mercredi 27 décembre 2017

Fernando PESSOA


Je me sens né à chaque instant
  à l'éternelle nouveauté du Monde...
  [...]
  Le Monde ne s'est pas fait pour que nous pensions à lui
  (penser c'est avoir mal aux yeux)
  mais pour que nous le regardions avec un sentiment d'accord...
 ……..
  Aimer, c'est l'innocence éternelle,
  et l'unique innocence est de ne pas penser.
 ……….
  Le seul mystère, c'est qu'il y ait des gens pour penser au mystère.
  ……….
  L'unique signification intime des choses,
  c'est le fait qu'elles n'aient aucune intime signification.
 ……….
  les choses n'ont pas de signification : elles ont une existence.
  Les choses sont l'unique sens occulte des choses.
 ……….
  Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer !

(Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, trad. Armand Guibert, ,nrf Poésie/Gallimard)

Fernando Pessoa
1888-1935

vendredi 15 décembre 2017

Miroir...




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- 1 -   Quand la pensée brûle ses ailes 

Venant juste de réaliser que la pensée n’atteint jamais qu’elle même !


- 2   Quand la pensée brûle ses ailes 

Accueillant avec un sourire opalescent la merveilleuse nouvelle que le « je »

 qui pense est imaginaire

Rien de plus qu’une supposition   faite pour rire !



                                                                             Stephen Jourdain    

 

 

 

 




 

dimanche 3 décembre 2017

Christine MORENCY



Un autre livre sur l'éveil ? Oui, sauf que celui-ci n'a rien de commun. Il ne propose aucune technique, ne présente aucune théorie ou analyse sur ce particulier non-événement qu'est l'éveil, le retournement sur soi.
Il n'y a pas l'Absolu et quelque chose en plus qui serait à part. La seule place où il est possible de se connaitre c'est ici, au coeur de soi. Il n' y a rien à chercher en dehors, nous sommes cette conscience de soi lumineuse.
« L'absolu est ici » est une véritable plongée au cour d'un témoignage vivant de l'éveil.
Nous sommes beaucoup plus vaste qu'il n'en a l'air... Cette découverte enraye l'idée d'être une personne, défait les croyances saugrenues acquises, remet en question la totalité des concepts crus. 
Christine nous montre la bonne direction : ne rien refuser de ce qui est là, même pas l'ego, mais voir au-delà.
Portée par un élan inné de justesse et d'authenticité pour elle-même, Christine Morency livre son vécu avec une audace hors du commun. Cette façon naturelle et vraie lorsqu'elle parle de son vécu de l'éveil nous porte à oser regarder en nous ce qui fait véritablement ombrage à notre réelle paix.
L'humour dynamise son témoignage et ce livre n'en manque assurément pas, véhiculant ainsi un extraordinaire sentiment de permission inconditionnelle, celui d'être là, tel que nous sommes, authentiquement Soi. 




lundi 30 octobre 2017

Eric Baret




AIMER C’EST ÉCOUTER


Aimer vraiment quelqu’un, c’est un concept. On ne peut pas aimer quelqu’un. C’est un fantasme. La personnalité ne peut pas aimer. Aimer, c’est ce qui est essentiel, ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire ou non. Quand on arrête de «faire», il reste l’amour.
On aime quelqu’un quand il correspond à notre fantasme. La personne que vous aimez s’il fait ceci ou cela, vous ne l’aimerez plus. Un amour qui commence et qui finit n’est pas vraiment un amour. Aimer, c’est écouter, c’est être présent. Aimer les enfants, c’est ne pas leur demander quoi que ce soit et tout donner. Un jour ils disparaîtront, ils ne seront plus en contact avec vous. Demandez à votre fils de vous donner des nouvelles, ce n’est pas de l’amour. Le fils fait ce qu’il a besoin de faire; il ne se demande rien à un enfant. Mais aimer quelqu’un sur un plan humain, c’est un fantasme.

L’ego ne peut pas aimer. Il utilise, prétend, se rassure. Quand vous trouvez quelqu’un qui correspond à votre imagination physique, psychologique, intellectuelle, affective, vous dites que vous l’aimez profondément. Quand cette personne fait quelque chose de différent, alors elle devient détestable. On ne peut pas aimer quelqu’un. Sentir une forme d’amour est profondément juste. C’est avant le fantasme de «j’aime quelqu’un». Le sentiment d’amour est profond, essentiel. Mais, par manque de maturité, on pense qu’on aime «quelqu’un». En fait, on aime tout simplement, parce que l’amour est sans direction.

