jeudi 30 septembre 2010

Rencontres avec Sébastien Fargue

Lumière de Vie
Rencontre et Ateliers de Présence avec Sébastien Fargue

à Bordeaux, les 8, 9-10 et 11 octobre





La Présence nous révèle la nature paisible et lumineuse de l’être que nous sommes.
Dissolvant toute séparation et libérant notre potentiel,
elle nous amène à prendre notre place dans le monde, au service de la Vie.

Une rencontre et un moment de Présence à vivre et à partager. Sans exposé théorique complexe ou débat intellectuel, je vous invite à une expérience concrète de communion avec la Vie.
Nous aurons ensemble l’occasion de goûter la Présence, grâce à notre ouverture, une guidance et un silence bienveillants.

Rencontre le vendredi 8 octobre à 20h 



à la Maison des Femmes
246 cours de l’yser (place nansouty) 33000 Bordeaux


 Ateliers les 9 et 10 octobre (10h-18h)
Salle de yoga Elizabeth Rapaport
Résidence Aliénor 68 rue Stehélin Bordeaux-Caudéran


Consultations individuelles le lundi 11 octobre (sur rendez-vous)


Sébastien Fargue est Thérapeute et Formateur, il enseigne et transmet la présence dans des ateliers et des retraites. Il a écrit La présence intégrale publié aux éditions L’originel.




mardi 28 septembre 2010

Angelus Silesius en écoutant Taizé "Nada te turbe"



Angelus Silesius 1624 - 1677


1. Pur comme le plus fin des ors, ferme comme un roc,
De part en part limpide comme un cristal; ainsi doit être ton coeur.

2. Je ne sais pas ce que je suis, je ne suis pas ce que je sais :
Une chose, et pourtant aucune chose, un petit point et un cercle.

3. Homme, si tu es encore quelque chose, si tu sais quelque chose, 
si tu aimes et détestes quelque chose,
Crois moi, tu n'en as pas fini avec ton fardeau.

4. Je ne crois en nulle mort; je meurs à toute heure
Et chaque fois je n'ai trouvé qu'une vie meilleure.

5. Rien ne te met en mouvement, tu es toi même la roue
Qui roule d'elle même et n'a pas de repos.

6. Je n'aime qu'une chose et ne sais ce qu'elle est,
Et parce que je l'ignore je l'ai choisie.

7. Celui qui ne désire, n'a, ne sait, n'aime, ne veut rien,
Il a, désire, et aime encore beaucoup.

8. L'âme est un cristal et la divinité sa lumière :
Le corps où tu vis est l'écrin de tous deux.

9. Celui pour qui tout se vaut n'est touché par nulle peine
Même dans le cloaque du plus profond enfer.

10. Le ciel est en toi et aussi les tortures de l'enfer :
Ce que tu choisis et ce que tu veux, tu l'as partout.

11. Tu n'aimes pas les hommes et tu fais bien :
C'est l'humanité qu'il faut aimer en l'homme.

12. Si tu perds la vue à force de regarder le soleil
La faute est dans tes yeux non dans sa grande lumière.

13. Tu dis : Quitte le temps et rejoins l'éternité ;
Mais y a t'il une différence entre le temps et l'éternité ?

14. Rien ne me semble haut : je suis la plus haute des choses
Car Dieu Lui même, sans moi, ne compte pour rien à Ses yeux.

15. Je sais que le rossignol ne trouve rien à redire à l'intonation du coucou ;
Mais toi, si je ne chante pas comme toi, tu te moques de la mienne.

16. La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle même aucun soin, ne demande pas : Suis je regardée ?

17. Fou l'homme qui boit à une flaque
Et ignore la fontaine qui jaillit dans sa maison !

18. Ni le créé ni Dieu ne peuvent te jeter dans l'inquiétude ;
C'est toi même (ô folie !) qui t'inquiètes des choses.

19. Homme, si tu veux et n'aimes rien, tu veux et aimes bien ;
Celui qui aime ce qu'il veut n'aime pas ce qu'il faut.

20. Le monde est l'océan, le marin est l'esprit de Dieu,
Le navire est mon corps, et mon âme la voyageuse qui retourne chez elle.

21. Le monde ne te tient pas, c'est toi même le monde
Qui par des liens si forts te retient prisonnier en toi.

22. Essaie, ma petit colombe : on apprend beaucoup par l'exercice ;
Celui qui ne reste pas assis finit par arriver au but.

