Jiddu Krishnamurti
1895-1986
1895-1986
- L'éducation conventionnelle ne nous permet d'atteindre que très difficilement à une pensée indépendante. La conformité mène à la médiocrité.
- [...] toute réforme engendre la nécessité de nouvelles réformes.
- Tant que l'éducation ne cultivera pas une vie intégrale de la vie, elle n'aura donc que peu de valeur.
- Tenter de résoudre les nombreux problèmes de l'existence à leurs niveaux respectifs, isolés tels qu'ils sont dans leurs catégories, indique un manque complet de compréhension.
- L'instruction ne doit pas être un simple entraînement de l'esprit. Entraîner l'esprit c'est le rendre efficient, ce n'est pas le mener à la plénitude.
- Comprendre la vie c'est nous comprendre nous-mêmes, et voilà le commencement et la fin de l'éducation.
- L'intelligence est la capacité de percevoir l'essentiel, le « ce qui est ». Éveiller cette capacité en soi-même et chez les autres, c'est cela l'éducation.
- L'éducation devrait éveiller la capacité de se percevoir soi-même et non une complaisance pour l'expression de la personnalité.
- [...] un savoir-faire ne peut jamais engendrer une compréhension créatrice.
L'éducation, de nos jours, est une faillite complète parce qu'elle accorde la primauté à la technique. En lui accordant cette importance excessive, nous détruisons l'homme. Cultiver la capacité et l'efficience sans comprendre la vie, sans avoir une perception compréhensive des démarches de la pensée et des désirs, c'est développer notre brutalité, provoquer les guerres, et, en fin de compte, mettre en péril notre sécurité physique.
- L'homme qui sait faire éclater l'atome mais qui n'a pas d'amour en son coeur devient un monstre.
- L'éducation doit aider l'individu à mûrir librement, à s'épanouir en amour et en humanité.
- C'est parce que nous sommes si desséchés nous-mêmes, si vides et sans amour que nous avons permis aux gouvernements et aux systèmes de s'emparer de l'éducation de nos enfants et de la direction de nos vies ; mais les gouvernements veulent des techniciens efficients, non des êtres humains, car des êtres vraiment humains deviennent dangereux pour les États et pour les religions organisées. Voilà pourquoi les gouvernements et les Églises cherchent à contrôler l'éducation.
- L'éducation dans le vrai sens de ce mot consiste à comprendre l'enfant tel qu'il est, sans lui imposer l'image de ce que nous pensons qu'il devrait être.
- Ce n'est que dans la liberté individuelle que l'amour et l'humain peuvent fleurir ; et seule une éducation basée sur la connaissance de soi peut offrir cette liberté.
- La discipline est un moyen facile d'avoir l'enfant en main, mais elle ne l'aide pas à comprendre les problèmes que pose la vie. Une certaine forme de contrainte, une discipline comportant des punitions et de récompenses peuvent être nécessaires pour maintenir l'ordre et une tranquillité apparente, lorsqu'un grand nombre d'élèves se trouvent entassés dans une classe ; mais un bon éducateur, n'ayant à s'occuper que d'un petit nombre d'élèves, aurait-il besoin d'un régime d'oppression, poliment intitulé discipline ? Si les classes sont peu nombreuses et que le maître peut accorder toute son attention à chaque enfant, l'observer et l'aider, la contrainte ou la domination ne sont évidemment nécessaires sous aucune forme.
- C'est l'intelligence qui engendre l'ordre, non la discipline.
- Le but de l'éducation est d'établir des rapports intelligents, non seulement entre un individu et l'autre, mais aussi entre l'individu et la société en général ; et c'est pourquoi il est essentiel que l'éducation, d'abord et surtout, aide à la fois le maître et l'élève à comprendre leurs propres processus psychologiques.
- Dès l'instant que nous écartons l'idée d'autorité, nous nous trouvons associés les uns aux autres, et alors la coopération et l'affection mutuelle deviennent possibles.
- Le véritable problème de l'éducation est l'éducateur.
- Pour comprendre le sens de la vie, de ses conflits et de ses douleurs, il nous faut penser indépendamment de toute autorité, y compris celle des religions organisées.
- La vraie religion est pourtant la culture de la liberté dans la recherche de la vérité.
