jeudi 17 décembre 2009

lundi 14 décembre 2009

3ème Millénaire




N° 94 Hiver 2009 - Parution décembre

Crise et conscience


La crise économique et sociale peut-elle être vue positivement ?

La question peut choquer, incongrue, inacceptable, scandaleuse,...

Mais la « crise », au fond, n'est-elle pas la manifestation de nos conflits psychologiques, de nos désirs insatisfaits et insatiables, de nos angoisses et de nos peurs sous-jacentes... Tout cela à l'échelle de la mondialisation ! Cette crise peut-elle alors devenir un révélateur de l'ego mondialisé...

Parmi de très nombreux témoignages, nous savons que l'« éveil »* est précédé par une crise intérieure. La crise mondiale annoncerait-elle l'« éveil spirituel » de l'humanité ? ... Elle en offre, en tout cas, une incontestable possibilité, tout en demeurant un drame pour beaucoup d'individus et de sociétés voir un « tournant » de civilisation annoncé, par certains visionnaires, dès les débuts du XXe siècle. Comment, sur la scène du monde, ce drame peut-il alors devenir une réelle catharsis pour chacun d'entre nous ? C'est-à-dire le catalyseur d'un « changement créateur ».

* Voir deux récents numéros, 90 et 91, Éveil, Illumination... Y a t-il une pédagogie ?

Site 3ème Millénaire


samedi 5 décembre 2009

Petite histoire de Nasrudin...



ENSEIGNER LA RÉALITÉ...

Les élèves interrogent Nasreddin Hodja, leur instituteur :

- Maître, quel homme a plus de valeur : celui qui conquiert un empire par la force, celui qui peut le conquérir, mais qui se l'interdit ou celui qui empêche un autre de s'emparer d'un tel empire ?

Perplexe, Hodja répond :

- Je n'en sais rien. Mais je sais quelle est la tâche la plus difficile au monde.

- Laquelle ? demandent les élèves.

- Vous apprendre à voir les choses comme elles sont réellement...






Alain Galatis






Cela qui rêve
de Alain Galatis

« Cher ami ! Puis-je me permettre : est-il difficile d’envisager que, peut-être, tu ne tiens pas un livre entre les mains ? Que, peut-être, le lieu où tu te trouves n’existe pas ? Oui, assurément.

Est-il triste d’envisager que, peut-être, tu n’es pas toi-même la personne que tu penses être ? Oui, c’est douloureux.

Mais regarde ! Si nous arrêtons de définir ce qui est. Si nous cessons de vouloir dire le monde. Nous soulevons le coin du voile.»


Editeur Les Deux Océans
parution : 2009




Alain Galatis





Nos pensées traduisent le réel et nous installent dans un univers clos et fictif.

Comment pouvons-nous sortir de ce monde clos ?

L'auteur propose un cheminement qui, par la compréhension et l'attention portées au fonctionnement de la pensée, nous permet de déjouer les pièges de celle-ci et d'être ainsi capables de rencontrer la réalité. Le réel est indicible mais chacun, nous pouvons en faire l'expérience.

Un livre limpide et intelligent.

"Ce remarquable petit livre est une aide précieuse à la vigilance que nous impose le défi de la pensée incapable de saisir le réel".

Nouvelles Clés

"Un essai poétique, philosophique et rigoureux... Une voix limpide et fraternelle".

24 heures





lundi 30 novembre 2009

Jean Klein




Jean Klein invite le lecteur à découvrir sa vraie nature à travers ces entretiens. Il amène à la compréhension de ce que chacun est, la conscience sans objet. Il est un des rares maîtres à apporter des éléments indispensables pour vivre sciemment cette compréhension et l'intégrer dans l'expérience quotidienne.

Parution novembre 2009




dimanche 29 novembre 2009

Marc Marciszewer en écoutant Pat Metheny






MARC MARCISZEWER

" Des malentendus de la recherche " revue, 3ème Millénaire, n° 72


Peut-il y avoir une libre recherche ?

La question de la recherche est ambiguë : comment pourrait-il y avoir une recherche libre alors même qu’elle provient presque toujours d’un sentiment d’insatisfaction, d’incomplétude ? Toute insatisfaction révèle une incapacité à prendre les choses telles qu’elles sont, et par conséquent oriente la recherche. L’orientation indique un choix, le choix une réaction, la réaction un conditionnement.


D’autre part, si on porte un regard honnête sur soi-même, sur les circonstances et les conditions de sa propre existence quotidienne, comment peut-on prétendre être pour quoi que ce soit dans la moindre entreprise, dans la moindre perception ? Quoi qu’il se produise dans notre vie, qu’il s’agisse de notre univers psychique ou du monde extérieur, tout survient malgré nous, en dépit de nous, échappe à notre contrôle, à notre volonté. Nos émotions, nos sensations, nos pensées, nos désirs, nos choix, nos décisions importantes s’avèrent finalement ne pas être produites par un quelconque " soi-même ". Aucun d’entre nous ne peut prétendre être le créateur ou le maître de sa vie… Au contraire, l’évidence s’impose que je ne puis penser, ressentir, éprouver, agir autrement que comme je pense, ressens, éprouve, agis ; et ce qui me fait penser, ressentir, éprouver, agir ainsi ne m’appartient pas, n’est pas sous mon contrôle. Paradoxalement, cette évidence soulage du poids de celui qu’on se raconte être et de ses fantasmes de libération, d’éveil, de recherche spirituelle

Evidemment, cette vision donne une autre perspective aux allégations de libre arbitre et à ce qu’on peut dénommer la mégalomanie individuelle commune, qui consiste à se considérer indispensable, responsable. Ce qu’on est, ce qu’on pense, ce qu’on sent, ce qu’on fait, rien de cela ne provient de soi-même ! Aucune raison, donc, d’être fier ou honteux, aucune raison de se lamenter sur de prétendus échecs ou de se glorifier d’apparentes réussites. La vie agit à travers nous, se sert de nous ; le reconnaître libère de la formidable tension générée par la croyance en sa responsabilité individuelle. On ne se prend plus pour Dieu quand on voit que c’est la vie qui fait de nous ce que nous sommes, et que notre soi-disante autonomie est relative à la perspective depuis laquelle on regarde. (…)


Déclarer qu’il n’y a pas de libre recherche ne signifie pas, comme certains instructeurs spirituels le prétendent, qu’on va alors mener sa vie ballotté comme une plume par le vent, suivant nécessairement la pente de ses plus vils instincts (vision par ailleurs très judéo-chrétienne). Tel que je le vois, on fait ce qu’on a à faire, ce qu’on sent ou croit devoir faire, mais on sait qu’en réalité il serait plus juste de dire que ça se fait plutôt qu’on le fait.

Dans les cas de figure que nous venons de survoler, il apparaît qu’aucune recherche ne peut se prétendre libre.


Ce n’est pas mon langage habituel, mais je pourrais dire, comme certains, que seul Dieu est.