23. Ah ! mon frère, deviens : qu'as tu à rester fumée, apparence ?
Nous avons essentiellement à devenir un être nouveau.

24. Le vrai vide est comme un vase splendide
Qui porte du nectar : il a, et ne sait quoi.

25. Je ne connais que trois jours : hier, aujourd'hui et demain ;
Mais quand hier se cache dans aujourd'hui et maintenant,
Et que demain s'efface, je vis ce jour
Que je vivais en Dieu avant d'être.

26. J'aime beaucoup la beauté ; mais j'hésite à l'appeler belle
Si je ne la vois pas toujours au milieu des épines.

27. Le sage ne cherche qu'une chose, et c'est le bien suprême ;
Un fou aspire à mille choses minuscules.

28. Ne renonce pas, mon enfant, si seulement tu as une bonne volonté
Ton orage finira par se calmer.

29. L'âme a deux yeux : l'un regarde le temps
Et l'autre se tourne vers l'éternité.

30. Ami, si tu es quelque chose, n'en reste pas là :
Il faut sans cesse aller d'une lumière à une autre.

31. L'homme a trois ennemis : lui même,
Belzébuth et le monde ;
Mais entre eux c'est le premier le plus long à abattre.

32. Meurs avant de mourir, pour ne pas mourir
Quand tu devras mourir ; sinon tu périras.

33. Mon meileur ami mon corps est mon pire ennemi :
Il me lie, m'entrave même s'il me veut du bien.
Je le hais et je l'aime, et au jour de nos adieux
Je m'arracherai à lui avec joie et avec peine.

34. Nulle mort n'est plus belle que celle qui donne une vie,
Nulle vie plus noble que celle qui surgit de la mort.

35. Le cercle est dans le point, le fruit est dans la graine,
Dieu dans le monde : sage est celui qui L'y cherche.

36. Homme, ne montre pas trop haut et ne tire gloire de rien d'autre :
La plus belle sagesse c'est de ne pas être sage.

37. Le soleil n'a pas mal quand tu te détournes de lui
Et Dieu non plus quand tu cours à l'abîme.

38. Tout bien n'est pas bon. Homme, ne te fais pas d'illusions :
Ce qui ne brûle pas de l'huile d'amour est une fausse lumière.

39. L'homme riche qui parle sans cesse de sa misère,
N'hésite pas à le croire : la vérité c'est qu'il ne ment pas.

40. Partager donne la paix ; c'est de la propriété seule
Que naissent tous les maux, toutes les persécutions, les guerres et les luttes.

41. Le plus court chemin vers Dieu passe par la porte de l'amour ;
Le chemin de la science t'y mène très lentement.

42. Le sage qui s'est porté au dessus de lui même
Repose quand il court, agit quand il contemple.

43. Fou l'homme qui embrasse un nuage !
Fou, toi qui te fais joie de vaine gloire !

44. Le sage est ce qu'il a. Si tu ne veux pas perdre
La petite perle du ciel, tu dois l'être toimême.

45. On n'apprécie rien si on ne le contemple pas ; ce qui manque au monde c'est la
contemplation.

46. "N'appelles pas Dieu à voix haute
Sa source est en toi
Et si tu n'obstrues pas le passage
Rien n'en suspend la coulée"

dimanche 26 septembre 2010

3ème Millénaire




N° 97   -   Automne 2010


Les états de conscience 


Dans quels états de conscience vivons-nous ? Quelles expériences avons-nous de notre vie intérieure, de nos relations au monde et aux autres ou du sens de notre vie ?

Les traditions spirituelles, les êtres « éveillés » sont les témoins vivants d'états de conscience, ou d'« états multiples de l'être » bien différents de l'état de veille ordinaire. L'éveil du cœur, l'éveil de l'intelligence, l'éveil de l'âme ou de l'esprit, nous ouvrent à d'autres modes de vie et de perception, de compréhension et d'amour.

Les thérapies ou les psychologies transpersonnelles et les voies spirituelles, directes ou progressives, indiquent ou tracent de nouveaux chemins vers l'Être ou vers de nouveaux états méconnus de la conscience. Mais au-delà de tous ces états de conscience modifiée ou élargie, quel est l'« état originel », le non-état primordial fondement de toute conscience et de toute existence ? Qui sommes-nous dans la profondeur de nous-même ?

Sommaire
Michael Siciliano : L'appel de la conscience : sommes-nous en vie
ou en survie ?

