant la réalité

Documents :    
Henri Thoreau : L’âme de la Terre
Teilhard de Chardin : Aux origines de Gaïa

Portfolio :
Photographies de Elena Ray

Méditation avec Marianne Dubois

BD :
Anna Guégan : Soleil noir
N. Céliolisa : Écolo-je
  
Découvrir nos climats intérieurs

En décembre se tiendra à Paris une importante Conférence de l'ONU où la communauté internationale devrait adopter un nouveau traité pour la protection du climat... Il est incontestable que certains sont et seront convaincus qu'un changement de comportement collectif, national et international doit être apporté à nos vies intimement liées aux climats et aux sursauts planétaires. Les intérêts économiques et l'inertie générale aura cependant raison des apparentes bonnes volontés qui auront cossigné de nouveaux engagements. Car ces derniers, « très en dessous des nécessités écologiques », souligne Jean-Pierre Le Danff, demeurent « l'expression d'une bonne conscience environnementale ... bien plus qu'une réelle volonté d'agir à la hauteur des enjeux ». Cette constatation s'appuie sur la connaissance de l'humain que les écopsychologues ont maintenant largement mis en évidence : le déni de réalité que Michel-Maxime Egger évoque ici en termes de « syndrome de Cassandre », ou encore la relation pathogène que Bernard Boisson expose en termes de « coupure homme/nature »... 
Pour Jean Bouchart d'Orval, le drame, c'est que « nous élisons des personnes qui ne veulent ou ne peuvent pas voir qu'il existe un problème fondamental dans notre manière de vivre », et parmi les individus d'une population « très peu ont la lucidité de se réveiller, c'est-à-dire de voir qu'ils dorment ». La difficulté de s'éveiller tient aux « différents obstacles intérieurs » qui « rendent d'autant plus difficile une transformation de nos comportements qu'il existe en chacun de nous une résistance au changement » ajoute Michel-Maxime Egger. Car, constate aussi David Sire, « des mécanismes pervers se mettent en place dans notre vie sans que l'on n'y prenne garde ». C'est cette connaissance des climats intérieurs et des empêchements à les voir dans la tourmente qu'il nous faut mettre en œuvre pour accomplir l'évolution divine entrevue par Teilhard de Chardin (voir notre document).
La nécessaire et indispensable approche intérieure de l'écologie est alors évidente ; voie que chacun d'entre nous peut apprendre à découvrir ! Car « c'est surtout en fonction des dangers qui menacent de nous accabler, nous dit Joanna Macy, pionnière de l'écopsychologie, que nous débouchons sur une conscience de soi plus vaste, écologique ». « Puissions-nous rentrer en nous-mêmes, indique-t-elle, afin de dé-couvrir nos véritables racines, dans l'entrelacement biologique de cette exquise planète ».