Marc Marciszewer


" Un homme avait dit à un jeune garçon qu’il lui donnerait un dollar s’il lui disait où se trouvait Dieu. Le garçon répliqua qu’il lui en donnerait deux s’il lui disait où Dieu n’est pas. "

Rabbi David Hartman

mercredi 25 novembre 2009

Ken Wilber




Voici le premier livre en langue française sur la vie et l'œuvre du mystique et philosophe américain Ken Wilber.
Ken Wilber, surnommé l’« Einstein de la conscience », est le philosophe américain contemporain le plus traduit dans le monde. Auteur de plus de 25 livres, ayant déjà ses œuvres complètes publiées aux Etats-Unis, il est reconnu par beaucoup comme le philosophe le plus original de notre époque.
Wilber propose dans une vaste synthèse une théorie intégrale de la conscience qui explique le développement de la conscience de l’humanité et de l’individu de l’enfance à l’éveil non-duel. Théoricien génial, Wilber a réussi à relier ensemble pour la première fois les religions d'Orient et d'Occident, la psychologie transpersonnelle, la philosophie, l'écologie, et les découvertes des sciences contemporaines.
Dans cette exploration du monde de Ken Wilber, Frank Visser ne présente pas seulement les théories de ce penseur profond mais révèle également sa vie personnelle et montre comment ses expériences ont influencé et façonné l’œuvre d'un des maitres spirituels les plus importants du XXIe siècle. Un livre essentiel pour découvrir ou mieux connaître un génie de la spiritualité contemporaine, déjà disponible dans de nombreuses langues (hollandais, anglais, allemand, polonais, espagnol, grec).

Paru le 27-11-2009




mardi 24 novembre 2009

Éric Baret





Il n'y a rien à comprendre !


« Comprendre quelque chose dans le sens profond veut dire que la compréhension s'élimine : le concept se résorbe. Ce que l'on comprend n'a aucun sens. En sortant d'une exposition de peinture, très vite, les images des tableaux vous quittent, mais la beauté ne vous quitte pas. Continuer de voir l'image serait un obstacle à la beauté. En quittant l'opéra, continuer à entendre les sonorités empêche de goûter la musique.

Pour une conversation, c'est la même chose. Une conversation est une œuvre d'art : rien n'est affirmé, ce sont des mouvements qui ont lieu dans l'espace. Ces mouvements sont là pour faire sentir l'espace. Ce que l'on dit est complètement gratuit. On pourrait parler de n'importe quoi. Si on veut comprendre, on reste au niveau de la discussion et c'est vraiment une perte de temps. Si l'on accepte le jeu, que ce que l'on dit ou fait n'a aucune importance, un goût, une ambiance restent. Lorsque vous vous trouvez dans telle ou telle situation, votre attitude peut participer de cette ambiance. Cela va se transposer. Ce qui prouve qu'il y a compréhension est cette faculté de pouvoir transposer à d'autres niveaux.

L'objet de la compréhension n'a aucune importance. L'important c'est une compréhension non objective où rien n'est compris. Allez voir une exposition, sans but. Le tableau ou la sculpture qui vous amène à la beauté n'a aucune importance : ce n'est pas ce que vous rapportez avec vous. Ce qui vous reste, c'est la beauté. »


« Oubliez la fleur et gardez son parfum. »
Jean Klein

« Dans une discussion [...], le but n'est pas dans les arguments qui peuvent être changés. Le but est de trouver ce courant, cette ouverture dans laquelle ce que l'on dit a très peu d'importance. Ce qui reste est ce sentiment d'ouverture. Ce n'est pas quelque chose que l'on apprend : l'ouverture fait l'unité de l'humain. Nous l'avons en commun. Si nous pouvons aimer un autre être humain, un chien, un chat, c'est grâce à cette ouverture commune à tous. Ce n'est pas quelque chose qui est à l'extérieur, qui est transmis ou qui s'apprend, c'est l'essence même de la vie. Une conversation au sens traditionnel sert uniquement à tendre vers cette ouverture. Oubliez tous les arguments, demain, on pourra dire tout autre chose. L'essentiel est ce sentiment que la compréhension s'arrête avant la vraie compréhension. Finalement, il faudrait se quitter avant de comprendre quoi que ce soit.

Comprendre est violence, ramener l’inconnu au niveau du connu, des limitations, de la mémoire. Il n'y a rien qui puisse être compris. Restez toujours en deçà de la compréhension. Quand vous avez cette ouverture, rien ne se conclut. Quand vous dites : “Je suis d’accord, j’ai compris”, vous êtes tombé dans le piège, il y a limitation.

Pourtant, quand on vous écoute, on a l'impression que vous avez compris quelque chose.

On ne peut rien comprendre. Quand vous êtes dans la situation, qu’y a-t-il à comprendre ? La situation se conclut dans votre écoute mais personne ne peut la comprendre. Vous pouvez uniquement avoir les mains vides. Se rendre compte que tout ce que vous projetez, tout ce que vous pouvez penser, est ce qui vous empêche d’être profondément dans la situation, de communiquer.

Pour communiquer, il faut être libre de tout passé, de toute référence. Vous vous rendrez compte alors que toute votre connaissance, toute votre compréhension sont l’obstacle à une vraie communication. Il y a des moments où, naturellement, cette conceptualisation, cette idée de comprendre ne sont plus là. Vous pouvez alors regarder une œuvre d’art, écouter une situation. Tout l'art traditionnel pointe vers cette ouverture. [...] Tous les moments où vous regardez sans vouloir comprendre, vous êtes en contact.

Le dialogue existe pour que nous puissions comprendre qu'il n'y a rien à comprendre, cela veut-il dire que nous n'avons pas besoin de parler ?

Absolument ! Le mot peut parfois venir, mais si vous vous réunissez avec des amis pendant deux heures sans parler, il ne manque rien. Vous quittez vos amis avec la même ouverture. Ce que l'on vous a dit, vous l'auriez tôt ou tard découvert. Pour le plaisir momentané, on peut surimposer à la tranquillité des questions et des réponses. Ce n'est pas nécessaire. Ce qui est compris ne se situe pas au niveau de la pensée ou du concept. Cette ouverture permet de rencontrer les autres, le monde ; elle ne vient pas d'un raisonnement. Le raisonnement ne peut pas vous amener à l'état d'ouverture, il est constamment un obstacle. Le dialogue n'a de valeur que s'il pointe vers cette ouverture, sinon c'est toujours une forme de distraction.

Finalement, ce que l'on dit est toujours à côté, puisque les situations de la vie ne se répètent jamais. On ne peut pas vous dire comment aborder une situation, car chaque situation est neuve. On peut seulement tendre vers cette ouverture et c'est dans cette dernière que vous allez trouver la juste actualisation. On ne peut jamais dire à quelqu'un quoi faire dans une situation. C'est un non-sens. On peut vous dire comment être ouvert à la nouveauté de la situation et, selon vos capacités, vous agirez de telle ou telle manière. Si on se fixe sur une formulation, on va tenter d'appliquer ce qui est dit à une autre situation et ce sera toujours de l'à peu près. Il n'y aura ni transposition, ni intégration. [Mais si] on oublie le concept, l'œuvre d'art, ce qui a été exprimé ; il ne reste que l'essentiel.