Patricia Montaud : De la petitesse à l'imperfection heureuse
Marianne Dubois : Se connecter à soi-même pour se relier au Tout
Dom Coqueret : L'état de conscience vigile ordinaire
José Reyes : Au-delà de l'homme machine
Marigal : Niveaux d’être ou Éveil subit
Christiane et Jean-Yves Laurent : Les états non rationnels
de conscience

Bernadette Blin : Les états élargis de conscience
E. Salim Michael : Niveaux de conscience et autres dimensions
Franck Terreaux : “L’éveil pour les paresseux”
José Le Roy : Le sommeil profond et l'absolu
Éric Sablé : Les états de conscience élargie
l'état de nirvana selon le bouddhisme originel

Alain Kremski : Éveiller la nostalgie de la source perdue
3e millénaire : L'échelle de la conscience selon Ken Wilber

mercredi 15 septembre 2010

Jean Bouchart d'Orval




Rencontre avec Jean Bouchart d’Orval à Bordeaux


VIVRE EN POÈTE

J’ai été invité à la fête de la vie et j’ai joué tant que j’ai pu.
Rabindranath Tagore

Malgré les apparences, nous, les humains, ne souffrons que d’une chose : nous avons perdu de vue que nous habitons cette terre en poètes. Nous ne sommes pas ici pour réussir une vie personnelle, une vie de couple, une vie de ceci ou de cela, et encore moins pour faire croître «l’économie». Profondément notre vie n’a ni utilité ni but, ce qui ne l’empêche pas d’être parfaite intelligence… Le corps est un instrument de musique, l’esprit est la page sur laquelle s’écrit le poème de nos vies et nous en sommes le pur Spectateur. Comment nous y prenons-nous pour ne pas voir cela et continuer de vivre dans le calcul et l’inquiétude ? Voilà la merveille à explorer ensemble avec un esprit silencieux et joyeux.

Après avoir oeuvré en physique et en génie nucléaire, Jean Bouchart d'Orval a donné suite à son questionnement intense sur le réel en poursuivant une approche plus directe et méditative, ce qui l’a notamment amené à vivre en Inde pendant plusieurs années. Depuis plus de vingt ans, il écrit des livres et propose des rencontres publiques qui sont autant d'invitations à une exploration fondée sur le pressentiment de la joie sans cause et son actualisation dans la vie.

Entretien dans un espace intimiste à la Maison des Femmes
246 cours de l’yser (place nansouty) 33000 Bordeaux
lundi 27 septembre 20h00.

Participation : 15€ - réduit 12€ (chômeurs, RMI, étudiants)
Informations et réservations : Jean-Marc Martin : jmmformations@aol.com
Tel : 05 56 44 08 78 / 06 16 80 20 93.


vendredi 10 septembre 2010

Nicole Montineri en écoutant Ballaké Sissoko et Vincent Ségal...





Echanges.   Nicole Montineri  « N’ayons pas peur de mourir » ed. Acarias l’Originel

Q : Ma vie est ordinaire. J'observe parfois avec douceur la bataille que livrent les gens avec eux-mêmes pour ne pas avoir à affronter le vide qui les habite, qui les hante sûrement, pour cristalliser encore davantage cet ego. J'ai beaucoup de douleur de devoir me débattre et de voir aussi l'autre dans ses efforts pour exister. La compassion ne peut que surgir de cette compréhension… Mais tout tire vers le bas dans cette existence matérielle, tout est fait pour ne pas avoir de contact profond avec notre vraie nature.

R : Pourquoi dites-vous que vous avez une existence ordinaire ? Personne n'a d'existence ordinaire. Nous sommes tous ici pour vivre ce que la vie nous propose, dans le sens d'une expansion de la conscience. En son essence, la vie est magnifique et demande à être vécue pleinement, intensément, accueillant tout, chagrins et joies, avec le même amour pour elle.
Nous sommes tous des chercheurs spirituels, en quête de sens de notre existence.
Lorsque nous souffrons de notre regard posé sur le monde, sur ceux qui nous entourent, c'est toujours ce même jeu du mental que nous mettons en oeuvre. Nous percevons tout à travers son filtre.
A l'arrière-plan des jeux dérisoires des ego, il y a la conscience, immuable. Connaître sa réalité permet d'atteindre une grande paix, au sein de notre existence quotidienne.
Les évènements sont vécus avec sérénité, les choses sont prises comme elles viennent, les autres sont vus tels qu'ils sont en réalité, des chercheurs de l'espace de lumière, semblables à nous... Notre cœur s'ouvre...