Ce que j’aime, c’est ce qui est présent devant moi. Il n’y a rien d’autre. Qu’est-ce qui pourrait être plus beau, plus extraordinaire, que ce qui se produit dans l’instant si je n’ai pas la prétention que la beauté et la sagesse soient ailleurs? L’amour est ce qu’il est quand on cesse de prétendre aimer quelqu’un. Aimer quelqu’un, vouloir être aimé, c’est une histoire. Qu’est-ce que ça veut dire d’être aimé? Personne ne vous aime, personne ne vous aimera jamais, personne ne vous a jamais aimé, et c’est merveilleux comme ça. Les gens ne peuvent qu’exiger. Si vous correspondez à leurs critères psychologiques, physiques, affectifs, ils vous aiment quand ils vous rencontrent. Si vous ne leur correspondez pas, ils vous détestent. Et alors? Il y a des chiens qui vous aiment et d’autres qui ne vous aiment pas. C’est biologique. Pourquoi s’occuper de ces choses? Qu’est-ce que ça fait d’être aimé? C’est un fantasme. Que se passe-t-il si quelqu’un projette une attraction ou une répulsion sur moi? C’est complètement fantasmatique! À un moment, vous vous rendez compte que vous n’avez pas besoin d’aimer ou d’être aimé. Qu’est-ce qu’il y a? Reste le sentiment d’amour, cette communion que l’on a entre tous les êtres et qui n’est pas directionnelle. Vous vous rendez compte qu’aimer vous appartient.

Ce qui vous rend heureux, c’est d’aimer. Si quelqu’un dit qu’il vous aime profondément, mais vous ne l’aimez pas, ça ne vous apporte rien. En revanche, quand vous aimez cela vous rend heureux. Les choses étaient donc à l’envers: aimer c’est à nous. Quand j’aime mon corps, mon esprit, mon environnement, il y a de la tranquillité. Vouloir être aimé, c’est juste un concept. Quand vous aimez, vous n’aimez pas quelqu’un, vous aimez, c’est tout.
La personne avec qui vous vivez, vous dormez ou vous allez au cinéma, c’est autre chose. Vous ne pouvez pas dormir avec tout le monde, vivre avec tout le monde. Une sélection organique s’impose. Mais l’amour ne se situe pas ici. Ce n’est pas parce que vous dormez avec quelqu’un que vous aimez plus qu’un autre avec qui vous ne dormez pas! Ce n’est pas parce que vous vivez avec une femme que vous l’aimez plus que toutes les autres avec qui vous ne vivez pas. C’est fonctionnel. Il y a des gens que nous aimons profondément et pourtant nous ne vivons pas avec eux. Il n’y a pas de circonstances. Je n’ai pas besoin d’aimer quelqu’un pour vivre avec lui, dormir ou voyager. Cela se produit à un autre niveau.
Mais vous verrez que tôt ou tard «aimer quelqu’un» ne veut rien dire. C’est comme se prendre pour quelqu’un. C’est juste une image. Je peux être stimulé par quelqu’un. Quand mon corps passe à vingt mètres d’un autre corps, une forme d’intensité se manifeste et à dix mètres, ça sera encore plus intense, et quand on se effleure, c’est comme une folie qui arrive: son odeur, la forme de son corps, le son de la voix, la façon de se déplacer, sa douceur ou sa dureté, sa richesse ou sa pauvreté font que je suis touché. Mais pourquoi appeler l’amour tout ça? C’est purement chimique. Selon ce à quoi ressemblait votre père, votre grand-père, si vous étiez battu ou caressé à trois ans, vous aimerez cette forme-ci ou cette forme-là de corps, telle ou telle odeur, telle ou telle façon de bouger. Cette personne vous attire, une autre pas du tout. Cela remonte à très très loin. Le mot «amour» n’a rien à voir là-dedans.

C’est juste quand vous voyez clairement tout cela que vous pouvez vous marier, avoir des enfants sans avoir besoin de jouer. Alors vous vivez fonctionnellement avec quelqu’un, avec tout le respect et l’écoute que cela implique. Mais vous n’êtes pas obligé de croire que vos enfants sont vos enfants, que vos parents sont vos parents, que votre mari soit votre mari. Je le suis aussi, bien sûr, de temps en temps.
Aimer, c’est écouter.

