mercredi 1 septembre 2010

Tony Parsons en écoutant Pat Metheny





Je vois que je suis cela qui regarde

Dialogue avec Tony Parsons


Qu'est-ce que vous diriez à propos du choix?

Quand l'éveil se produit, il est clair qu'il n'y a jamais eu personne pour l'atteindre. Il est également reconnu que tout au long de la vie apparemment "menée" auparavant, il n'y a jamais eu "quelqu'un qui choisissait" ou "quelqu'un qui faisait" quoi que ce soit. Tout ce qui est arrivé, du plus infime pet de lapin à ce qui paraissait être la décision la plus capitale, n'aurait jamais pu être autre en quelque façon que ce soit.

Il n’y a donc ni bien ni mal à faire quoi que ce soit ?

Il n'est plus question de bien ou de mal. Ce qui est vu, c'est que l'apparente entité séparée n'est qu'un personnage rêvé dans un roman, et vécu par l'énergie divine, qui est tout ce qui est. Cette apparente entité séparée semble posséder certaines prédispositions et caractéristiques, et ses choix apparents sont induits par le conditionnement et l'histoire de ce personnage entièrement vécu par le souffle de la vie.

Alors qu'en est-il du libre arbitre?

Il n'est aucunement question de l'existence d'un libre arbitre, simplement parce pour commencer il n'y a personne là pour posséder une volonté ou exercer un choix quelconque. Demandez-vous d'où proviennent les pensées et, si vous êtes vigilant, au bout d'un certain temps, vous vous apercevrez qu'elles ne sont pas vôtres. Elles émergent, apparemment de nulle part, se produisent, durent un moment et ensuite s'estompent pour disparaître complètement. Vous n'êtes pour rien dans leur origine.

Je pourrais donc aussi bien rester ici à ne rien faire.

En fait, c'est encore un autre choix apparent. Vous ne pouvez vous empêcher de respirer et vous ne pourrez rien faire contre le fait à un moment donné de vous lever et de sortir de cette pièce. Tout est simplement en train de se produire constamment à travers vous. Un formidable soulagement se fait jour dès que cette réalisation est acceptée ; toute culpabilité tombe, il n'y a plus de regrets, et ce qui est vu, c'est que vous avez été amené à vous asseoir ici pour entendre précisément cela. Se débattre et lutter sans trêve peut enfin cesser et l'effort déployé pour faire " fonctionner" sa vie perd d'un coup tout attrait. Se détendre et permettre à la vie de s'écouler à son propre rythme ouvre vers une autre possibilité.

Mais comment est-ce que je paye mes hypothèques ?

Cela n'a pas besoin d'être un problème. La manière dont le corps/mental fonctionne se poursuit tout simplement. Rien ne change apparemment, mais tout est transformé. De la créativité spontanée, dénuée de peur, peut surgir une profonde harmonie avec le quotidien. Mais cela doit toujours être une considération secondaire et n'est jamais garanti.

Mais comment savoir ce qui est bon ou mauvais pour moi et ceux que j'aime ?

Vous ne le saurez pas et d'ailleurs ne l'avez jamais su. Soyez ouverts à l'idée de vivre le reste de votre vie dans le chaos, abandonnez-vous au fait de n'avoir plus à connaître quoi que ce soit. C'est merveilleux.

Vous ne pouvez suivre que ce qui vous semble évident. Votre travail, vos relations, etc., tout cela a une certaine caractéristique, engendrée à travers vous par la conscience. Le déroulement de votre vie s'est produit exactement comme il le fallait - totalement adéquat d'un bout à l'autre. Cela va continuer et rien de ce que vous ferez ne sera ni bien ni mal, ce sera simplement" ce qui est". Alors, détendez-vous donc et laissez tout cela se produire, parce que de toute façon cela va arriver. Le soulagement, c'est d'abandonner cette apparente voix intérieure, qui vous dicte comment vous devriez être ou agir. Laissez-la tomber tout de suite, ici même. C'est un leurre qui rie fait qu'obstruer le chemin.

En ce qui concerne ceux que vous aimez, vous ne pouvez vivre qu'au travers de ce que vous comprenez. Vous n'avez aucune responsabilité d'aucune sorte pour qui que ce soit ni quoi que ce soit. Il n'y a personne là, et il n'y a jamais eu personne là qui puisse prendre une responsabilité quelconque.

Etes-vous en train de dire que nous n'avons de responsabilité pour rien ?

Qu'est-ce que vous en pensez?

Je crois avoir participé à la création de ma fille et par conséquent devoir l'aider à vivre dans le monde du mieux qu'elle le peut.

C'est probablement tout ce que vous pouvez faire pour le moment, mais comment avez-vous participé à sa création ?

J'ai aimé sa mère et c'est ma semence qui s'est réunie à son ovule pour commencer tout cela.

Qui a choisi de faire l'amour à la mère?

C'est moi, bien que cela ait été probablement mutuel en ces temps-là. (rires).

D'où la pensée de lui faire l'amour est-elle venue ?

C'était plutôt comme une envie irrésistible.

Qu'est-ce qui a instigué en vous cette envie?

Quand j'y pense maintenant, ça m'a semblé, et cela me semble encore, émerger de nulle part en particulier.

Suggérons alors, si vous le permettez, que la conception s'est produite totalement en dehors de votre volonté - cela c'est simplement produit.

Peut-être, c'est possible.

Donc où était, où est, ce désir que vous avez remarqué au début?

Une sorte de vibration commence dans mon corps, suivie par la pensée " j'aimerais faire l'amour ".

Et quelle en est l'origine?

Je ne sais pas vraiment.

Alors qui la reçoit et en prend la responsabilité?

C'est moi.

Quelle partie de vous-même?

Eh bien, mon corps et ensuite ma pensée.

Et laquelle de ces choses-là est vous-même?

C'est un amalgame de ces deux choses.

Donc vous êtes un mélange de différentes pulsions et pensées ?

Ça me paraît être ça.

Et de quoi êtes-vous conscient tout de suite?

D'une excitation joyeuse.

Êtes-vous cette excitation? (longue pause)

Non, c’est bon, j'ai compris à présent.

Compris quoi ?

Je vois que je suis cela qui regarde cette excitation se produire.

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