mardi 17 avril 2012

Francis Lucille




Soyez présent sans intention

Pourquoi certaines expériences, telles les sensations corporelles, sont-elles conceptualisées en tant que « moi » et d’autres, telle la perception du monde, en tantque « non moi » ?
Simplement, parce que nous choisissons de nommer certaines expériences « moi » et d’autres « non moi ». Nous faisons une distinction artificielle, en raison d’une habitude apprise. Si nous étions né dans une civilisation dans laquelle on appelle le soleil levant « mon soleil », nous le considérerions comme « notre » soleil. Les deux perceptions, celle du soleil levant et celle que nous dénommons « mon corps », apparaissent au sein de nous-même. Aucune ne peut être considérée comme plus « nous » ou moins « nous » que l’autre.

[...] Faisons une comparaison avec notre voiture. Quand nous conduisons, nous percevons notre voiture de l’intérieur, alors que nous voyons tous les autres véhicules de l’extérieur. Bien qu’une relation spécifique semble nous relier avec celle-ci, cela

n’implique pas que nous sommes notre voiture. C’est la même chose avec notre corps.
Nous sommes la conscience dans laquelle notre propre corps-esprit et tous les autres corps-esprits apparaissent. .
La croyance selon laquelle nous sommes dans notre corps n’est qu’une interprétation de notre expérience véritable. C’est également une interprétation de penser que nous entretenons une relation plus intime avec certaines sensations qu’avec d’autres, ou de penser que certaines sensations se situent à l’intérieur et d’autres à l’extérieur. Il est simplement nécessaire que nous voyons cela pour ce que c’est : une interprétation.
Une telle interprétation peut s’avérer appropriée dans certaines situations. Si c’est le cas, nous l’adoptons. Cependant, soyons vigilant à ne pas nous attacher à cette interprétation, à ne pas nous laisser hypnotiser par elle au point de penser que c’est une représentation de la façon dont les choses se passent réellement.
Lorsque c’est nécessaire, j’utilise comme vous un système d’interprétation. Mais pourquoi ne pas utiliser également l’absence d’interprétation quand celles-ci ne sont pas exigées par les circonstances. Dans le doute, n’interprétez pas. Ce qu’une chose paraît être n’est pas nécessairement ce qu’elle est. Ce que nous dénommons « mon corps » est une interprétation. Quand nous nous identifions à cette interprétation, nous nous ressentons séparé. En l’absence de toute interprétation, nous découvrons que notre corps est conscience.
Notre corps réel contient l’esprit et l’univers entier. C’est le corps que nous avons toujours eu, et celui dans lequel tous les corps, grossiers et subtils, viennent à exister. Nous ne nous intéressons pas ici à la façon dont les choses semblent être, mais à ce qu’elles sont réellement. Il est important d’être attentif à distinguer les faits de leur interprétation. Ne confondez jamais une interprétation avec un fait.
Il est dangereux d’utiliser un système de pensée comme un outil pour appréhender un domaine dans lequel il n’est pas approprié. Par exemple, l’interprétation matérialiste de notre expérience s’avère indiquée dans notre relation au monde physique. Mais elle n’est pas efficace pour saisir notre relation à la joie, à l’amour ou à la beauté car elle n’est pas l’outil approprié 


Francis Lucille
 
 

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