L'illumination au quotidien : sept histoires d'éveil Sally Bongers
On trouvera dans cet ouvrage les interviews de sept personnes «ordinaires» qui ont connu l’éveil spirituel. Ces sept histoires détruisent une fois pour toutes le mythe selon lequel l’illumination est réservée à des gens «spéciaux». Cet éveil se caractérise par la disparition de l’impression d’être un individu séparé. Il transcende religions, idéologies, croyances et même les notions d’éveil et d’illumination. ?Sally Bongers est réalisatrice de films, directrice de photographie et photographe.?Elle vit à Sydney en Australie. Son parcours spirituel l’a conduite sucessivement auprès de Muktananda, UG Krishnamurti, Ramesh Balsekar, Bob Adamson et Tony Parsons.
Extrait :
Je suis allé au week-end de Roger Linden. J'étais très déprimé et cela s'aggravait de jour en jour. Par chance, nous avions convenu d'une rencontre en tête-à-tête pour le lundi suivant. Nous avons fait uniquement de la thérapie. Roger m'a fait sentir tout ce désespoir et toute cette douleur, puis m'a demandé de tout laisser sortir. À la fin nous avons parlé un tout petit peu de non-dualité. Il parlait du témoin. Je crois qu'après avoir lu des tas de livres de Douglas Harding et être allé à un grand nombre de ses retraites, j'avais fini par m'imaginer que le témoin était quelque chose qui se tenait juste derrière et au-dessus de moi, localisé à cet endroit. Je me souviens que Roger m'a dit: Non, non. Tout est le témoin! » Brusquement cela a fait tilt. Roger pouvait voir que quelque chose s'était produit. Il m'a regardé et a dit : « Oui, mais il y a encore dualité, n'est-ce pas ? « Oh oui, absolument, » ai-je dit. » Convenons d'une autre séance, » a-t-il dit.
Le vendredi suivant, après le bavardage habituel, Ro ger a dit : « Faisons une pause.» J'ai fermé les yeux et me suis détendu; et alors, pouf ! Tout a disparu. Quand j'ai ouvert les yeux, il a demandé: «Comment était-ce? » et j'ai dit: «Impossible à dire.»
Je crois que c'était totalement indicible. En un sens il ne s'est absolument rien passé, et c'est ce qui était si extraordinaire. L'image de soi a disparu. L'idée habituelle que l'on se fait de soi s'est progressivement estompée, jusqu'au moment où il n'y avait que ce qui est vu, suspendu là dans le néant, dans le vide.
Roger a posé quelques questions pour vérifier si c'était parfaitement clair et s'assurer qu'il n'y avait pas de points aveugles. Puis il a demandé : « Et bien, avez-vous obtenu ce que vous étiez venu chercher? » (rire) « Oui, merci ! » ai-je dit. (rire) Nous nous sommes serré la main et j'ai descendu la rue en titubant, totalement époustouflé.
D. avait disparu et il n'y avait que ce vide descendant la rue. Heureusement je ne travaillais pas à l'époque et j'habitais dans un appartement très joli au bord de la Tamise ; aussi ai- je passé les quatre ou cinq jours suivants assis au bord du fleuve, ne faisant absolument rien, regardant fixement devant moi, observant le cours de la Tamise, les arbres, les oiseaux et le soleil sur l'eau. Je ne pensais pas, mais j'avais comme cette impression : « Oh, Dieu merci, tout est terminé. » Et tout est devenu clair.
Quand la recherche s'est arrêtée, ce fut quelque chose de massif, d'énorme, pas seulement psychologique mais physique également. Certaines personnes ont remarqué que quelque chose avait changé. Quand je suis revenu de cette rencontre fatidique avec Roger, ma compagne —pratiquante assidue du bouddhisme tibétain— m'a regardé. Elle se doutait de ce qui s'était passé.
Pour moi, ce n'était pas la béatitude en réalité. C'était une libération et un énorme soupir de soulagement. C'était la paix. Et puis tout est redevenu normal ; mais Dieu merci sans cette recherche insensée. Je dis souvent : C'est comme si pendant quarante ans vous aviez eu une très mauvaise fièvre, une maladie tropicale; comme si vous étiez alité et en proie au délire, vous débattant désespérément. Et puis un beau matin vous vous réveillez et la fièvre est partie. Plus de délire.
Vous descendez acheter du lait, et c'est tout. Après la folie, c'est le retour à la normale. » Et une fois que cette impression fondamentale de séparation a été percée à jour, ça y est. On sait. C'est terminé. 'L'expérience' spéciale extraordinaire est finie, comme toutes les expériences n'est-ce pas. Évanouie, complètement envolée. Par bonheur je ne suis pas tombé dans le piège, je n'ai pas cru que l'expérience de pointe était 'ça'. Heureusement, je savais : <‹ Non. 'Cela' c'est simplement l'essence existentielle. Ce qui est, est ce que tout le monde cherchait ; c'est fou! C'est insensé, parce qu'il y a seulement ce qui est.»
Editions : Lotus d'Or
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