Éric Baret
par Jean Bouchart d'Orval : «La Joie de Bhairava», Fontaine de Médicis, Jardin du Luxembourg



mercredi 12 juillet 2017

Rencontre avec Jean Bouchart d'Orval les 28 et 29 octobre


L'ÉTONNEMENT LUMINEUX
Entretiens libres avec
Jean Bouchart d'Orval


Éveille la plénitude de la vision lumineuse tout comme un amant sa bien- aimée endormie. Illumine le ciel et la terre, fais briller les Aurores pour la gloire, fais briller les Aurores.

pra bodhayā puradhijāra ā sasatīm iva |
pra cak
aya rodasī vāsayoasaḥ śravase vāsayoasa|| gVeda I, 134, 3 


L’homme meurt à petit feu dans une existence dont il ne réalise pas la pauvreté par rapport à la réalité. Ce qui lui semble évident et guide sa vie n’est qu’apparences de surface. Avant et au-delà de toutes les évidences, de toutes les opinions, de tous les espoirs, de toutes les décisions et toutes les démarches ou pratiques, demeure l’étonnement, l’émotion fondamentale qui se réfère à la réalité au-delà même de l’existence et qui seule peut réveiller les morts...

Entretiens libres avec Jean

Samedi et dimanche 28-29 octobre 2017, de 10h00 à 17h00, au 25 chemin de Troquereau sur l'Isle, Lieu-dit Durandeau 33230 Coutras. Participation : 60 par jour (merci de prévoir le règlement en espèces). Ceux qui le souhaitent peuvent apporter des plats de leur choix pour manger sur place.

Infos et réservation : Jean-Marc Martin 05 57 41 14 71 / 06 16 80 20 93 

www.jeanbouchartdorval.com 



lundi 26 juin 2017

Betty

 

Betty s'est éveillée à la Réalité, ce vide vibrant où la personnalité est absente, là où rien ne commence et rien ne meurt. Née au Québec, elle y réside toujours. Betty n'enseigne pas; nul besoin de chercher. Le grand rendez-vous est avec vous-même! Être conscient de ne rien être et de ne rien savoir a foudroyé le désir d'exister de Betty, la laissant dans un perpétuel étonnement! Intemporelle et non individuelle, la Conscience ne subit pas de processus évolutif: Elle EST! C'est ce que nous sommes tous! Et c'est accessible, sans distance, sans délai.

samedi 28 janvier 2017

MARIGAL




Vient de paraître "Le secret dé-voilé, l'origine de la pensée et de tous les phénomènes" de Marigal. En voici un extrait : " Notre Nature Fondamentale – la Réalité ultime qui est en nous - qui nous habite et que nous sommes - qui est aussi l’essence intime de tous les êtres et de tous les évènements - est Vide … Sans nom, elle peut être nommée l’Indicible … Sans racine elle est l’origine de toute chose ... Sans caractéristiques d’aucune sorte c’est ‘Cela’ - l’UN - le Tao … l’Absolu.  

Mais dans ce non-espace, ce non-lieu, Cela vide de forme … néanmoins singulièrement dense, mouvant, vibrant, lumineux - un frémissement apparaît … un jaillissement , une effervescence, un bouillonnement devenant vibration ... « vibration-lumière » qui se déploie et se reploie sans cesse … Lumière-vibration-énergie qui par une accélération prodigieuse, au point de paraître solide, compact, devient l’univers, le monde animé ou inanimé, les êtres vivants, dont l’humain que nous sommes. 
Ainsi tout ce qui est, de quelque nature que ce soit : physique - mental – spirituel - est le vide devenu forme, la vibration-lumière devenue matière, qui n’apparaît figée, solide, séparée, qu’à nos sens - limités par leur nature formelle - et à notre mental - limité par son identification égotique.
Cette vibration-lumière originelle, c’est l’Intelligence Connaissance originelle que de nombreux humains des temps actuels nomment la « Conscience ». C’est la Conscience qui apparaît, qui s’in-forme, entre en existence.
La « vibration – lumière – conscience » est ainsi l’élément premier de « tout ce qui est », le matériau originel, le composant de toute forme. Conscience-lumière, Lumière-conscience en action qui est aussi Vision … Vision qui se connaît et connaît ses effets en tant que CELA - ‘Cela qui Est - qui devient’.

