Un homme avait remarqué la vivacité et le dynamisme des écureuils. Il décida de mettre cela à profit et en captura un, le mit dans une cage cylindrique avec un axe horizontal auquel il fixa un petit moulin puis attendit. L'écureuil qui voulait sortir de là se mit à marcher dans la cage pour en trouver la sortie. La marche était longue, la sortie devait être loin. Pendant ce temps, la cage se mit à tourner et le moulin fonctionna. L'homme était content, son sel était moulu gratuitement et sans effort de sa part. Cela ne lui coûtait que quelques noisettes par jour.
Pendant ce temps, l'écureuil marchait et marchait, cherchant toujours à sortir. Il allait marcher ainsi toute sa vie, circulairement sans bouger de place. Les êtres humains sont à l'image de cet écureuil, leur corps a besoin d'agir et de travailler car leur cœur est avide de beaucoup de choses, ils cherchent l'argent, le bonheur, l'amour, la réussite, la notoriété et, pour un certain nombre d'entre eux dont l'esprit ressemble encore plus à cet écureuil, ils cherchent à comprendre le monde, ils cherchent Dieu. Ils tournent, tournent, c'est plus fort qu'eux, l'existence est tellement mystérieuse, tellement fascinante, tellement insondable ! Elle doit bien avoir un sens, une sortie, alors ils cherchent et cherchent encore et font seulement tourner la cage. Ils n'ont pas compris la seule chose à comprendre : c'est qu'il n'y a rien à comprendre, à expliquer, le monde est gratuit, il n'a pas d'autre raison d'être que d'être et le désir de comprendre qui meut la conscience sert seulement à le faire tourner sur lui-même.
Toute explication n'est qu'une description locale d'une chaîne circulaire immense et sans fin de causalité qui revient sur elle-même et cependant… !Et cependant il y a un moyen d'appréhender cet univers dans sa totalité gratuite : en cessant de chercher, en se taisant… La cage cessera de tourner et l'homme, voyant que l'écureuil ne joue plus le jeu et lui devient par conséquent inutile, ouvrira la porte et le petit écureuil pourra sortir. Il verra alors enfin sa prison du dehors, dans sa parfaite circularité et, libre, il s'en ira.
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