Avec des patients, ne pensez pas à ce que l'on a dit. Il peut arriver que, naturellement, certains éléments reviennent. Ce seront davantage des sensations. Vous vous rendrez compte des peurs, des différents éléments qui composent la situation, plutôt que de tenter de mettre en pratique telle ou telle chose qui, finalement, n'est pas essentielle. On a toujours le réflexe de vouloir comprendre et de penser que l’on a compris. Ce réflexe vient de la peur. C'est cela le début de la schizophrénie. »


Eric Baret


Pour découvrir, dans la lignée de Jean Klein, l'approche particulièrement percutante
et radicale (pour l'ego) de Eric Baret, je vous recommande :

LE SACRE DU DRAGON VERT
Pour la joie de ne rien être
(Almora)

et

DE L'ABANDON
(Les Deux Océans)






lundi 23 novembre 2009

Jeff Foster





« Je vous demande avec tout le respect possible que vous oubliez tout ce que vous savez, tout ce que vous avez appris, tout ce que vous avez jamais lu à propos de l’éveil spirituel, de la non-dualité, de l’Advaita, de l’Unicité, ou de l’illumination ; et de considérer une nouvelle possibilité : la possibilité de libération, ici même au milieu de cette vie en apparence ordinaire. La possibilité d’une libération absolue, exactement là où vous êtes. »

Jeff Foster


VENDREDI 29, SAMEDI 30 , DIMANCHE 31 JANVIER 2010


Centre Lacordaire, Montpellier, France

Horaires :

Vendredi 20h30-22h Samedi 10h-13h /16h-19h Dimanche 9h30-12h30/14h30-17h30

Participation

Vendredi 12€ - Samedi 40€ - Dimanche 40€ - Les trois jours 80€

Lieu

Centre Lacordaire – 6, rue des Augustins - 34000 Montpellier - France

Adossé au couvent et à l’église des Dominicains. A 5 mins à pied de la gare Saint Roch et à quelques pas de la place de la Comédie et de l’Esplanade, juste à côté du musée Fabre.

Inscription

Si vous désirez participer à cette rencontre nous vous remercions par avance de bien vouloir vous inscrire par e-mail à l’adresse etreetexpression@gmail.com ou par téléphone en contactant Vincent Mainier au 06 31 72 79 13.

Organisation

Philippe Brest - Association « Etre et Expression »

Montpellier Tél.: 06 15 05 57 22

Jeff Foster est diplômé de l’Université de Cambridge en Astrophysique (2001). Peu après la fin de ses études, des événements de la vie l’on conduit dans une recherche spirituelle intense, qui s’est achevée par l’évidence qu’il n’y avait jamais eut que l’Unicité. Il écrit et donne des conférences en Angleterre, en Europe et en Amérique, sur ce que l’on nomme la « Non-Dualité » (Advaita), mais qu’il préfère appeler « l’Évidence Absolue ».

Pour en savoir plus sur Jeff Foster consulter son site : ICI


vendredi 20 novembre 2009

WEI WU WEI


Terence Grey alias Wei Wu Wei avec Douglas Harding et Robert Linssen

La joie de vivre


Le simple fait d’éviter les intentions délibérées peut nous conduire à l’illumination. SHEN HUI


De la part d’une marionnette « vécue », la tentative de diriger sa propre vie est essentiellement identique à celle d’une marionnette « rêvée » essayant de diriger son rêve. Ces sortes de tentatives sont d’ailleurs la seule réalité qui nous soit donnée de connaître.

Mais personne ne peut « vivre » et il n’y a rien non plus qui puisse « être vécu » par une entité d’aucune sorte. Dans les deux cas, il s’agit de marionnettes réagissant à des impulsions engendrées par des conditions psychologiques sur lesquelles elles n’ont pas la moindre prise. Elles ne sont ni objectivement sensibles, ni des entités, puisque l’apparente « sensibilité » des deux n’est pas autre chose qu’un reflet du mental ; et ceci est tout ce qu’elles sont.


La notion d’un moi nourrissant des intentions est, en soi, un simple reflet. Son implication comme origine des prétendus actes de volonté est une fantaisie, fantaisie qui donne lieu à la souffrance. Ainsi, en l’absence de la fantaisie de cette rêverie, nous avons la félicité du sommeil profond, et en l’absence de la fantaisie de vivre, nous avons la béatitude du « nirvana » ou de la vie éveillée.


La volition est la cause temporelle du conflit psychologique, tandis que l’intention délibérée est la cause temporelle du conflit physique. Dans l’intemporalité il n’y a pas d’intention et sans intention, il n’y a pas de contrepartie à la béatitude, un terme qui, soit dit en passant, constitue une indication conventionnelle pour se référer à l’état d’être inconditionné et dépourvu de tout élément objectif.


La volition, par conséquent, est la chaîne psychologique qui confine l’individu phénoménal à son apparent esclavage, puisqu’elle est le pseudo-sujet essayant d’agir indépendamment de la force des circonstances, prétention dont l’absurdité est plus que manifeste.

Les enseignements des maîtres de toutes les écoles de libération – non seulement bouddhistes, mais aussi vedantines, taoïstes et même sémitiques – affirment d’une manière ou d’une autre le « que Ta volonté soit faite », c’est-à-dire la tentative de libérer le pseudo-individu des chaînes de la volition au moyen de la connaissance, de la pratique et de la stratégie, car lorsque l’on abandonne la volition, l’esclavage disparaît.


Les doctrines les plus pures – comme celles de Ramana Maharshi, Padma Sambhava, Huang Po et Shen Hui – nous enseignent qu’il suffit de l’analyse pour comprendre que n’existe aucune entité capable de volition effective et qu’un acte apparent de volition, lorsqu’il est en accord avec l’inévitable, ne peut être qu’un geste vain, et lorsqu’il est en désaccord, ne peut être que la simple révolte d’un oiseau contre les barreaux de sa cage. Cette compréhension nous permet, pour le moins, de demeurer joyeusement en paix.

Lorsque nous étions enfants, nous pouvions aller à la fête foraine et faire semblant de conduire les voitures d’un manège comme si nous participions à une course automobile. La voiture avait un volant semblant réagir à nos mouvements mais en réalité, le véhicule était guidé automatiquement par en dessous. Comme nous tournions instinctivement le volant dans la direction où allait la voiture, il ne nous était pas difficile de croire que nous la contrôlions et il était même encore plus difficile, par crainte d’un désastre, d’arrêter d’essayer de diriger le véhicule pour le laisser se mouvoir de lui-même. Notre façon volitive de vivre est exactement comme cela.


La vie non-volitive est une vie pleine de joie.


Etre « vécu » comme une non-entité constitue une vie subjective où n’entre pas la souffrance, où il n’y a lieu à aucune préoccupation et où tout est ce-qui-est et doit être. Car cette « intention » est responsable de la conception dualiste et de la comparaison qui s’en suit entre les opposés interdépendants, l’un étant « positif » et l’autre « négatif ».