- La plupart des enfants sont curieux de nature ; ils veulent savoir ; mais leurs questions pressantes sont étouffées par nos assertions pompeuses, notre impatiente supériorité, notre façon négligente de faire taire leur curiosité. Nous n'encourageons pas leur désir de nous interroger, souvent nous redoutons leurs questions ; nous n'alimentons pas leur inquiétude, car nous avons nous-mêmes cessé d'explorer.
- Se mettre à la remorque d'une personnalité, quelque forte qu'elle soit, ou se laisser attirer par une idéologie, ce ne sont pas là les moyens de créer un monde paisible.
- Tant que nous prendrons le succès pour but, nous ne serons pas affranchis de la peur, car le désir de réussir engendre inévitablement la crainte d'échouer. Voilà pourquoi l'on ne devrait pas enseigner aux jeunes le culte du succès. La plupart des personnes recherchent le succès sous une forme ou une autre, que ce soit sur un court de tennis, dans le monde des affaires, ou en politique. Nous voulons tous être parmi les premiers, et ce désir ne cesse d'engendrer des conflits en nous-mêmes, ainsi qu'entre nous et nos voisins. Il mène à la compétition, à l'envie, à l'animosité et finalement à la guerre.
- La maturité n'est pas une question d'âge : elle vient avec la compréhension.
- Instruire un enfant, c'est l'aider à comprendre la liberté et l'intégration. Pour qu'existe la liberté, il faut de l'ordre, l'ordre que seule la vertu peut réaliser. Quant à l'intégration, elle ne peut se produire que dans l'extrême simplicité. En partant de nos innombrables complexités, nous devons grandir vers la simplicité. Nous devons devenir simples dans notre vie intérieure et dans nos besoins extérieurs.
- Instruire dans le vrai sens du mot, c'est aider l'étudiant à comprendre son propre processus, dans sa totalité. Car ce n'est que l'intégration de l'esprit et du coeur dans l'action quotidienne qui suscite l'intelligence et une transformation intérieure.
- Nous devons commencer à comprendre nos relations avec nos semblables, avec la nature, avec les idées et les objets, car, sans cette compréhension, il n'y a pas d'espoir, il n'y a pas d'issue aux conflits et aux misères.
- Si peu d'entre nous savent aimer ! Par contre, nous sommes très absorbés par les apparences de l'amour.
- Ce dont nous devons nous rendre compte c'est que nous ne sommes pas seulement conditionnés par le milieu : nous « sommes » le milieu ; nous ne sommes pas une chose différente de lui. Nos pensées et nos réactions sont conditionnées par les valeurs que la société, dont nous sommes partie intégrante, nous a imposées.
- Le sage n'use pas d'autorité et l'homme qui a de l'autorité n'est pas un sage. La peur sous n'importe quelle forme nous empêche de nous comprendre nous-mêmes et de comprendre nos relations avec le monde.
Suivre une autorité c'est rejeter l'intelligence. Accepter une autorité c'est se soumettre à la domination ; c'est se laisser subjuguer par un individu, un groupe ou une idéologie religieuse ou politique. Et cette sujétion est un déni à soi-même, non seulement d'intelligence mais aussi de liberté.
- Il faut de l'amour avant qu'il n'y ait l'expression de l'amour.
- Avoir un esprit ouvert est plus important qu'apprendre ; et nous pouvons ouvrir notre esprit, non en le bourrant de connaissances, mais en étant conscients de nos pensées et de nos sentiments, en nous examinant attentivement nous-mêmes, en percevant les influences qui nous entourent, en écoutant les autres, en observant les riches et les pauvres, les puissants et les humbles. La sagesse n'est pas le fruit de la peur et de l'oppression ; elle surgit lorsqu'on observe et comprend les incidents quotidiens, dans les relations humaines.
- Les leaders et leurs autorités sont facteurs de détérioration dans n'importe quelle culture. Suivre quelqu'un c'est n'avoir pas de compréhension ; il n'y a là que crainte et conformité, lesquelles aboutissent à la cruauté des États totalitaires et au dogmatisme des Églises.
Extraits de (De l'Éducation, trad. Carlo Suarès , p.65, Delachaux et Niestlé, 1965)
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