Un changement de conscience

L'écologie nouvelle – l'écosophie – qui émerge, à travers les mouvements présents dans ce numéro, ne repose pas sur la recherche des coupables car, comme le rappelle Bernard Boisson « tout bon psychologue ajoutera que nous ne nous libérerons pas de nos problèmes collectifs en culpabilisant, mais en responsabilisant. Ce pourrait être là d'ailleurs, ajoute-t-il, que nous pourrions voir le rôle des écothérapies ...». L'écosophie ou l'écologie de l'être repose sur une observation méditative de nous-même, sans jugement, sans distinction, sans séparation...
Par cette approche, Jeff Foster nous fait remarquer que « la souffrance commence là quand on oublie notre véritable nature qui est la présence elle-même, cet espace ouvert et aimant que nous sommes, au sein duquel la respiration est permise, dans lequel toutes les pensées, les émotions et les ressentis ont le droit d'aller et venir ». C'est aussi, nous dit David Sire : « Accepter même la peur qui surgit et plonger en elle. Finalement, c'est l'aimer ! Avoir de la tendresse pour tout ce qui se passe. La tendresse a quelque chose de l'ordre de la maturité, de la quiétude, de la douceur avec soi-même ».
Pour Armelle Six, « l'écologie commence par cette profonde reconnexion à soi. C'est d'abord et avant tout, être en relation avec soi dans une profonde harmonie ».
L'écologie spirituelle, l'écologie intérieure, est, nous dit Yann Thibaud, « cette nouvelle culture » qui « mettra définitivement fin à la guerre contre soi, cette attitude masochiste issue des religions patriarcales désormais obsolètes, consistant à torturer son corps, à nier ses désirs et sa sexualité, à faire taire ses émotions, à s'interdire de penser librement et à singer niaisement des modèles stéréotypés de piété et de vertu ». Cette nouvelle culture naîtra avec « la méditation », ajoute-t-il, qui « n'est donc rien d'autre que la vie même, consciemment vécue ; et c'est cette qualité d'attention envers soi et le monde, qui rendra possible la venue spontanée d'épisodes d'expansion de conscience, qui constituent l'objet et la raison d'être de toute spiritualité authentique ».
Marc Halévy préconise ici la discipline de l'humilité qui consiste à « juste reconnaître que l'homme doit diminuer pour que la Nature et le Réel puissent augmenter. Juste savoir que l'ego doit se vider de ses leurres et de ses mensonges afin de laisser la place nette pour la rencontre du “dedans” et du “dehors” ». Car dans l'esprit des traditions mystiques et spirituelles, que la nouvelle culture ressuscite de l'oubli, « la “bonne” vie, précise Marc Halévy, consiste à harmoniser, en permanence, l'évolution du monde du “dedans” – son intériorité – et celle du monde du “dehors” – son extériorité ».


Vers une impersonnelle globalité

Qu'est-ce que la globalité dont nous sommes partie prenante ?...
Dominique Casterman nous fait remarquer que « sans la Conscience vécue de l'unité humaine, planétaire et cosmique, le moi personnel occupe psychologiquement toute la place. Dès lors, rien de surprenant que l'action humaine, isolée du contexte global, devient rapidement conflictuelle et souvent foncièrement égoïste quand ce n'est pas, pire encore, le fanatisme qui l'emporte ». 
Bernard Boisson aborde la possibilité d'une « écopsychologie non-anthropocentrique » ouvrant « nos consciences à des sentiments de nature hors cadre de la psychologie courante », tel le « sentiment océanique qui a fait l'objet d'une vive correspondance entre Romain Rolland et Sigmund Freud ». C'est paradoxalement en tant qu'individu (indivisible) que nous pouvons découvrir la dimension impersonnelle de la conscience : le Soi. 
Pour le moine Gojo, cela « implique que nous partageons tous la même Conscience, qu'en essence, nous sommes tous un ».
Evidemment, aucun discours, aucune moralisation des faits, ne peut nous conduire à l'unité, au Soi ; ce que relève Joanna Macy, inspirée par l'écologie profonde (Deep Ecology) du philosophe Arne Naess : « Une chose que j'aime dans le Soi du monde est qu'il rend non pertinente l'exhortation morale. Le sermon est à la fois ennuyeux et inefficace ».
Le problème est très ancré dans la nature humaine, l'ego. La personne que nous croyons et affirmons être, socialement, politiquement, économiquement,... aussi vulnérable et mortelle soit-elle, maintient et entretient le cauchemar collectif... Jean Bouchart d'Orval souligne que tant qu'un individu « se prend pour un personnage, il ne remettra pas en question son monde, celui dans lequel il rêve ». L'illusion d'être une personne plutôt que d'Être ne permet aucun enracinement planétaire, aucune Conscience écologique véritable. Dans les termes d'Armelle Six : « lorsque nous croyons être une personne merveilleuse qui a réussi, grande, belle, socialement développée ou apte, peu importe, ou que nous soyons la pire chose qui soit sur cette terre, c'est la même chose ! »
Joanna Macy montre que « la science du XXe siècle remet en question la notion d'un soi séparé du monde qu'il observe et sur lequel il agit », car « comme le disent les théoriciens des systèmes : il n'y a pas de catégorie du “je” en opposition à une catégorie du “tu” ou du “ça” ».
« L'écologie, déclare Armelle Six, c'est le bonheur et l'amour, dans l'arrêt de toutes les comparaisons qui ne mènent nulle part, parce que nous sommes déjà parfaits comme tel que nous sommes, parce que nous sommes l'extension de la Source ».