Ceci est, en définitive, la vie nouménale que nous pourrions aussi appeler « réintégration ».


La Doctrine est la doctrine de la non-doctrine, La Pratique est la pratique de la non-pratique, La Méthode est la méditation de la non-méditation Et la Culture est culture de la non-culture.

Tel est l’Esprit du non-esprit, qui est wu shin, La Pensée de la non-pensée, qui est wu nien, L’Action de la non-action, qui est wu wei Et la Présence de l’absence de volition qui est le Tao.

jeudi 19 novembre 2009

Nuden Dorjé




le miroir au sens limpide

Le Miroir au Sens Limpide est un texte dzogchen du grand maître tibétain Nuden Dorjé (XIXe siècle) ici commenté par James Low.
Il traite de la vue et de la pratique du dzogchen, la grande perfection naturelle, voie directe permettant de s’éveiller sans effort à la nature essentielle de l’esprit, de manière immédiate et radicale, grâce à des pratiques très puissantes et originales.
Rares sont les textes authentiques du dzogchen disponibles dans des langues occidentales ; la publication de celui-ci en français est un événement pour tous ceux qui s’intéressent au bouddhisme, ou plus largement qui cherchent des voies vers l’éveil.
Nuden Dorjé est considéré comme une incarnation de Kyétchoung Lotsa, l’un des principaux disciples de Padmasambhava et il reçut de ce dernier cet enseignement du Miroir au Sens Limpide. Il vécut dans l’est du Tibet, au XIXe siècle, principalement au monastère de Khordong.
James Low a commencé à étudier et à pratiquer le bouddhisme tibétain, en Inde, en 1960. Il enseigne maintenant en Europe les principes du dzogchen et a publié plusieurs traductions et commentaires de ces textes.
James Low a su présenter cet enseignement profond de manière moderne, vive et même impertinente ce qui rend le livre accessible à tous, qu’on soit bouddhiste ou non.

Paru le 18-11-2009 Ed. Almora

Nuden Dorjé est considéré comme une incarnation de Kyétchoung Lotsa, l’un des principaux disciples de Padmasambhava et il reçut de ce dernier cet enseignement du Miroir au Sens Limpide. Il vécut dans l’est du Tibet, au XIXe siècle, principalement au monastère de Khordong.


Arthur Koestler



La catharsis absolue

Arthur Koestler (1905-1983)

Alors qu’il était emprisonné à Séville en 1936, sous inculpation d’espionnage, l’écrivain anglais, Arthur Koestler, vit une série d’expériences mystiques. Il pouvait être fusillé à tout moment par les franquistes ; mais un jour, alors qu’il entreprenait de retrouver la méthode par laquelle Euclide démontre que la série des nombres premiers est illimitée, il fut saisi d’une grande joie à l’idée que, par certain côté, l’infini se réalise dans l’entendement humain.

J’ai dû rester là plusieurs minutes, en état de transe, me répétant sans user de mots : « Ceci est parfait, parfait », jusqu’à ce que je prenne conscience de quelque gêne légère à l’arrière-plan de mon esprit, quelque circonstance triviale venant déparer la perfection de ce moment. Alors, je me rappelai la nature de cet ennui intempestif : j’étais, bien sûr, en prison et susceptible d’être fusillé. Mais cela fut suivi aussitôt d’un sentiment dont la traduction verbale serait : « Et alors ? C’est tout ? Tu n’as donc pas de plus sérieux motif de souci ? » La réponse était aussi spontanée, fraîche et amusée que si l’ennui en question avait été la perte d’un bouton de chemise. Ensuite je flottai sur le dos, emporté par une rivière de paix sous des ponts de silence. Elle venait de nulle part et coulait vers nulle part. Ensuite, il n’y eut plus de rivière, ni de moi. Le Moi avait cessé d’exister… Quand je dis « le Moi avait cessé d’exister », je fais allusion à une expérience concrète, aussi verbalement incommunicable que l’émotion soulevée par un concerto pour piano, aussi réelle et même bien plus réelle… Le « Moi » cesse d’exister en ce sens que, grâce à une certaine osmose mentale, il est entré en communication avec le réservoir universel ou s’est résorbé en lui. C’est ce mouvement de dissolution et d’expansion illimitée qu’on appelle le « sentiment océanique », l’épuisement de toute tension, la catharsis absolue, la paix qui passe toute compréhension.



vendredi 13 novembre 2009

De l'accueil




De l'accueil

Bien souvent, dans notre approche, nous sommes invités à accueillir tout ce qui se présente à nous. Cette invitation est l'occasion, entre autres choses, de pointer un aspect de notre fonctionnement qui est d'être fréquemment dans le refus, ou le choix, qui est bien souvent une autre modalité d'un même dynamisme...car le refus (ou l'accueil conditionné), contrairement à l'accueil dont nous allons parler, est un dynamisme, celui du moi qui n'est en fait que refus. Ce dynamisme prend racine dans l'identification à la pensée-racine "je", qui, ramenée au corps devient "je suis le corps" puis "je suis le corps qui a telle ou telle histoire"; et il implique un corps et un mental "extériorisés", tendus vers, privés de la globalité, du confort et de la tranquilité incréée de la Source. Je suis alors identifié à une entité illusoire séparée qui n'est que conditionnements. Tout ce qui se présente à moi est alors différent de moi et "traité" par ces conditionnements sans jamais avoir accès à la liberté, celle de se dévoiler totalement et se consumer totalement dans la paix du Soi. La seule réalité est alors le conflit; nous sommes dans un fonctionnement, forcément duel, au sein duquel aucune liberté n'est possible. L'accueil est alors compris par ce moi comme l'acte intentionnel d'accueillir, lequel moi n'accueille en fait rien...car au fond il est accueilli.

Voyons maintenant cette évidence: dans l'apparition même d'une pensée, sensation ou perception est inscrit l'accueil qui la permet. Tout dynamisme et tout refus, même, apparaissent dans l'accueil qui leur préexiste. L'accueil auquel nous faisons référence ici EST, en amont de toute intention, de tout dynamisme, de tout effort, de tout objet, du temps et de l'espace. Aussi n'y a-t-il rien à faire fondamentalement, rien à accueillir: tout est déjà accueilli, avant même que l'idée ne s'en présente, laquelle arrive après l'objet accueilli, et est elle-même accueillie. En fait, tout n'est qu'expression de cet accueil inconditionnel qui est la racine même de notre être. Tout n'apparaît que de l'accueil, par l'accueil, pour l'accueil. Seul l'accueil est. Il soutient l'univers entier, EST la nature originelle de toute chose. Cet accueil inconditionnel est amour: dans l'abandon conscient en Lui réside la grâce, EN Lui la Joie.

Source : Propos sur la non-dualité


jeudi 12 novembre 2009

Conférence & Séminaire




Dhagpo Bordeaux organise sa première conférence publique de l'année dont le titre est "Le Lâcher Prise" par Lama Puntso.
Elle se déroulera à la grande salle de l'Athénée Municipal
(Saint Christoly – Bordeaux) le Jeudi 26 novembre à 20h30 (entrée libre).