Q : Je me sens « coincé » dans mes relations, les personnes qui m'entourent disent non à mon évolution. Je pensais que l'extérieur s'ajusterait sur l'intérieur, que les vieux schémas ne se reproduiraient plus, mais ce que me donne à vivre mon entourage est un retour en arrière. Pourquoi avoir à revivre ces difficultés ?

R : Notre mental est composé seulement de passé. C'est pour cela que nos pensées sont répétitives, conformistes, jamais neuves, que nous avons l'impression d'être chargés de toutes les difficultés anciennes. Le retour à toutes les lourdeurs et complications passées se fait tant que le mental n'est pas assez mûr pour être capable d'accepter que toutes les manifestations émanent de l'énergie source de la vie, tant qu'il fait des va et vient entre le repos dans l'espace indifférencié et la fixation sur l'aspect objectif des êtres et des choses de l'existence. Tant que nous sommes dans cet aspect duel, nous souffrons. Nous sommes pétris de réflexes mentaux et émotionnels. Ce qui importe, c'est la vision claire, tout doit être vu comme étant l'expression variée de la source.
« Ce n'est pas le mental qui doit s'ajuster », a dit Jean Klein, « mais ce que je suis véritablement qui doit absorber le mental. » C'est à la portée de chacun de nous.
Ne cherchez plus avec votre mental, le neuf ne peut surgir que de la conscience pure et vide.
Vous allez vous apaiser, patience, le temps importe peu.

Q : J'accumule les difficultés comme d'autres accumulent les succès. Le quotidien est devenu une épreuve. Je veux juste être rassuré, comprendre… Si en ce moment, tout dit non, c'est que la conscience en effet est redescendue au niveau du mental. J'ai pensé un moment avoir basculé enfin dans la conscience, mais l'ancrage nécessaire est revenu à la charge, au raz des pâquerettes, en se chargeant de me montrer que rien n'était acquis !

R : C'est lorsque nous croyons être dans une impasse que nous nous transformons le plus. Cette traversée peut nous sembler décevante, lourde, mais c'est parce que l'activité mentale se lasse, se vide de sa complexité. Elle devient plus limpide et cette absence de fixations mentales est prise pour une désolation aride. Notre quotidien est une épreuve par rapport à des souvenirs conservés par le cerveau qui les classe en plaisir/souffrance. De là viennent tous les problèmes. Chacun de nous est au sein de l'Absolu. Tout est parfait : le fait que vous soyez tel que vous êtes, dans cet environnement-là, que tel évènement vous arrive… Nous avons tout à accueillir, à ouvrir notre espace le plus largement possible pour tout faire sien de la vie. La vie est une, il n'y a pas un quotidien matériel pénible et un ailleurs spirituel magnifique. Il faut vivre tout ce qui nous est proposé sans s'y accrocher, sans permettre à la pensée de nous faire croire que tel sentiment de bien-être est définitif. Soyons vides, vides comme la Source d'où tout émerge et où tout retourne.




Q : Dans le quotidien, j'ai parfois du mal à suivre une conversation, à trouver cette fraîcheur et cette spontanéité qui apparaît lorsque le mental n'intervient pas, et puis, sans trop savoir ce qui se passe, quelque chose lâche et un nouveau mode de fonctionnement se met en place, une bascule de l'esprit, quelque chose de doux, de subtil prend le relais, un espace dans lequel aucun problème n'existe … Que cette vie est douloureuse autant que merveilleuse, que cette dualité est dure à affronter…

R : Certaines conversations sont du gaspillage d'énergie produit par des ego qui cherchent à s'imposer… Lorsque quelque chose de doux se met en place, un espace dans lequel aucun problème n'existe, dites-vous, vous êtes le témoin qui observe tout ce qui apparaît et disparaît, les pensées, les émotions, les autres, le monde… Vous ne vous sentez pas séparé.
Qui observe ? C'est le flux ininterrompu à l'intérieur de vous, votre conscience immuable. Au sein de cet espace-conscience, la souffrance n'existe pas car il n'y a pas de dualité. Vous vous sentez en paix car sa nature est paix. Cet espace, c'est l'énergie de vie en toutes choses. C'est elle en vous qui observe et que vous ressentez dés que vous n'êtes plus enfermé dans la pensée. C'est vous-même, dans votre pureté et votre lumière.