La Conscience écologique est notre propre intériorité, notre vraie nature. Elle relie spirituellement, psychologiquement et physiquement l'humanité à ses racines planétaires – ce qu'a incontestablement vécu ce précurseur que fut Henry Thoreau (voir notre document). Par une approche méditative, la planète “extérieure” se découvre être la manifestation de la Vie et de l'Esprit. Dans l'approche méditative, la Terre, Gaïa, n'est plus un simple concept, c'est l'entité que nous habitons corps et âme.



mercredi 19 août 2015

Éric BARET





"La spiritualité est un concept. Ce que les gens projettent dans la prétendue spiritualité, à six ans ils le projetaient dans leur équipe de scouts, à dix dans leur équipe de foot, à vingt dans la politique et à trente dans le mariage …
Ce manque que l’on a essayé de combler par une poupée, un train électrique, une bonne note à l’école, une carrière, un enfant, on le projette ensuite dans la spiritualité. C’est le pot-pourri de toutes nos peurs. Chacun, selon la forme de ses anxiétés, se trouve attiré par un certain type de spiritualité. Quand c’est présent, il faut le respecter ; mais ce n’est rien d’autre que la peur.
Les scouts, la politique, la spiritualité, l’enfant, l’équipe de rugby ont leur place, sinon cela n’existerait pas. Vouloir se libérer de tous ses problèmes pour devenir spirituel, pour devenir «éveillé», aussi. Ces règles, ces références, ces savoirs sont issus de la peur.
Vient un moment où vous n’avez plus besoin de vous chercher dans les différents courants de la vie. C’est vous qui éclairez la spiritualité, non l’inverse. C’est votre clarté qui vous fait comprendre profondément ce qu’est la politique, la paternité, la violence, la maladie, le bouddhisme, l’islam. Votre clarté éclaire tout cela.
La vraie spiritualité est un remerciement. Maître Eckhart fait une différence entre la vraie prière, prière du cœur, célébration de l’accomplissement divin, et la prière qui vient du manque, qui essaie de demander une rectification. Cette dernière n’est pas une prière, mais une forme d’abcès.
La vraie prière est remerciement. La vraie spiritualité est un non-dynamisme qui s’incarne dans une disponibilité de chaque instant. Quand le cancer, la maladie, la naissance, la violence, l’émotion vient, être disponible : là se trouve la profondeur.
Comprendre qu’il n’y a rien à comprendre, rien à acquérir. Je n’ai pas besoin d’inventer des outils pour faire face à la vie, de créer des moyens de défense ou d’appropriation pour faire face aux situations.
Regarder honnêtement ce qui est là, ce qui éveille en moi la peur, l’anxiété, la prétention, la défense. Clairement, accepter mes prétentions, mes limites. Ces limites vont refléter la non-limite.
Il faut vivre la médiocrité : elle révèle l’ultime en nous. Quand je refuse la médiocrité, quand j’imagine, que je projette un supérieur ou un inférieur, des choses spirituelles qui devraient me libérer de la vie quotidienne, là, je suis dans un imaginaire. C’est une forme de psychose. La médiocrité est l’essentiel-la médiocrité selon mes concepts.
Fonctionner journellement : manger, dormir, aimer, voir, sentir, regarder. Laisser toutes les émotions vivre en nous. Rien à défendre, à affirmer, à savoir. Je n’ai besoin de rien pour pressentir ce qui est primordial. Inutile de changer quoi que ce soit en moi.
Je n’ai pas besoin de changer quoi que ce soit en moi : mes peurs, mon arrogance, mes prétentions, mes limites, tout cela m’est nécessaire pour pressentir le sans-limite.
Tout change, mais aucun changement autre que celui qui apparaît dans l’instant n’est nécessaire. Toutes les énergies qui étaient utilisées pour créer, pour s’approprier, vont aller s’asseoir dans cette disponibilité. Là, il y aura création véritable. Cette création est célébration : une création qui rend grâce, pas une création qui affirme.
Certaines découvertes sont à faire et à oublier dans l’instant. Et pour la personne, c’est la terreur, car l’ego a besoin de s’approprier des qualifications : être spirituel, méditer, se libérer.
La vie ne consiste pas à faire, à acquérir ni à obtenir quoi que ce soit.
La grâce ne frappe que dans les moments de non-savoir, de non-prétention.
Nous n'avons pas à changer notre vie.
La grâce n'est rien d'autre que cette évidence.
Le bonheur est ici lorsque je ne prétends plus qu'il est ailleurs.
Ce que je veux, c'est ce que j'ai.
Dans la tranquillité, il n'y a nulle part où aller.
Ce que je peux trouver à l'extérieur, je peux le perdre.
Alors je ne vais nulle part, je reste ici, présent ."