Sur une soirée, une approche simple et concrète du lâcher prise à partir de la philosophie bouddhique.
Lâcher-prise ne signifie pas être indifférent ou se désinvestir. Au contraire, il permet une ouverture nouvelle, il nous autorise à donner sa chance à la situation et ouvre à une autre compréhension de soi-même, des autres et des situations. Le Bouddha a enseigné la façon de voir et les méthodes qui permettent un authentique lâcher-prise fondé sur la détente et la vigilance. Lama Puntso donne les instructions nécessaires à la mise en œuvre d’un lâcher-prise à appliquer au quotidien ; par un jeu de réflexions et une méditation authentique, les situations deviennent alors un matériau de transformation intérieure.

Elle sera suivie d'un séminaire sur le même thème samedi 28 et dimanche 29 novembre au Centre BEAULIEU 145, rue St Genès à Bordeaux (voir plan en pièce jointe, possibilité de parking).
Un jour et demi pour approfondir le sens du lâcher-prise et explorer les méthodes de mise en œuvre
Ce week-end d’une journée et demie a pour objectif d’approfondir la pratique du lâcher-prise au travers d’apports de Lama Puntso, suivis à chaque fois d’un temps d’échange et de questions-réponses. Les thèmes abordés sont : la résistance au changement, la dimension composée des situations, le sens des émotions, le rapport à la souffrance et la pratique de la méditation. Ces différents aspects permettent d’aborder concrètement la pratique du lâcher-prise au quotidien.
L'intervenant : Lama Puntso
Moine bouddhiste depuis plus de 25 ans, formé par les maîtres les plus éminents, il mène une réflexion sur l’adaptation de la philosophie bouddhique aux problématiques du monde actuel telles que l’accompagnement, la vie professionnelle etc. Il enseigne en France et en Europe et réside actuellement à Bordeaux
Le tarif est de 35 € pour le week end
(30 € pour les adhérents, 25 € pour les abonnés)
Possibilité de prix à la journée
Les horaires : Samedi de 14h à 17h / Dimanche de 10h à 17h
Si vous le souhaitez vous pouvez apporter votre repas dimanche 29 novembre, une salle sera à votre disposition au centre Beaulieu pour pique-niquer.
Ces informations sont disponibles sur notre site :
Ce message et ce lien peuvent être envoyés par mail à toutes les personnes de votre connaissance qui pourraient être intéressées.


De bonnes adresses....


Quelques liens où de nombreux documents : Textes, vidéos, conférences audios
en consultation où à commander.... à voir !





jeudi 5 novembre 2009

Hélène Naudy



Vous propose de la retrouver pour une soirée intitulée
PERCEPTION et DISCERNEMENT

Vendredi 13 Novembre 2009 à 20h30
Salle de yoga: ELISABETH RAPAPORT
68 Rue STEHELIN
33220 Bordeaux- Caudéran
Entrée : 10€
Téléphonez au 06 16 80 20 93 pour code accès résidence

Consultation individuelle : Dimanche 15 Novembre.
9h à11h / 11h15 à 13h15 / 13h30 à 15h30 / 15h45 à 17h45
70€ la consultation.
Chez : Martin Jean-Marc .45 Rue Condillac. Bordeaux

Renseignements et inscriptions : MOUSSEY Jean-Claude
04-72-16-02-09 — 06-06-47-07-72 – njc.moussey@free.fr


samedi 31 octobre 2009

Jean Bouchart d'Orval



Jean Bouchart d'Orval à Bordeaux
le 3 novembre 20 h

salle de yoga Elizabeth Rapaport
68 rue Stéhelin Bordeaux-Caudéran

renseignements : Jean-Marc 06 16 80 20 93
La soirée 15 € réduit (demandeurs d'emploi - étudiants) 10 € -

Le Dénouement

La fameuse crise qui affecte notre monde n’est pas de nature autre que spirituelle et elle ne peut connaître son dénouement de la manière proposée par les économistes, les politiciens et les journalistes… Dès l’origine, la trame de nos vies s’est tissée à partir du ravissement étonné, véritable parfum de l’existence. Au fil des événements traumatiques quelque chose en nous s’est noué, cristallisé. Ce qui était jeu et pure joie est devenu souvent travail et lourdeur. Or, toute velléité de résoudre une situation objective afin de retrouver la paix ne fait que resserrer les nœuds. Nous avons perdu de vue que dans les nœuds de la vie il n’y a rien d’autre que la vie, la Lumière consciente. Prendre conscience de cela amorce le seul vrai dénouement.




lundi 26 octobre 2009

La liane des Dieux



Isabelle Clerc ne se contente pas de parcourir le monde à pied ou à cheval. Chez cette poétesse hors pair, le voyage géographique se double toujours d’un voyage spirituel. En 1998, elle publie un formidable ouvrage sur le yajé, La liane des Dieux, dans lequel elle relate avec beaucoup de poésie son initiation à la plante sacrée de l’Amazonie. Dans cet ouvrage savoureux, « la narratrice se jette, corps et âme, dans l’inconnu d’une aventure qui la traverse et la dépasse » écrit Michel Camus. Elle se rend en Colombie pour rejoindre son amie Béatrix, avec laquelle elle fréquenta l’université parisienne. Grâce à celle-ci, la narratrice rencontre Dionisio, « le passeur d’un monde à l’autre », puis le chaman Don Angel, qui lui offrira la chance salvatrice d’ingérer le breuvage sacré « ayahuasca », « la liane des morts ». Après Burroughs et Ginsberg, Isabelle Clerc réintroduit la plante sacrée des Incas dans la littérature, mais cette fois, pour la célébrer dans la Poésie et dans l’Amour. Son récit, qui témoigne d’une expérience fondamentale, est une merveilleuse invitation au voyage. « Dans la démesure de la forêt vierge amazonienne, écrit Camus, inviolable dans son essence, elle en oublie sa culture européenne, sa formation d’ethnologue et son métier de journaliste. Devenue transpersonnelle , elle est ailleurs, du côté de la vraie vie, du côté de l’infiniment Autre qu’elle découvre au fond sans fond de soi. » Isabelle Clerc ne perd jamais de vue cette « liane directrice » qui la relie au Divin et l’oriente vers la réalisation de soi. Elle sait trop bien maintenant que le yajé est « le cordon ombilical qui reconnecte le corps à l’univers ». Dans ce formidable ouvrage initiatique, la saveur des mots n’a d’égal que l’intensité de l’expérience : « J’ai écrit ce livre, dit-elle, pour remercier ce qui m’a été donné dans la forêt. » A l’instar du breuvage visionnaire, ce récit a le pouvoir de révéler l’esprit, d’épanouir l’âme, de transporter le lecteur sur une rive nouvelle dont peut-être, il ignorait même l’existence. Grâce à ce récit, le lecteur prend fermement conscience que le Bonheur, finalement, n’est pas qu’un mythe, mais une réalité qui nous tend la main.