Q : Avez-vous recherché l'éveil ou celui-ci est-il venu spontanément ?

R : L'ouverture totale de la conscience, la perception de son union avec le grand Tout, c'est cela qu'on appelle l'éveil, puis demeurer dans cette conscience grand ouverte, savoir que sa substance est silence, qu'elle est notre véritable nature, pure et éternelle.
Ce ne peut être que l'ego qui cherche, avec son instrument, le mental, et le risque est qu'il se renforce encore dans cette quête spirituelle. Ce ne sera jamais lui qui nous fera accéder à une réalité qui le dépasse.
La réponse vient justement au moment où l'on abandonne notre quête, quand les questions avec leurs doutes cessent. Si l'on peut parler de quête, c'est seulement celle où l'ego se lasse et s'use peu à peu… Il s'agit d'être prêt, mais sans attendre. Ce n'est pas nous qui décidons du moment – qui nous ? Il n'y a rien à faire. Il suffit d'être pleinement présent à la vie. « L'éveil » viendra de lui-même, soyez-en sûr, car vous aurez habitué votre conscience à reconnaître la lumière, nature de votre pure conscience, lorsqu'elle se lèvera.

Q : Je comprends l'éveil intellectuellement, mais je n'arrive pas à lâcher prise, à devenir juste un espace d'accueil. J'ai eu des expériences de lumière, mais ça reste des expériences psychiques, résultats d'efforts dans ma pratique du yoga et de la méditation.

R : Il n'y a pas d'efforts à faire pour être ce que nous sommes de toute éternité.
L'effort est uniquement mental, et l'esprit ne pourra jamais découvrir ce qui est infiniment plus vaste que lui. La méditation est seulement utile pour observer le processus des pensées qui viennent et notre attachement à celles-ci. Il est naturel que les pensées surgissent, c'est une forme d'énergie, dont l'origine est pure. Le problème vient lorsque le moi s'en saisit et les retient pour se renforcer, se donner l'illusion qu'il existe. Nous devons arriver à les laisser s'en aller aussi facilement qu'elles ont surgi, sans effort particulier de notre part. Ainsi, l'espace de silence qui est notre véritable nature n'est plus encombré et nous sommes accueil. La paix est notre véritable essence, celle de la conscience. Il n'y a pas d'effort à faire pour y accéder.
La notion d'éveil ne concerne que l'ego. Dans la Réalité, il n'y a pas d'éveil.
Nous sommes de toute éternité au sein de la lumière, de l'énergie d'amour, tous ensemble.
Nous sommes cette énergie de vie, nous sommes la Vie. Personne ne sort du Tout.

Q : Si l'on peut tenter de s'éveiller à sa véritable nature, il n'en demeure pas moins que les tendances habituelles sont lourdes, que la personnalité même fait obstacle au courant de la vie. Les vicissitudes de l'existence, les relations humaines, les difficultés économiques, les vieux schémas de fonctionnement, que de découragement… La question est de savoir s'il y a d'autre chose à faire que d'être ce témoin qui observe en arrière. D'actualiser cela d'instant en instant, sans rien rechercher, sans rien espérer, cela mène t-il à l'éveil ?

R : Nous vivons dans deux dimensions à la fois, mais notre identification à notre corps, par l'intermédiaire de notre mental et de nos sens, ne nous fait percevoir que le monde relatif.
Nous avons, bien sûr, chacun notre destinée terrestre avec son lot de joies et de peines. La clé est de vivre en conscience cette destinée, avec ses vicissitudes, en creusant à chaque fois un peu plus en nous. Chaque expérience nous est proposée en fonction de ce que nous pouvons recevoir, toujours dans le sens d'un épanouissement de la conscience. Il n'y a pas d'autre chose à faire que d'observer à la façon d'un témoin, sans jugement, sans saisie ni rejet. Le témoin, c'est notre conscience profonde, celle qui n'est pas sans cesse conscience de quelque chose, mais qui est vide et immuable.
Cette vie en conscience nous permet d'ajuster notre comportement et nos actions à cette dimension que nous percevons de mieux en mieux, de modifier aussi notre environnement s'il ne nous semble plus adapté. Cela demande du courage, mais sur ce chemin exigeant, la faiblesse n'est pas admise.
La pratique qui est de regarder la vie d'instant en instant, de s'ajuster à son courant à chaque seconde, est la seule que je connaisse. Nous vivons ainsi en harmonie avec ce qui se présente, sans rien bloquer ni projeter, agissant seulement lorsque l'évènement ou la situation le demande, toujours en ayant conscience du témoin à l'arrière-plan. Nous voyons ainsi de mieux en mieux comme les choses arrivent d'elles-mêmes et se résolvent d'elles-mêmes, au sein de ce monde relatif, impermanent et interdépendant.
Cette destinée terrestre, loin de nous arrêter ou de nous égarer, doit être perçue comme le moyen de nous faire prendre conscience de la nature véritable de notre être. Nous devons être capable de voir la vie, non pas seulement dans sa dimension relative, mais aussi du point de vue de l'absolu. La vie est une. S'éveiller, c'est simplement s'en souvenir à nouveau.