Éric Baret


vendredi 7 août 2015

jEAN KLEIN




La plupart des religions prétendent que la « Réalisation »
est obtenue essentiellement par l’exercice 
du détachement et du renoncement. 
Que faut-il en penser ?

Ce n’est pas en remplaçant un mode de vie par un autre que
l’on parvient à la « Réalisation », mais uniquement en
substituant la Connaissance à l’Ignorance.
Vouloir à tout prix maîtriser les sens et extirper les désirs
est l’erreur des hommes dont la capacité 
de discernement est faible. 
La cessation de la croyance que nous sommes notre
corps, notre mental et l’auteur de nos actes, se produit
spontanément en échappant presque à notre attention. 
Elle survient lorsque nous avons compris et acquis la conviction,
d’une manière qui a profondément percuté tout notre être,
que les contrastes antipathie-sympathie, répulsion-attraction
appartiennent à l’ego. 
L’ego n’existe qu’en fonction d’une identification, 
qui n’est du reste qu’une mauvaise habitude,
 avec un objet de la Conscience. 
Le Soi, lui, transcende l’existence. 
Par conséquent, en tant que Conscience pure, 
sans objet, nous transcendons l’ego.
Le corps et les facultés mentales sont en continuel
changement, tandis que nous-mêmes en tant que Soi, 
sommes en dehors, non affectés, immuables. 
C’est l’Ignorance qui fait que le Soi s’identifie avec celui qui se réjouit, 
qui agit et qui pense. 
Tout homme recherche, dans l’action ou dans l’inaction
la paix, la joie et la félicité 
qui sont les caractéristiques propres du Soi, 
bien qu’en toute rigueur le Soi échappe à toute qualification. 
Obtenir la « Réalisation » n’est rien d’autre que « s’établir » sciemment dans le Soi. 
Tous les antagonismes et toutes les contradictions ayant disparu, 
le Réel apparaît alors dans son unité qui est Amour.



dimanche 19 juillet 2015

Une liberté sans chemin....




Mars 2015

Qu'est ce qui permet ou pas de nous libérer de l'illusion de ce que nous croyons être ? Quelle est la réalité derrière cette peur de mourir qui nous saisit aux portes de l'éveil ? Jean Bouchart d'Orval nous ouvre ici la voie de cette liberté sans chemin, qui mène à la reconnaissance de l'éternelle splendeur que nous sommes.
Réalisation : brideva.blogspot.com



dimanche 14 juin 2015

Nisargadatta Maharaj



Nisargadatta Maharaj est un enseignant spirituel indien, né en 1897 et mort en 1981. 
Ce livre présente des entretiens entre Maharaj et certains de ses disciples qui se sont tenus durant la dernière année de sa vie et qui peuvent donc être considérés comme son enseignement le plus profond. Nisargadatta Maharaj est un des plus grands maîtres du xxesiècle. Son nom est connu de tous ceux qui s′intéressent à la spiritualité indienne grâce à la publication en 1973 d′un livre édité par Maurice Frydman : I am That (traduit en français avec le titre Je suis) qui a conduit dans son petit appartement de Bombay des visiteurs du monde entier. Nisargadatta Maharaj était un homme simple, un petit commerçant de cigarettes, mais l′écouter, c′était se tenir à la source de la sagesse même. 
Dans ce livre, Nisargadatta Maharaj, souvent provocateur, toujours incisif et tranchant, cherche à éveiller ses visiteurs à la conscience de leur vraie nature, allant droit à l′essentiel sans s′embarrasser de préliminaires. 
La spiritualité dont il est question ici est exigeante et n′a rien à voir avec un quelconque développement personnel. Elle est réservée aux chercheurs sérieux qui trouveront là un feu vibrant et vivant. " Maharaj : Ce que j′expose ici n′est normalement exposé nulle part ailleurs. Visiteur : Je le sais ; c′est pour cette raison que je suis là. "

