samedi 16 octobre 2010

Maître Eckhart en écoutant Tui Amoris Ignem




Si, dans le silence, ta prière se résume au seul mot de MERCI, elle sera amplement suffisante.
" Heureux sont les pauvres en esprit "
* " Heureux sont les pauvres en esprit ". Soyez, je vous prie, de tels pauvres, afin de comprendre ce sermon, car je vous le dis au nom de la Vérité éternelle : si vous ne pouvez atteindre à cette Vérité, vous ne pourrez pas me comprendre. D’aucuns m’on interrogé sur ce qu’est la pauvreté en soi et ce qu’il faut entendre par homme pauvre. Je vais répondre à leur question. L’évêque Albert (le Grand, son maître) dit : " Celui-là est un homme pauvre qui ne trouve aucune satisfaction dans les choses que Dieu a créées ", ce qui est bien dit. Nous allons encore plus loin et situons la pauvreté à un niveau plus élevé. Est un homme pauvre celui qui ne veut rien, ne sait rien et ne possède rien… Je vous prie, par amour de Dieu, d’essayer de comprendre cette Vérité si cela vous est possible. Mais si vous ne la comprenez pas, n’en soyez pas troublés, car je parlerai d’un aspect de la Vérité que très peu de gens, même vertueux, sont en mesure de comprendre. Est pauvre celui qui ne veut rien. Bien des gens ne comprennent pas exactement cette notion. Ce sont ceux qui s’adonnent à des pénitences et à des pratiques extérieures, performances que ces gens tiennent néanmoins pour considérables alors qu’ils ne font que se cramponner à leur propre individualité… Je dis que ce sont des ânes, n’ayant rien saisi de la divine Vérité. Leurs bonnes intentions leur vaudront sans doute le Royaume des Cieux, mais ils ne connaissent rien de la pauvreté dont je vais à présent vous parler…

52e sermon, traduit du vieil allemand par Jean Klein 
* Pour posséder la véritable pauvreté, l’homme doit se dépouiller de sa volonté personnelle, fabriquée, pour devenir tel qu’il était lorsqu’il n’était pas né. Je vous le dis par la Vérité éternelle, aussi longtemps que vous avec encore la volonté d’accomplir celle de Dieu et avez encore soif de l’éternité et de Dieu, tant que subsistent ces choses, vous ne serez pas véritablement pauvres en esprit. Celui-là seul es pauvre qui ne veut rien et ne désire rien… L’homme doit donc être totalement dégagé de toute connaissance propre, comme lorsqu’il n’était pas encore né, laissant Dieu agir selon son Vouloir et demeurant libre… Il y a dans l’âme un tréfonds (grunt) d’ou découlent et la connaissance et l’amour. Ce tréfonds est sans rapport avec la connaissance et l’amour comme le sont les puissances de l’amour. Ce tréfonds n’a ni futur, ni passé et rien ne peut lui être ajouté, car il est inaccessible au gain comme à la perte. Celui qui est pauvre en esprit doit être pauvre dans tout ce qu’il sait, de sorte qu’il ne sache absolument rien, ni de Dieu, ni de la créature, ni de lui-même…
Il n’y a vraiment de pauvreté en esprit que lorsque l’homme est libre de Dieu et de toute son œuvre au point que, voulant agir dans l’âme, Dieu devrait être lui-même le lieu de son activité…Nous disons donc que l’homme doit être pauvre au point qu’il soit, ni ne possède en lui, un lieu où Dieu puisse agir… Pour cette raison, je prie Dieu qu’il me rende quitte de Dieu, car mon être essentiel est au-dessus de Dieu, dans la mesure où nous considérons Dieu comme créateur… C’est pourquoi je suis non-né, et en vertu de ma non-naissance, j’échappe à la mort. Par suite de mon mode de naissance éternelle, j’ai été éternellement, je suis maintenant et subsisterai éternellement. Ce que je suis dans mon état né, mourra et s'anéantira, étant voué à disparaître, à se décomposer avec le temps. Mais dans ma naissance éternelle, toutes choses sont nées, et ainsi je suis cause de moi-même et de toutes choses… Que Dieu soit Dieu, de cela je suis la cause. Si je n’étais pas, Dieu ne serait pas… Je suis ce que j’étais, ce que je demeurerai, maintenant et pour toujours. Dans cette percée m’est donné que Dieu et moi sommes Un. 

l'amour
* Tant que tu veux plus de bien à ta propre personne qu'à un homme que tu n'as jamais vu, tu n'as jamais plongé tes regards dans le fond absolument simple. 

l'indicible
* Il y a quelque chose dans l’âme qui est connu de Dieu seul et cela est sans nom.

la coquille
* L’écale doit être éclatée et alors ce qui est à l’intérieur sortira; car si vous voulez l’amande, il faut briser la noix.

l'amour, c'est dieu 
* L’amour à son niveau le plus pur et le plus désintéressé n’est rien d’autre que Dieu.

vous êtes dieu
* Laissez Dieu être Dieu en vous.
Videz-vous de votre ego et de toutes choses et de tout ce que vous êtes en vous-même et considérez ce que vous êtes en Dieu, c’est cela le vrai vous.

le non-être 
* Vous devez voir Dieu comme il est – un non-Dieu, un non-mental, une non-personne, une non-image – séparé de toute dualité.

l'inutilité de la raison 
* Accomplissez toutes vos actions sans une raison. La vie se vit pour elle-même et pour aucune autre raison… L’amour n’a pas de pourquoi.

les limites de la raison
* Votre raison ne peut croître au point que vous puissiez connaître Dieu. Si vous voulez le connaître de la façon divine, votre connaissance doit devenir pur ignorance et oubli de vous-mêmes et des créatures.

la naissance 
* Quand vous arrivez à un point où vous ne pouvez sentir la douleur ou l’anxiété au sujet de rien, et où la peine n’est plus la peine pour vous, et où toutes choses sont une espèce de pure paix pour vous, alors il y a vraiment naissance.

l'universalité de l'être
* Mes sens existent en commun avec les animaux, et ma vie en commun avec les arbres. Mon être qui est plus intérieur existe en commun avec toutes les créatures. 

se libérer de l'ego
*
Si tu pouvais t'anéantir toi-même, ne fut-ce qu'un instant, alors tout t'appartiendrait en propre qui réside dans ce mystère incréé du dedans de toi-même.


2 commentaires:

Patrice a dit…

Sublime, comme l'a été le texte d'Angelus Silesius (et les chants de Taizé).
Merci pour ces doux moments.

Jean-Marc a dit…

Merci