Eckhart Tolle


"Nous sommes plus grands que nos pensées"



samedi 24 octobre 2009

vendredi 16 octobre 2009

Sébastien Fargue



à Bordeaux le vendredi 16 octobre 20h
Salle de yoga Elizabeth Rapaport
68 avenue de Stehélin Bordeaux-Caudéran

Atelier les 17 et 18 octobre
Renseignements : Jean-Marc 06 16 80 20 93


En pratiquant la présence, nous apprenons à percevoir ce qui est dans notre champ de conscience avec honnêteté et sans jugement. Au contact de cette attention à la fois accueillante et lucide, les fixations et les illusions perdent tout simplement leur pouvoir de fascination.
Nous redécouvrons notre véritable nature, et sommes alors consciemment reliés à la vie.
Nous prenons conscience qu’il n’y a qu’un seul mouvement unifié, et non plusieurs parties distinctes en lutte pour elles-mêmes.
Nous comprenons que nous ne sommes pas une personne autonome, mais le mouvement de la Vie elle-même.
Ainsi, nous retrouvons la légitimité et la liberté d’être tel que l’on est

Site Sébastien Fargue : ici




mardi 13 octobre 2009

Hélène Naudy


La charrue, le boeuf et l'éveil


Une pédagogie de l’éveil ?


Voilà un sujet à polémiques qui risque de faire grincer bien des dents. Les esprits s’échauffent, nous parlons D’EVEIL…… ! ! !

L’Eveil ? L’ego doit mourir ? Comment vais-je m’y prendre pour qu’il meure ? Ou du moins, comment vais-je m’y prendre pour ne plus être identifié ? Je laisse ce combat à ceux qui prétendent que l’ego et le mental sont nos ennemis ; croyance qui n’est certes pas le fruit d’une compréhension mais d’un manque de discernement. Car me semble-t-il, si nous les considérons comme tels, le problème ne vient pas d’eux mais bien plutôt de notre rapport à eux. Le mental, l’ego sont souvent des termes que nous employons sans vraiment être au clair avec la définition que nous en avons mais par contre en ayant sur eux des idées bien arrêtées. Alors l’ego va-t-il mourir et quand ? Quand vais-je moi aussi avoir droit à ce fichu éveil ? En fait, quels sont nos espoirs et pourquoi ?


QU’EST L’EVEIL ?
Peut-on le définir ? Etant donné que la définition que j’en donnerai sera dépendante de mon vécu et de mon entendement, j’utiliserai le conditionnel. L’éveil serait cet instant de non-retour vers l’ignorance. De quelle ignorance suis-je en train de parler ? De celle dans laquelle nous baignons sans en avoir conscience qui est notre identification à des images. Images au sens large tant elles touchent tout ce envers quoi nous nous identifions : images corporelles, énergétiques, spirituelles, rôles, concepts, jugements, points de vues, préjugés, états psychologiques. L’éveil répond de manière radicale et vivante à la question : qui suis-je lorsque je ne suis plus identifié à des images ?


L’EVEIL SERAIT-IL UN PROBLEME OU SERAIT-CE NOTRE RAPPORT A LUI QUI SERAIT PROBLEMATIQUE ?


Il va sans dire que notre rapport à l’éveil est particulièrement houleux et grandement problématique.

Tout d’abord, a-t-on le droit de critiquer notre colossal monde conceptuel en lien avec l’éveil ? Une question qui coûte cher. Allons-nous nous mouiller ? Autre question concernant notre rapport à l’éveil : pouvons-nous traiter de ce sujet si nous ne sommes pas un « éveillé » ? Et les propos des « éveillés » à ce sujet sont-ils plus sensés ou plus pertinents ou plus dignes de confiance, que ceux d’un « non-éveillé » ? On pourrait penser que ces questions sont superficielles, et … c’est effectivement bien le cas… mais notre rapport à l’éveil ne l’est-il pas lui aussi ?

Mais avant de poursuivre, n’ai-je pas oublié un préambule essentiel : de quoi avons-nous besoin, de questions ou de réponses ? Respectons-nous et suivons de près notre nécessité intérieure et là où nous en sommes de notre compréhension.

Concernant cette dernière, je vais, précisant celle qui vit en moi.
L’éveil ? C’est un mot qui me détourne de mon intelligence. Je le prends trop au sérieux. Je voudrais m’en faire un ami, mais lui m’échappe cruellement, moi qui ai tant fait d’efforts pour le conquérir, moi qui l’ai courtisé depuis tant d’années. Pourquoi mon rapport à l’éveil me détourne-t-il de moi-même ? Parce que je le vis par procuration, parce que je focalise toute mon énergie pour savoir comment je vais pouvoir y arriver, sans m’interroger sur cette focalisation et ce qu’elle sous-tend. Je suis prise de démangeaisons comparatives : être plus ou moins proche de l’éveil. Mais cela m’éveille-t-il à ma propre intelligence ? Je veux du miracle, de la magie. Mais au fait, suis-je en train de penser qu’un « éveillé » est nécessairement intelligent ?

L’éveil ? Mais d’abord qui souhaite parvenir à l’éveil ? L’ « éveillé » est la plupart du temps incompris par ses semblables, il perçoit ce que les autres ne perçoivent pas, il voit ce que les autres ne voient pas, il percute, il fait mal, il dérange, il est adulé puis fort logiquement rejeté, méprisé… Il n’est même pas dans des sentiments de supériorité ni d’infériorité, quant au pouvoir, à la manipulation, ils l’ont abandonné. Il ne joue plus aux gentils et aux méchants. Il ne joue plus à la victime. Il ne prétend plus être quelqu’un. Il ne sait pas qui il est. La seule phrase affirmative qu’il répète et qui n’est comprise par personne, c’est le : « je suis » sans rien après. Et l’autre qui n’a pas encore reçu un prix particulier de l’entendement : « seul le réel m’habite ». Pour dire qu’en matière d’indices, on est mal barré. « Je suis » sans rien après, « seul le réel m’habite ».

Je vais donc profiter de ces instants où l’éveil n’a pas encore croisé mon chemin. Je vais pouvoir m’illusionner, croire qu’un jour j’arriverai à avoir confiance en moi, être romantique, avoir des idées, me proclamer victime, me sentir supérieur, dénigrer mon prochain, être identifiée à mes rôles divers et variés.

Ce que je veux exprimer en ces termes équivoques, c’est cette compréhension : ce que je vis, je dois le vivre puisque je le vis. Je n’ai pas d’autres choix. Alors, ai-je l’idée que je devrais vivre autre chose ? Quel est mon rapport à ce vécu ? Il n’y a pas d’autres questions.

Notre rapport à l’éveil ? Mais nous sommes attachés à ce mot, nous n’en démordons pas, nous sommes collés à lui, nous sommes identifiés à l’idée que nous en avons, c’est pour cette raison que ce sujet est souvent le lieu de bien des conflits. Et encore une fois, étant identifiés à l’idée que nous en avons, nous ne sommes pas avec nous-même mais en relation avec un concept. Nous ne sommes pas en train de ressentir ce qui se vit en nous, nous brandissons notre idée et nous demandons qui a raison ?