Q : Je vois mes propres limites, mes manques, mes blocages, d'une manière accrue et que cela est difficile à accepter parfois !

R : Ne voyez pas vos limites, car c'est justement là l'obstacle. Les limites ne sont que mentales. C'est l'esprit qui observe l'esprit. Les formations mentales sont de l'énergie, pure à sa source. Regardez la source : c'est la conscience, l'intelligence de la vie à l'œuvre à travers nous. Laissez-vous couler dans ce flux, ce mouvement fluide. Allégez-vous, allégez votre environnement. Et vous vivrez dans la paix, la conscience ouverte.

Q : J'aurais tant voulu vous dire que tout va bien, que la vie coule paisiblement, dans l'harmonie. Je suis retombé dans les vieilles ornières, les vieux démons reviennent à la surface et la souffrance est au rendez-vous, aiguë et tenace. En fait, je pense avoir une décision importante à prendre, mais je n'arrive pas à choisir.

R : Essayez de suspendre les pensées désordonnées afin de percevoir à l'intérieur de vous l'espace silencieux et vide. Sans ce vide, l'intelligence de l'énergie ne peut œuvrer en nous, à travers les évènements de notre parcours. Le mental vient sans cesse mettre une distance et nous ne sommes plus en contact direct avec le flux de la vie. Il faut arriver à ressentir la spontanéité de l'instant, sa liberté et sa paix. Cet espace à l'intérieur de soi est le lieu où tout se déroule. Etre en accord avec le mouvement universel, c'est ne rien précipiter, ne rien anticiper, laisser l'énergie se déployer et s'y relier en conscience. Afin de ne pas bloquer mentalement cette énergie, il faut savoir mourir à chaque chose. La vie ne peut être qu'en se renouvelant. Vous devez intégrer ce mouvement, être prêt à mourir à chaque expérience proposée, à votre histoire personnelle. C'est notre désir de permanence qui nous fait tant souffrir. Notre esprit veut donner une continuité à toute chose. Vivre, c'est se tenir dans ce vide, si fécond. Il vous donnera tout. C'est aussi pouvoir supporter la nuit, la désolation qui nous sont parfois proposées.
Regardez simplement, sans motif, ce qui est, avec une attention qui vient de ce vide, et vous agirez spontanément, de la façon la plus juste possible. Votre action découlera de votre vision globale de la vie, et non d'un aspect de celle-ci (notre esprit fragmente tout). Tout sera alors clair. Vous ne vous interrogerez plus sur ce qui doit être fait ou non. La décision appropriée s'imposera d'elle-même. Elle ne découle jamais d'un choix. Nous choisissons lorsque notre esprit est confus. Ressentez le mouvement harmonieux de la vie qui vous porte et reliez-vous y en conscience.

Q : Peut-on changer sa vie radicalement ? Comment sortir de la lourdeur ?

R : En sortant du conditionnement mental. Le mental est « incompétent » pour apporter une vision globale de la vie. Il établit des séparations, porte des jugements. C'est cette dualité créée par lui qui nous fait considérer notre existence comme lourde, compliquée. Nous souffrons tant que nous restons dans sa réalité duelle. La vie, elle, est une ! Les graines d'épanouissement se trouvent dans le geste que nous considérons comme banal, dans la situation la plus anodine autant qu'au sein d'une expérience que nous prenons pour exceptionnelle. Ne cherchez surtout pas à changer votre vie, car c'est encore le mental, donc l'ego, qui mène le jeu dans ce vouloir. Sentez l'énergie qui circule librement à travers vous dés qu'il n'y a plus de blocages mentaux. Cette énergie est libre. Pour la laisser nous traverser, nous devons nous déconditionner de nos réflexes mentaux. C'est ce courant profond qui vous ouvrira une nouvelle dimension de la vie. Ajustez-vous à ce courant seconde après seconde. Vivez ainsi en harmonie avec ce qui se présente, même si c'est une peine, une maladie. Agissez seulement lorsque l'évènement ou la situation le demande. Tout prendra sens, car l'intelligence de l'énergie vous donnera ce qui est bon pour vous. Abandonnez-vous en confiance, c'est la seule « pratique » que je connaisse…

Q : Je n'arrive pas à me mettre dans l'état d'ouverture et d'abandon et à me relier à la source d'amour.