Ed. Almora : Cliclic...

lundi 8 juin 2015

Suyin LAMOUR





Vient de paraître LA JOIE D'ÊTRE de Suyin Lamour. Un récit très vivant, un livre proche, qui s’adresse directement à chacun. En voici un court extrait : 
"Cela faisait environ un mois que ce changement de perception se produisait de temps à autres, notamment dans les lieux publics.
Dans ces moments, tous les jugements s’évanouissaient, je n’avais plus aucune opinion personnelle sur quoi que ce soit ou qui que ce soit, et j’en ressentais une grande légèreté et beaucoup de joie. Ne plus juger le monde, c’était ne plus le voir comme un cauchemar insensé, et je me sentais apaisée, sereine, heureuse du simple fait d’être.
Soudain, quelque chose de totalement inattendu se produisit. Une énergie puissante semblant venir de mes pro
fondeurs psychiques, comme un torrent de feu, envahit mon champ mental en passant par mon cœur. Mon cœur s’ouvrit sous l’impact, dans une pulsation progressive, comme une fleur qui n’en finit pas de s’ouvrir. J’avais presque peur de faire un arrêt cardiaque, mais la sensation était orgasmique.
Autour de moi, tout s’était mis à vibrer. Ça pulsait, ça scintillait. Et je savais que cette énergie qui animait la matière était Conscience, et que c’était cette même essence spirituelle qui envahissait mon cœur et se répandait dans mon corps.
La nuit était tombée, mais dans chaque zone d’ombre cette lumière était là. De multiples points minuscules brillaient, des filaments s’entrecroisaient en tous sens. Tout pétillait, les objets matériels ainsi que l’espace entre les objets. Cette lumière était comme une étincelle d’Amour qui éclairait tout de l’intérieur et me mettait en extase.
Je n’étais plus une conscience en voyage, mais la Conscience de l’univers. J’étais la Conscience en train de s’auto-expérimenter. J’étais le Tout.
Je découvrais que j’étais Dieu.



lundi 25 mai 2015


"Ici, nul besoin de progrès spirituel ni de contemplation,
ni d'habileté de discours, ni d'enquêtes, 
nul besoin de méditer, ni de se concentrer, 
ni de s'exercer aux prières marmonnées. 
Quelle est, dis-moi, la Réalité ultime absolument certaine ? 
Écoute ceci : 
ne prends ni ne laisse et, tel que tu es, jouis heureusement de tout."

Abhinavagupta (Cachemire Xe siècle)



vendredi 1 mai 2015

Rencontre avec Jean Bouchart d'Orval


Dans un cadre privilégié et ressourçant Jean Bouchart d'Orval 
nous invite à passer une journée de rencontre.
Le dimanche 24 MAI de 10h à 17h 
avec possibilité de pique nique sur place.
Les places étant limitées, merci de vous inscrire par mail.
Toutes les informations sur la journée et le lieu (1h de Bordeaux) 
ci-dessous

  






lundi 30 mars 2015

Mooji


Qui nous a donné cette idée folle que nous devrions savoir comment vivre ?

Est-ce qu'un arbre sait comment pousser ?
Est-ce qu'un nuage sait comment flotter ?
Est-ce que le vent sait où il souffle ?
Est-ce qu'une route sait qu'elle va quelque part ? 

Ne sachez pas comment vivre.

Reconnaissez que vous êtes la Vie et que la Vie Est, tout simplement.
 