Et pourtant… Pourquoi sommes-nous attirés par l’éveil ? Qu’est-ce qui nous pousse à aller vers cette « non-voie » directe et radicale ? Que cherchons-nous ? Désirons-nous guérir, être mieux ? Désirons-nous être au-dessus de notre condition humaine ? Etre sage ? Désirons-nous écouter ? Sommes-nous attiré par le réel ? Qu’est-ce qui nous interpelle chez un « éveillé » ? Sa transparence ? Le mental a des idées sur l’éveil, quelles sont-elles ? Et si nous ne les découvrons pas par nous-même, qui le fera à notre place ? Pensons-nous que l’éveil est synonyme d’absence de réflexions ? Mais alors tous les « éveillés » seraient des abrutis ? Enfin si nous sommes dans le questionnement, il est bien évident que nous ne faisons pas partie de ces éveillés à qui l’éveil leur est tombé dessus sans savoir ce qui leur arrivait. Et si cette phrase nous incommode, irons-nous voir pour quelles raisons ?

LES « EVEILLES » SERAIT-IL SUJET A POLEMIQUE OU SERAIT-CE NOTRE RAPPORT A EUX QUI SERAIT PROBLEMATIQUE ?
Voyons, si je me place dans la peau d’un éveillé qui a été frappé sans préparation par cette « catastrophe » (comme le nomme U.G.), comment considérerai-je les techniques en rapport avec ce milieu spirituel, que penserai-je de l’utilité de l’introspection ou d’une pédagogie en lien avec l’éveil ?
Maintenant, si je me place dans la peau d’un éveillé qui durant de longues années a écouté, a appris à ressentir sans projeter, à analyser, à désapprendre, quel sera mon enseignement ?

Après ? Je poursuis et questionne encore. Si tel enseignant dit que la remise en question est une perte de temps, ou qu’il n’y a besoin d’aucune préparation pour « atteindre » l’éveil, à qui s’adresse-t-il ? A lui-même ? Ces propos ne proviennent-ils pas de son vécu ? Ou interpelle-t-il véritablement celui qu’il a en face de lui ?
Eveillé ou pas, ce que l’on exprime est fonction de ce que l’on a vécu et de ce que l’on a remis en question. Les éveillés n’ont pas forcément raison, ils n’ont pas forcément tord non plus. Alors peut-être que l’expression d’Untel conviendra à certains d’entre nous, mais elle ne fera pas l’unanimité parce que notre manière d’appréhender cette « non-voie », comme tout autre sujet qui nécessite une réflexion, nous appartient en propre. Parce que certains sont plus intellectuels, d’autres plus visuels, d’autres plus auditifs, d’autres plus enfantins, d’autres plus manuels et d’autres ont besoin d’écrire un livre pour éclairer leur propre entendement. Nous pouvons nous sentir en affinité, être proche de l’expression de l’un d’eux, mais après c’est à nous de nous interroger sur ce qui nous convient le mieux. Cela, nous ne pouvons en faire l’économie.

Autre remarque qui me semble de grande importance, tant que nous ne remettrons pas en question notre maître, celui-ci restera notre référent, notre père (notre mère), celui qui détient l’autorité. Savoir que le feu brûle est une chose, mais avoir expérimenté soi-même la brûlure en est une autre. S’en remettre à l’autorité de l’autre a pour conséquence de s’en remettre à des concepts. Si nous désirons comprendre dans le vivant ce que signifie être soi, nous ne pouvons procéder autrement que de remettre en question les propos de notre enseignant afin de les vérifier par nous-même. Sinon nous serons dépendant d’un autre et de la compréhension de cet autre. Dans tous les cas, il me semble intéressant de s’interroger sur ce qui crée intérieurement un besoin de dépendance et notamment ici le besoin de dépendance à un « éveillé ». Je précise ici : il ne s’agit pas de ne plus être dépendant, il s’agit de voir le mécanisme en nous-même qui crée cette dépendance.

« N'acceptez plus aucune connaissance, quelle qu'elle soit. L'entrepôt déborde de concepts et d'idées.» 1

Pourtant, la présence des éveillés, le même silence, la même disponibilité intérieure, la même transparence, la même absence.

UNE PEDAGOGIE DE L’EVEIL ?


… Une pédagogie de l’éveil ? ? ?
Toute pensée nous interrogeant sur ce sujet ne nous mènera nulle part.
Qui s’interroge sur la pédagogie de l’éveil s’inquiète de savoir si oui ou non il arriva à ce non-état.

« Le fait même d'avoir un but [dépasser le moi] vous permet de continuer, mais vous n'arrivez nulle part. Seulement l'espoir est là qu'un jour, grâce à je ne sais quel miracle, grâce à une aide providentielle, vous arriverez au but. Cet espoir vous permet de continuer, bien qu'en fait vous n'alliez nulle part. À un moment, vous allez comprendre que tout ce que vous pouvez faire ne mène à rien. Alors vous allez changer, essayer ceci, cela, quelque chose d'autre. Mais tentez une approche, voyez que rien n'en sort, et vous verrez que c'est vrai de toutes les autres. Croyez-moi, il faut voir cela très clairement, sans l'ombre d'un doute. » 2

Il s’inquiétera, il espérera une réponse et une seule. Il espérera même que chacun de ces « éveillés » se mettront d’accord à ce sujet afin qu’il puisse y arriver sans encombre. Il en fera un concept de plus : « Il faut apprendre à désapprendre pour arriver à l’éveil. », « Si tu as le moindre désir… Aïe… Evite les rapports sexuels sinon… Aïe…. Si tu ne pratiques pas la méditation contemplative….. Aïe, aïe, aïe». Et les notions de maturité arrivent au galop. Nous sommes pris d’un concours, nous sommes sur le départ d’un marathon, l’arrivée étant l’éveil. Entre le départ et l’arrivée, la solution a notre problème.
Tiens ! Mais au fait, quel est le problème ?

LE PROBLEME EST QUE NOUS NOUS REFUSONS TEL QUE NOUS SOMMES MAINTENANT, LA, TOUT DE SUITE. NOUS VOUDRIONS ETRE DIFFERENT.

Autant une pédagogie qui s’intéresserait à la connaissance de soi et à l’introspection me semble pertinente, autant celle de l’éveil m’interroge sur les motivations plus ou moins cachées de ce questionnement. L’éveil n’a pas besoin de moi, parce qu’il est hors volonté, parce que parler de pédagogie de l’éveil c’est encore avoir le désir d’y arriver. Par quel miracle atteindre l’éveil puisque celui-ci est hors-mental, hors acquisition, hors compétence, hors volonté ? Et puisque la réponse est par aucun, en quoi le questionnement sur une pédagogie de l’éveil peut-elle m’interroger véritablement ? Ah tiens, elle peut m’interroger sur mon impuissance – ou sur son contraire : ma volonté, mon besoin de contrôler -, sur mon tic qui est celui d’espérer, sur cet autre qui est celui d’avoir un but, en d’autres termes sur celui d’être dans l’avoir.