R : Se mettre en état d'ouverture, c'est être en accord total avec la réalité, sans laisser notre imagination mener le jeu, sans qu'un effort de volonté vienne s'interposer. Ainsi, l'ego s'efface peu à peu, libérant un espace où l'énergie de vie peut faire son œuvre. Les choses sont alors prises comme elles viennent, les êtres sont vus tels qu'ils sont : consciences semblables à la nôtre, qui cherchent, souvent douloureusement, la lumière.
La vision claire est l'amour. Voir ainsi rend libre, au-delà de tout ce qui peut se manifester. Peu importe nos conditions d'existence, notre entourage. On peut encore avoir du chagrin : on sait que c'est une énergie qui se manifeste et qui s'en ira, sans laisser de traces car nous ne l'aurons pas saisie mentalement.
L'amour est la Réalité, notre réalité, la substance de la vie. Nous vivons la plupart du temps séparés mentalement de la vie, de ce flux d'énergie ininterrompu. Nous sommes rarement ajustés à son courant. Vivre, ce n'est pas autre chose que se sentir au cœur de ce flot et couler avec lui, s'effaçant par amour, rentrant sans cesse en soi-même tout en s'étendant vers l'extérieur. Retrait – expansion sont les deux mouvements de la vie.
Nous sommes naturellement reliés à la Source. Il n'y a rien de particulier à faire, pas de méditations, ni de pratiques à effectuer. Pas de maîtres : comment enseigner la Vie ?
Nous nous abandonnons lorsque nous laissons l'énergie de vie se vivre à travers nous.
Vivons, simplement, en pleine conscience. Et l'ouverture, l'abandon seront notre présent continu.


dimanche 5 septembre 2010

Yolande






Extrait de l'interview radio de Yolande et Laurence Vidal
Le 3 septembre à la radio suisse RSR 


Discussion autour de leur livre "Le Silence guérit".

Possibilité de télécharger l'émission "Devine qui vient dîner" - 50mns - (pendant 1 mois)






mercredi 1 septembre 2010

Tony Parsons en écoutant Pat Metheny





Je vois que je suis cela qui regarde

Dialogue avec Tony Parsons


Qu'est-ce que vous diriez à propos du choix?

Quand l'éveil se produit, il est clair qu'il n'y a jamais eu personne pour l'atteindre. Il est également reconnu que tout au long de la vie apparemment "menée" auparavant, il n'y a jamais eu "quelqu'un qui choisissait" ou "quelqu'un qui faisait" quoi que ce soit. Tout ce qui est arrivé, du plus infime pet de lapin à ce qui paraissait être la décision la plus capitale, n'aurait jamais pu être autre en quelque façon que ce soit.

Il n’y a donc ni bien ni mal à faire quoi que ce soit ?

Il n'est plus question de bien ou de mal. Ce qui est vu, c'est que l'apparente entité séparée n'est qu'un personnage rêvé dans un roman, et vécu par l'énergie divine, qui est tout ce qui est. Cette apparente entité séparée semble posséder certaines prédispositions et caractéristiques, et ses choix apparents sont induits par le conditionnement et l'histoire de ce personnage entièrement vécu par le souffle de la vie.

Alors qu'en est-il du libre arbitre?

Il n'est aucunement question de l'existence d'un libre arbitre, simplement parce pour commencer il n'y a personne là pour posséder une volonté ou exercer un choix quelconque. Demandez-vous d'où proviennent les pensées et, si vous êtes vigilant, au bout d'un certain temps, vous vous apercevrez qu'elles ne sont pas vôtres. Elles émergent, apparemment de nulle part, se produisent, durent un moment et ensuite s'estompent pour disparaître complètement. Vous n'êtes pour rien dans leur origine.

Je pourrais donc aussi bien rester ici à ne rien faire.