La découverte du vide avec l’émergence de la vibration en tant que support du monde et de l’univers ‘dans tous ses états’, modifie profondément les perspectives du contexte de notre monde habituel formel, matériel, physique, mental, spirituel. A partir de là se révèle une vision globale, unifiée de nous-même, des autres, et de tous les phénomènes qui constituent l’univers.
Mais dans ces moment-là, même si la compréhension est globale et évidente, il n’est pas toujours facile de trouver les mots pour le dire et l’élucider. Il faudra une intense et claire perception de ‘Cela - à la fois Un et multiple’, pour en venir à une formulation de ce qui peut être appelé : le « Principe de l’Unité »."

  Site Ed. Accarias : Cliclic

lundi 16 janvier 2017

JOEY LOTT




Voici un nouvel extrait de l’excellent livre de Joey Lott « L’ÉVEIL À LA SIMPLICITÉ D’ÊTRE » : « J'ai remarqué un phénomène étrange. J'ai eu plus d'une conversation avec des gens qui me disent sans sourciller qu'ils essaient d'être plus présents. Quand je mets cela en question, ils défendent la position qu'il est possible d'être plus présent. Êtes-vous en train d’essayer d’être plus présent ? Comment saurez-vous que vous êtes plus présent ? À quoi ressemblera cette expérience pour pouvoir reconnaître que vous y êtes enfin arrivé ?
Je suis tombé sur le livre d'Eckhart Tolle, Le Pouvoir de Maintenant, et celui de Ram Dass, Être Ici, Maintenant, à peu près à la même époque de ma vie. Sensible à ces livres, il en est résulté que je me retrouvais à la recherche de quelque insaisissable maintenant pour être davantage ici parce qu'ils faisaient paraître cela si magique et si merveilleux – contrairement à ce dont je faisais l’expérience. Je supposais donc que j'avais besoin de trouver quelque ici ou maintenant meilleurs et plus merveilleux.
Il y a quelques problèmes avec cette (in)compréhension : le premier problème est la présomption qu'il y a quelque chose autre que ceci. Comme s'il est quelque présent, ou maintenant, ou ici, qui ne soient pas ceci ! Où supposons-nous qu’ils puissent être ?
Si vous examinez l’expérience directe en ce moment-même, peut-être pouvez-vous découvrir que tout ce qui est, est ceci. Ceci ici-même et maintenant. Pouvez-vous trouver quoi que ce soit d'autre ? Si vous regardez et explorez réellement votre expérience directe, vous pouvez alors découvrir que même la notion qu'il pourrait y avoir quelque chose d'autre est simplement ceci. Les imaginations à propos de quelque chose d’autre sont ceci. La peur et la terreur d'être enfermé pour toujours dans un état dont on ne veut pas, est juste ceci. Dans mon expérience, il est impossible de trouver quoi que ce soit en dehors de ceci.
Le second problème avec la présomption que j’avais besoin de trouver un quelconque ici ou maintenant meilleur, c’est qu’elle impliquait que dans un autre et meilleur ici ou maintenant je serai plus fort, davantage en sécurité et plus heureux que je ne le suis en ce moment-même.
L'ennui est qu’en réalité, il n'y a aucune possibilité d'être plus puissant, plus en sécurité, ou plus heureux dans l’instant. Il n'y a que ceci. Et si vous regardez de près l'expérience directe, vous pouvez découvrir pourquoi l'idée d'être quelque chose de mieux dans l’instant où l’on est ce que l’on est, est totalement absurde.
En ce moment-même, prenez conscience qu'il y a une certaine expérience. Peut-être pouvez-vous remarquer des sensations physiques. Chaud. Froid. Fatigue. Tension. Pression. Quoi qu'il se passe, prenez-en simplement note. Et ensuite, essayez de trouver la limite entre vous et ce qui se passe. Y a-t-il une limite entre vous et les sensations ? Y a-t-il une limite entre vous et ce que vous entendez ? Y a-t-il une limite entre vous et la vision ? Y a-t-il une limite qui puisse être trouvée où que ce soit ?
Mon expérience est que toutes les illusions de pouvoir et d'être meilleur étaient des projections sur l'avenir (advenant maintenant, bien entendu.) L'idée que je pouvais atteindre un certain « maintenant » meilleur et plus fort serait risible, si ce n’était qu'elle était la source de tant de souffrances.
Ce que je découvre est qu’en vérité, « maintenant » s’assortit d’une totale impuissance. Il n’est aucune possibilité, de mieux, ou de plus, ou de moins, ou de pouvoir ou de quoi que ce soit. Il y a simplement ceci, à l'instant-même, exactement tel que c'est.
« Maintenant » est si complètement et totalement simple que tout concept à son propos est trop compliqué. Il n’y a que ceci. Rien n'est nécessaire pour être davantage maintenant ou plus ici. Plutôt, il est juste possible d'arrêter d'essayer de s'échapper d'ici et de maintenant. »



mercredi 11 janvier 2017

Bonnes nouvelles des étoiles !!