L’éveil ? Mais il faut l’oublier ou alors si nous sommes trop à cran, il faut acheter plusieurs tableaux noirs, les accrocher sur les murs de notre chambre, de notre salon, de nos WC et y inscrire en grosses lettres : INACCESSIBLE AU MENTAL. Maintenant, si j’ai encore l’espoir d’y arriver, c’est merveilleux.

Sans parler même d’éveil, le réel est exigent, limite proche de la folie. Qui désire perdre toutes ses références, tous ses repères, toutes ses idées reçues ? L’éveil ? Soit il nous tombe dessus, soit il nous tombe dessus. Saisir ce que nous sommes nécessite d’être amoureux du réel. Etre soi nécessite d’apprendre à s’écouter sincèrement. Etre un esprit contemplatif.

Pourtant, et pourquoi pas une pédagogie de l’éveil ? L’éveil survient à celui qui n’attend plus rien, à celui qui est installé dans la disponibilité et/ou qui est frappé de désespoir et d’abandon.
Désespoir ? Les situations de la vie l’ont profondément atteint et interrogé, il a saisi ce que signifie le verbe « désapprendre », il a appris à observer, à regarder, à ressentir sans implication personnelle, il n’a plus d’idées.
Abandon ? Non pas aux autres, mais abandon de ses points de vues, jugements, rôles, états psychologiques et autres, abandon aussi de ses désirs. Abandon ne veut pas dire qu’il n’y a pas de désir, cela veut dire que s’il y a désir, le désir est constaté et s’il doit être vécu il le sera. Abandon ne veut pas dire non plus qu’il n’y a plus d’états psychologiques, ceux-ci sont vus et vécus s’ils doivent l’être. Il n’y a rien qui empêche qu’ils se manifestent à la conscience. Cela ne veut pas dire non plus qu’il n’y ait pas d’actions, celles-ci sont impulsées par l’écoute, le bon sens, le devoir.
Mais il est vrai que ces deux mots, désespoir et abandon, sont très souvent mal interprétés, certains d’entre nous pensent qu’être atteint de désespoir, c’est être désespéré, d’autres que l’abandon, c’est être pris de mollesse, être plaintif et ne plus agir, d’autres encore, plus psychologues, que ne plus avoir de désir c’est avoir peur de désirer de peur que notre désir soit refusé ou inaccessible. Ce désespoir et cet abandon ne sont pas synonymes d’absence d’actions et d’état dépressif subi. Effectivement il y a dépression, mais celle-ci est pleinement vécue, dépression dans le sens où l’on reste en soi-même, au fond de soi, dans le lieu de la désillusion et de l’observation neutre de point de vue. Etre un esprit contemplatif.

« Jusqu'où et jusqu'à quand allons-nous fuir ?
Et à quoi pouvons-nous réellement échapper ? » 3

Voir lorsqu’il y a espoirs, désirs, concepts et préjugés. Voir lorsqu’on juge nos espoirs, nos désirs, nos concepts et le fait d’avoir des préjugés. Voir ouvertement. Constater. Oui, cela est si simple à écrire, si simple à comprendre et pourtant si difficile pour notre mental lorsqu’il se trouve aux prises avec l’un d’eux. Mais voir, constater ne sont pas un but, cela doit être un appel, une passion disponible. Voir notre croyance en un but, en un summum.
Peut-être suis-je en train de faire une erreur, mais j’aurai tendance à penser que les lecteurs du 3ème Millénaire sont tous des chercheurs. Alors cherchons, investissons-nous comme il nous est possible de le faire, comme nous l’entendons et partons dans l’étude de nous-même, même si cette étude pourrait sembler être faussée, même si nous devons errer, tout ce que nous vivons est essentiel, tout. Si je dois des années durant suivre un gourou sans vraiment me remettre en question, c’est que cela doit être ainsi. Si nous nous sentons appelés par tel enseignant alors allons à sa rencontre. Si nous préférons faire du yoga deux heures par jour, alors pratiquons cet art. Si nous avons besoin de faire une psychanalyse, entreprenons cette démarche. Si nous préférons penser que l’éveil va nous tomber dessus sans rien faire, alors suivons notre idée. Que pouvons-nous faire d’autre que ce que nous sommes en train de faire ? Que pouvons-nous penser d’autre que ce que nous sommes en train de penser ? Si pour certains la remise en question est une perte de temps, pour d’autres elle est cruciale. Qui allons-nous écouter ? L’autre ou ce que nous dicte notre entendement ? Pouvons-nous forcer la compréhension ?

« Quand on ne cherche plus à éviter la souffrance, la violence, l'injustice, il y a autre chose qui se passe: quelque chose s'ouvre. Il y a la beauté qui apparaît, la tranquillité. Mais il faut d'abord quitter l'image que les choses devraient être autrement, qu'il y a quoi que ce soit à changer- c'est cela la violence- quoi que ce soit dont il faille se libérer, même se libérer de l'image. » 3

Ce dont je me rends compte, c’est que sans mon entendement, sans mon intelligence, sans ma remise en question, je vais à coup sûr rester dans l’ignorance et l’illusion de croire savoir qui je suis et de prétendre à une certaine connaissance. Je vais m’enfermer dans des concepts.
Alors, je pars sans plus tarder en moi-même, parce que le réel m’interpelle et m’anime, et vais m’interrogeant lorsque la vie me projette dans ce que mon mental nomme un inconfort. Ah, je suis allée trop vite, je dois faire machine arrière : inconfort pour qui ? Oui, je le répète tant cela n’est pas « entendable » : pour mon mental qui espère être heureux définitivement. Ainsi je m’interroge, je regarde ce qui réagit en moi lorsque l’autre me critique, lorsque j’ai « échoué », lorsque mon ami vient de me trahir, lorsque je ne suis pas comprise. Je REGARDE à la loupe et je vois cette psychologie qui me caractérise, moi en tant que personne. Je prends note de chaque trouble, de chaque dépression, du bonheur qui n’interroge pas lorsqu’il est là. Du bonheur qui endort parce que le mental a son compte. Je vois combien je suis dépendante de mon mental, de mes émotions. Je vois mon mental qui juge cette dépendance et cherche à l’éliminer et s’inscrit à tous les stages de développement personnel. Je vois ce jugement et cette volonté sans vouloir les modifier. Tiens, je vois. Tiens, je savoure d’être dans la vision.
Je vois que je suis touchée et je savoure d’être dans la perception. Je ressens la caresse de mon bien-aimé et je savoure cette perception.
Je vois mes idéaux : la paix sur terre, mieux communiquer, être des parents responsables, manger équilibrer, être mince, avoir des amis, et je savoure cette vision.
Tiens, je suis un esprit contemplatif.
Le monde continue de tourner, mes émotions d’émerger, mes croyances de tomber, je suis un esprit contemplatif.

« Donnez tout votre cœur et toute votre intelligence à ce qui se présente d'instant en instant. »4

1, Sri Nisargadatta Maharaj
2 U.G. Krishnamurti
3, Eric Baret
4 Jean Klein

article paru dans 3ème Millénaire n° 90