En fait, c'est encore un autre choix apparent. Vous ne pouvez vous empêcher de respirer et vous ne pourrez rien faire contre le fait à un moment donné de vous lever et de sortir de cette pièce. Tout est simplement en train de se produire constamment à travers vous. Un formidable soulagement se fait jour dès que cette réalisation est acceptée ; toute culpabilité tombe, il n'y a plus de regrets, et ce qui est vu, c'est que vous avez été amené à vous asseoir ici pour entendre précisément cela. Se débattre et lutter sans trêve peut enfin cesser et l'effort déployé pour faire " fonctionner" sa vie perd d'un coup tout attrait. Se détendre et permettre à la vie de s'écouler à son propre rythme ouvre vers une autre possibilité.

Mais comment est-ce que je paye mes hypothèques ?

Cela n'a pas besoin d'être un problème. La manière dont le corps/mental fonctionne se poursuit tout simplement. Rien ne change apparemment, mais tout est transformé. De la créativité spontanée, dénuée de peur, peut surgir une profonde harmonie avec le quotidien. Mais cela doit toujours être une considération secondaire et n'est jamais garanti.

Mais comment savoir ce qui est bon ou mauvais pour moi et ceux que j'aime ?

Vous ne le saurez pas et d'ailleurs ne l'avez jamais su. Soyez ouverts à l'idée de vivre le reste de votre vie dans le chaos, abandonnez-vous au fait de n'avoir plus à connaître quoi que ce soit. C'est merveilleux.

Vous ne pouvez suivre que ce qui vous semble évident. Votre travail, vos relations, etc., tout cela a une certaine caractéristique, engendrée à travers vous par la conscience. Le déroulement de votre vie s'est produit exactement comme il le fallait - totalement adéquat d'un bout à l'autre. Cela va continuer et rien de ce que vous ferez ne sera ni bien ni mal, ce sera simplement" ce qui est". Alors, détendez-vous donc et laissez tout cela se produire, parce que de toute façon cela va arriver. Le soulagement, c'est d'abandonner cette apparente voix intérieure, qui vous dicte comment vous devriez être ou agir. Laissez-la tomber tout de suite, ici même. C'est un leurre qui rie fait qu'obstruer le chemin.

En ce qui concerne ceux que vous aimez, vous ne pouvez vivre qu'au travers de ce que vous comprenez. Vous n'avez aucune responsabilité d'aucune sorte pour qui que ce soit ni quoi que ce soit. Il n'y a personne là, et il n'y a jamais eu personne là qui puisse prendre une responsabilité quelconque.

Etes-vous en train de dire que nous n'avons de responsabilité pour rien ?

Qu'est-ce que vous en pensez?

Je crois avoir participé à la création de ma fille et par conséquent devoir l'aider à vivre dans le monde du mieux qu'elle le peut.

C'est probablement tout ce que vous pouvez faire pour le moment, mais comment avez-vous participé à sa création ?

J'ai aimé sa mère et c'est ma semence qui s'est réunie à son ovule pour commencer tout cela.

Qui a choisi de faire l'amour à la mère?

C'est moi, bien que cela ait été probablement mutuel en ces temps-là. (rires).

D'où la pensée de lui faire l'amour est-elle venue ?

C'était plutôt comme une envie irrésistible.

Qu'est-ce qui a instigué en vous cette envie?

Quand j'y pense maintenant, ça m'a semblé, et cela me semble encore, émerger de nulle part en particulier.

Suggérons alors, si vous le permettez, que la conception s'est produite totalement en dehors de votre volonté - cela c'est simplement produit.

Peut-être, c'est possible.

Donc où était, où est, ce désir que vous avez remarqué au début?

Une sorte de vibration commence dans mon corps, suivie par la pensée " j'aimerais faire l'amour ".

Et quelle en est l'origine?

Je ne sais pas vraiment.

Alors qui la reçoit et en prend la responsabilité?

C'est moi.

Quelle partie de vous-même?

Eh bien, mon corps et ensuite ma pensée.

Et laquelle de ces choses-là est vous-même?

C'est un amalgame de ces deux choses.

Donc vous êtes un mélange de différentes pulsions et pensées ?

Ça me paraît être ça.

Et de quoi êtes-vous conscient tout de suite?

D'une excitation joyeuse.

Êtes-vous cette excitation? (longue pause)

Non, c’est bon, j'ai compris à présent.

Compris quoi ?

Je vois que je suis cela qui regarde cette excitation se produire.