Bonnes nouvelles de la venue en Gironde de :

Jean Bouchart d'Orval les 22 et 23 avril 

Betty les 17 et 18 juin

Informations à venir

mercredi 4 janvier 2017

2017


"T'as pas besoin de voeux, 
T'as besoin de l'instant présent"

 Edouard. Baer


lundi 2 janvier 2017

Jacques LUYSSERAN



Homme étonnant, ce Jacques Lusseyran 
II a huit ans quand il perd la vue
Et pourtant il ne se considère jamais comme un handicapé
Car la lumière vient à nous de l'intérieur et que, même aveugle, il  garde en lui la couleur et les rayonnements de la lumière...Il explique que tous les objets émettent des sortes de sons...
Dans un paysage familier, il percevait un arbre "au seul bruit de son ombre".
C'est un voyant
Déporté politique à Buchenwald, professeur de littérature en Virginie, il meurt dans un accident à 47 ans....
Son témoignage de vie est remarquable
Ce livre est un acte de confiance, un acte de grâce, un témoignage sur la richesse de la vie.

EXTRAITS Nos rencontres avec la réalité n’ont pas à être d’abord des rencontres d’intelligence, mais de réalité. Si nous disions à nos idées, à nos opinions, à nos jugements, à nos habitudes, à notre démangeaison de savoir avant de connaître : «Tenez-vous tranquilles, les amis! Je vous appellerai dans un instant», aussitôt, notre perception de l’univers serait bouleversée de fond en comble. Nous ne le reconnaîtrions plus, notre vieux monde. Et il ne serait plus fatigué ni incohérent.”...

"Toute la vie nous est donnée avant que nous la vivions. Mais il faut toute une vie - il faut peut-être plus - pour devenir conscient de ce don. Toute la vie nous est donnée chaque seconde.
Le monde commence aujourd'hui.
Il y a sans doute un passé. Il y en a un pour moi : vous avez vu que j'avais des souvenirs. Mais on ne me surprendrait guère si l'on m'apprenait que ces êtres que j'ai aimés et que je crois morts, que je traite comme s'ils étaient morts, étaient bel et bien vivants, aussi vivants ou plus que moi. Pourrais-je même les penser, s'ils avaient disparu?
Les yeux ne font pas le regard...Nos croyances ne font pas la réalité.
Il y a une réalité : c'est que nous pouvons accueillir la vie. Ce droit nous l'avons. Nous avons la lumière, si nous ne la refusons pas et nous pouvons, avec elle, éclairer toutes choses....
Je suis content de savoir... que tout peut recommencer si je laisse faire la vie. Je voudrais me faire très souple,  très petit. Je n'y parviens pas toujours.
  
Je ne voudrais pas sortir de ma place; Je voudrais apprendre à n'en plus sortir; Or, je sais que ma place d'homme est dans la joie.
Oh ! s'éveiller chaque matin - et pourquoi pas chaque minute - et regarder le monde qui commence.  "   
                          Jacques Lusseyran (Virginie 1958-59)

“Nous passons notre temps à préférer les idées que nous avons du monde au monde même. L’égoïsme n’est qu’une forme, et très particulière, de cette préférence totale. Ce qui m’empêche de lire dans la pensée d’autrui, ce n’est pas le silence d’autrui, ou même ses mensonges. C’est le bruit que je fais, dans ma tête, à son sujet. Avant d’aller à lui, je calcule, je pèse et contre-pèse les mérites et les torts, je tire déjà ma conclusion. Cette conclusion, je la crie dans mes propres oreilles. Je m’enivre d’elle, je m’endors déjà sur elle. Comment pourrais-je m’étonner ensuite de ne pas voir cet homme que j’ai enseveli dans mon vacarme? Je me suis dressé dans mon armure d’habitudes, dressé moi-même entre lui et moi. Je vais donc me tromper, être trompé, m’établir enfin dans ma solitude — une solitude hostile. Ah! L’artificielle misère, et comme il serait plus simple de faire attention! Comme cela nous rendrait heureux! ”