  Mooji

mardi 24 mars 2015

Betty



LA VIE NE SE TROMPE PAS…..


Betty s'est éveillée à la Réalité, 
ce vide vibrant où la personnalité est absente, là où rien ne commence et rien ne meurt. Née au Québec, elle y réside toujours. Betty n'enseigne pas; nul besoin de chercher. Le grand rendez-vous est avec vous-même! Être conscient de ne rien être et de ne rien savoir a foudroyé le désir d'exister de Betty, la laissant dans un perpétuel étonnement! Intemporelle et non individuelle, la Conscience ne subit pas de processus évolutif: Elle EST! C'est ce que nous sommes tous! Et c'est accessible, sans distance, sans délai.

http://www.lagrandejoie.com

mardi 3 mars 2015

Jean Bouchart d'Orval



LE REGARD SANS LES MURS





Rencontre avec Jean Bouchart d'Orval: «Le Regard Sans les Murs». Entretien public, Maison des Associations, salle Zazie Sadou, 15 rue des Savoises à Genève, le Vendredi 24 octobre 2014.          Source

Site JBO : ClicClic…



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mercredi 28 janvier 2015

Jean Yves Leloup




Personne

…Qu’est-ce qu’une personne ?

persona, c’est ce à travers qui le son passe... Le son de l’Être passe à travers une forme et, dans ce sens là, nous sommes des personnes. Le son de la vie, de la présence passe à travers notre forme.


…Emmanuel Lévinas dit : «Dieu me vient à l’idée à travers le visage humain ».

Le visage humain, c'est-à-dire persona, à travers qui le son de l’Être, de la Présence advient ; c’est à travers un visage que Dieu nous vient….
…Mais il ne faudrait pas s’imaginer Dieu comme une personne au sens humain du terme…là la matière a un autre niveau d’être.


Je découvre petit à petit que la personne, c’est l’être comme relation.


La personne peut aussi, selon notre propre expérience, avoir différents niveaux d’être. A un certain moment, j’identifie la personne à ce que j’en vois. A ce que j’en peux saisir, en toucher ; puis je vois que c’est le son qui passe à travers la personne, et enfin je découvre petit à petit que la personne c’est l’Être comme relation.


…C’est toujours à travers la forme que l’on connaît quelque chose. Il s’agit donc de passer de la forme vers le sans forme, du sensible vers ce qui est au-delà des sens.
Quand on dit que Dieu est une personne (hypostasis) cela ne veut pas dire qu’il est un « individu » (prosopon) mais qu’il y a du don qui précède l’Être.


Guérir l’esprit, Editions Albin Michel, 2001

lundi 26 janvier 2015

Rencontre avec Virgil...


Rencontre avec Virgil


Deux entretiens avec Virgil réalisés par Samir Coussa et May Char.
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deux Bonus  : “Ma rencontre avec Virgil”  : deux témoignages de Betty et de Jean Bouchart d’Orval

Réalisation © Revue 3e millénaire

“Tu n’apprends rien par la mémoire. Ton cerveau il ne t’éclairera jamais. Tu as l’impression que tu es éclairé par ça. Mais c’est faux. Il te tient encore dans une machine d’illusions.”

Virgil Hervatin (1935/2012), né en Yougoslavie, a vécu au Québec à partir de 1960. 
Ignorant l’existence de toute dimension spirituelle, il connut un éveil en 1991. 
En quelques années, un nombre croissant de chercheurs sont venus le rencontrer. Il exhortait ses interlocuteurs à vivre pleinement le présent, et les ramenait toujours à eux-mêmes afin d’éviter tout attachement à sa personne. Il était un témoin vivant de l’Éternité.
Mais l’Éternelle Présence s’est incarnée chez un homme qui n’avait absolument jamais lu les livres qui intéressent tous les chercheurs de Vérité. Il n’avait jamais rencontré ni cherché à rencontrer un sage ou un éveillé, pas plus qu’il n’avait jamais manifesté le moindre intérêt pour les grandes traditions de l’histoire de l’humanité. Il n’avait jamais été, non plus, un homme religieux.

Commande : site 3ème Millénaire clicclic…